Posté en tant qu’invité par Marcel Demont:
Après avoir entendu l’appel de la montagne, également nommé appel de l’Areu bleu,
vous est-il arrivé d’entendre l’appel de l’Areu gris, dit : mal des rimayes ?
« Tu vas tomber, mourir gelé au fond d’une crevasse ou étouffé sous une avalanche, être écrasé par des chutes de pierres ou par l’éboulement de séracs, perdre ta vie dans une tempête. Renonce. Redescends. En bas, en plaine, il fait bon, il fait doux, il y a des fleurs, des terrasses ombragées, tous les bonheurs de l’esprit et du corps. »
Tel est le contenu de l’appel lancé par l’Areu gris à l’alpiniste fatigué cherchant un sommeil réparateur qui le fuit, parfois, la nuit, en cabane, au bivouac, ou sous la tente.
Lorsque vient le moment de se lever, au cœur de cette nuit troublée, celui qui a entendu l’appel du l’Areu gris souffre de maux divers, de tête, d’estomac, de dents, de dos, de genou. Si courageusement il s’entête, rapidement il découvre que jamais jusqu’alors les montagnes n’ont été si hautes, les parois si redressées, l’air si rare, la rimaye si large, le vent si froid, la surface de la neige si cassante, les prises si petites, le vide se creusant sous ses pieds si profond.
Les conditions sont mauvaises, se dit-il alors, c’est trop dangereux, je reviendrai.
Victime du mal de l’âme sournoisement transmis par le redouté Areu gris, l’alpiniste renonce.
Quelques heures après, et beaucoup plus bas, alors que le soleil réchauffe de ses rayons le grimpeur défaillant, oubliant l’Areu gris, l’ascensionniste entend à nouveau, très distinctement, l’appel de l’Areu bleu.
Ainsi s’écoule toute la vie de l’alpiniste, partagé entre les appels de l’Areu bleu et ceux de l’Areu gris.
L’Areu gris ? Connais pas ! Bravo.
L’Areu gris ? Parfois ! Racontez. Merci.
[%sig%]