Posté en tant qu’invité par Bibi:
Laure,
Pas tout à fait d’accord avec ce que disent les médecins (qui bien souvent se permettent de donner des conseils alors qu’ils n’ont jamais mis les pieds en altitude).
Tout d’abord parce qu’il y a des personnes, dont je fais partie, qui sont allergiques au Diamox… celui-ci ne constitue donc pas le remède universel !
En ce qui concerne les courses dans les Alpes, celles-ci se font généralement sur un WE et on ne reste donc jamais plus que quelques heures au-dessus de 3800m. Comme le fait de redescendre dans la vallée permet à l’organisme de retrouver un fonctionnement « normal » le risque de d’oedème cérébral est extrêmement faible et il n’y a donc pas de mal à s’aider un peu avec un médicament si cela peut te permettre d’aller au sommet dans de bonnes conditions.
En ce qui concerne les expés sur des sommets plus élevés (Andes, Himalaya,…) le problème est très différent. Non seulement on est plus haut, mais on y reste généralement plus longtemps (plusieurs jours, voire semaines). Là, il faut effectivement être extrêmement vigilant et bien se connaître soi-même. Si tu es sensible à l’altitude, tu auras sûrement des nausées ou des maux de tête les premiers jours… c’est normal et là aussi on peut prendre de l’aspirine (ou du paracétamol) pour les maux de tête ou du Primpéran pour les nausées pour s’aider à passer le cap. Mais attention, il ne s’agit pas de se gaver systématiquement de médicaments et il faut continuellement analyser l’évolution de la situation: si ces symptômes ne dimimuent pas sous l’effet des médicaments, s’ils s’aggravent, ou s’il n’y aucun signe notable d’mélioration au bout de 24h, alors là, je suis d’accord il faut descendre très vite, ou traiter à l’oxygène.
Je terminerai en disant que si l’on se trouve au sein d’un groupe, la solidarité joue un rôle très important. Je veux dire par là que si chacun est attentif à l’état des autres, on évite déjà beaucoup de problèmes. Il faut aussi que ceux qui ont la chance de ne pas avoir de problèmes d’acclimatation acceptent que les autres soient moins performants pendant les premiers jours. Souvent quelqu’un qui n’est pas en forme, n’ose pas le montrer (ça c’est vraiment dangereux)… donc il est important d’aller vers chacun et s’assurer que tout va bien. C’est généralement le rôle du responsable ou du guide, s’il y en a un. Et surtout, ne jamais laisser une personne qui ne se sent pas très bien coucher seule sous une tente… car les oedèmes se déclarent très souvent pendant la nuit (la position horizontale n’arrange rien). Je connais malheureusement plusieurs cas où le lendemain les autres ont ouvert la tente… mais trop tard !
Si je me permets de dire tout cela c’est parce que:
- Je suis systématiquement malade (maux de tête et nausées) à chaque fois que je monte à plus de 5000m (et quand j’ai commencé la montagne c’était à partir de 3800m)
- Je suis quand même montée au moins 15 fois à plus de 6000m (et parfois beaucoup plus haut) durant ces 20 dernières années.
Je crois donc avoir une certaine expérience du problème…
Bonnes courses à tous.
[%sig%]