Posté en tant qu’invité par Castor facétieux:
C’est l’histoire, vraie, d’un sportif qui avait revétu un petit collant très seyant pour se livrer à ses gesticulations favorites, maladroitement perché sur des skis de fond.
Ce collant, comme le cuissard de certains cyclistes, flattait à l’excès l’anatomie du sportif tout en la protégeant efficacement des frimas qui auraient pu compromettre la bonne santé de sa descendance.
Notre gesticulant arpenteur de solitudes glacées, au paquet harmonieusement moulé, ne savait que faire de son téléphone portable car ses mimines étaient mobilisées par de disgracieuses cannes qu’il jugeait opportun d’agiter en cadence comme il l’avait vu faire par d’aériens professionnels de la glisse et de la coquille avantageuse.
Imitant prestement le kangourou moyen, notre amateur de téléphonie neigeuse, glisse sa prothèse télécommunicante dans son collant douillet, la coque lisse de l’appareil épousant la forme alanguie de l’objet de sa fierté.
Ainsi vétu et équipé, et rassuré d’être, par la magie de la technique, l’ingéniosité de son esprit inventif et l’élasticité complice de son caleçon, raccordé au monde entier, il se livre alors avec délices, sur ses skis, à l’agitation plus ou moins rythmée et gracieuse dont il espère sans illusion un gain de capacité respiratoire inversement proportionnel à la diminution d’un tour de taille légendairement scandaleux.
Bien évidemment, l’innoportun morceau de bakélite ne tarda pas à se manifester, rappelant à ce méritant agitateur de lipides que le monde continuait sa ronde affolante.
La technique ayant offert à notre glissant vertébré le choix entre la sonnerie et la vibration de l’hystérique fragment de plastique, il avait opté pour la seconde possibilité, refusant de troubler par de discordantes stridences, le sommeil de l’ours débonnaire, la sieste de l’autochtone rotant un triangle de reblochon, et les jeux sexuels étonnants de trois lagopèdes copocléphiles.
Donc, le téléphone vibra. Il vibra contre le paquet, il vibra dans le collant, il vibra dans la montagne, et l’excité des pistes qui s’évertuait auparavant, ahanant et soufflant, se figea dans une pose extatique et exhala dans un râle : « c’est bon …!!.. ».
Il ne décrocha surtout pas, et, l’intempestif correspondant insistant fort longtemps, on retrouva notre skieur téléphonique gelé à coeur, mais le visage inondé d’un sourire extasié…
Ah, ces merveilleux contes de nos régions…!!! Merci, l’oncle Paul !!