Que pensez des moyens et des soignants hyperpointus mis à la disposition des pratiquants des sports de montagne, tant dans la prévention que dans le sauvetage, notamment dans les grands trails? Cette hypersécurisation sert-elle les pratiquants? En leur livrant -clés en mains- une assurance tout risque, ne permet-elle pas « aux organisateurs » et aux « politiques » de se couvrir? Et ne fausse-t-elle pas, pour les coureurs (je pourrais écrire : pour les randonneurs, les grimpeurs ou les alpinistes), l’appréhension du risque inhérent à ce milieu. Médecin, je m’interroge et les avis m’intéressent. Merci
Médecine d'assistance et sport de montagnes
Bonjour,
Oui, il est très probable que le sentiment de sécurité par le développement des secours et de la médecine incite en particulier les jeunes à prendre plus de risques.
Le même phénomène se voit pour la sécurité routière, une enquête récente a montré que les jeunes respectent très fortement le port de la ceinture de sécurité, mais se permettent de faire des excès de vitesse et d’utiliser leur smartphone en conduisant. Résultat, ils ont beaucoup d’accidents, et la ceinture ne sauve que certains d’entre eux, pas tous, loin de là.
C’est un peu pareil pour l’attitude face aux vaccins : beaucoup ont l’impression qu’ils n’ont plus besoin de se vacciner, puisque la médecine pourra les guérir en cas de maladie. Alors qu’il faudrait se rendre compte que la médecine n’a presque pas fait de progrès pour les soins, la mortalité une fois qu’on a attrapé une maladie est quasiment la même qu’il y a un siècle, il y a simplement beaucoup moins de malades justement grâce aux vaccins qui empêchent d’attraper les maladies.
Résultat, là aussi il y a des morts qu’on pourrait éviter.
Certains ont élaboré une théorie :
homéostasie du risque
En résumé, chaque individu accepterait un certain niveau de risque, et donc plus il disposerait de systèmes de sécurité, plus il prendrait de risques.
Et souvent, l’individu perçoit mal le gain réel que lui apporte la « sécurité », il peut être amené à prendre trop de risques.
Bernard
Aesclepios.
Merci de votre réponse, notamment la notion de l"homéostasie du risque.
Mais je ne savais pas que le sujet serait développé de façon très argumentée dans le dernier numéro de « Montagnes Magazine » particulièrement dans un article de Mr Pierre-Maxime Sarron professeur de droit public à la fac de Grenoble et intitulé :« Accès réglementé au Mont Blanc: une pente glissante ». Quelle réglementation veux-t-on? Je cite: « Soit l’accès à la montagne est libre, et l’ascensionniste se responsabilise personnellement face à sa prise de risque (vision assurantielle), soit l’ascensionniste souhaite des secours gratuits,auquel cas, il devra se soumettre au choix du collectif. Qui paye, décide… La liberté s’accommode mal de compromission. »
( Prix moyen de la prise en charge, par l’Etat, d’un accident de Montagne : 8600 euros!). A suivre donc.