L'ouest du Tien-Shan - présentation générale extension Kirghizstan-Ouzbekistan-Kazahkstan

Bonjour ci après des information tirées de l’ouvrage : « Zapadniy Tien-Shan, Physcultura et Sport, V.N. Popov, Moskva 1978 » dont les informations seront intégrées dans des chapitres supplémentaire au guide sur l’alpinisme et de la randonnée au Kirghizstan" avec les extensions sur l’Ouzbekistan et le Kazahkstan

Soyez indulgent avec les fautes d’orthographe, le texte est brut, tout fraichement traduit et demande à être amplement corrigé. Binetôt la description de quelques randonnées dans le massif de Chatkal (essentiellement en Kirghizie), l’un des plus beaux massifs de ce secteur du Tien-Shan, des plus riches en variétés de géologique, de natures et de faunes. Avec le célèbre lac de Sary-Chelek (mentionné dans le Lonely Planet).

Description générale de la région Ouest des Monts du Tien-Shan

Cartes 50 000 ème: k42-057-4, k42-057-3 à 4, k42-069-2 et 4, k42-057-4, k42-070-1 à 3, k42-071-1 à 4; 100 000 ème: k42-058 à k42-060, k42-069 à k42-072, k42-080 à k42-084, k42-093 à k42-095, k42-105 à k42-107; 200 000 ème : k42-17,18,22,23,24,29; 500 000ème : k42-2 et k42-4; 1 000 000ème : k42

L’Ouest des Monts du Tien-Shan comprend des sous-chaînes réparties sur le territoire actuel du Kirghizstan, de l’Ouzbekistan et du Kazakhstan. Ce sont les sous-chaînes principales de l’Ala-Too du Talas, le Pskem, le Sandalash, le Maydantal, le Chatkal et l’Ugam. À son tour, la chaîne du Chatkal se sépare en deux groupes : le Kumbel-Kuramin et le Sargardon, et de la chaîne du Pskem se sépare le groupe du Koksuy et du groupe de l’Ugam, les monts du Korzhantau.

Le schéma orographique de l’Ala-Too du Talas sépare principalement les bassins de deux importantes rivières : le Talas au nord et le Tchirtchik au sud-ouest. C’est une étroite crête rocheuse à l’étirement latitudinal. Le versant sud est des Monts du Talas s’impose par la séparation dans la direction sud-ouest d’un puissant éperon, la chaîne du Chatkal. Cette dernière sous-chaîne forme la séparation du bassin de la rivière Tchirtchik, qui sous le nom de rivière Chatkal est originaire des pentes sud-est des monts Chatkal.
À la périphérie sud-ouest de la crête du Chatkal se situe le haut plateau d’Angren ou Ahangaran, dominé également au sud est par la crête du Kuramin (frontalière du Tadjikistan). L’orientation de cette dernière similaire à la partie sud-ouest de la chaîne du Chatkal.

A partir de l’Ala-Too du Talas et presque parallèlement à la chaîne du Chatkal, se développe également vers le sud-ouest dans l’ordre: les monts du Sandalash, et du Maydantal, ainsi que les crêtes du Pskem et l’Ugam. Leurs pentes comportent de nombreuses petites rivières qui alimentent en eau l’artère principale de la rivière Chatkal, principal cours d’eau de Tien-Shan de l’ouest, avec la rivière Pskem (toutes deux affluent du Tchirtchik).

Le Chatkal, est le plus gros affluent de la rivière Tchirtchik, il commence exactement à la jonction de l’Ala-Too (Monts) du Talas et de la chaïne du Chatkal, à travers l’ancienne vallée glaciaire du haut cours du Kara-Kuldja. En prenant plus en aval à droite les larges flots du Sandalash, la rivière s’agrandit en débit, et puis à gauche, la rivière reçoit l’affluent du Ters, puis traverse une profonde gorge rejoint le village de Burchmulla, là où elle verse ses eaux dans le réservoir Charvak qui donne naissance au Tchirtchik.
La deuxième composante de la rivière Tchirtchik est le Pskem. Ce dernier commence dans les glaciers et les neiges éternelles de l’Ala-Too du Talas. A ses origines ses eaux proviennent des deux rivières, le Maydantal et l’Oygaing. Après leur fusion, le Pskem coule dans une gorge étroite à travers de nombreux rapides.
Le réservoir de Charvak fusionne donc le Chatkal et le Pskem pour former la Tchirtchik, un des affluents impétueux du Syr-Daria (principal fleuve d’asie centrale de l’Ouzbekistan, précédemment en amont la rivière Naryn au Kirghizstan, bassin du Fergana).

La rivière Ugam est à proprement parler le plus grand affluent de la rivière Tchirtchik (une fois pris son nom en aval du réservoir de Charvak). L’Ugam se jette juste en aval du lac Charvak. La plus grande partie de son cours est situé au Kazakhstan. Son embouchure est situé en Ouzbekistan. Alimenté par divers sources et torrents, l’Ugam descent des pentes entre les chaînes formant comme un épi de l’Ugam et du Korzhantau.

La rivière de l’Ahangaran (Angren) se forme aussi dans les cours d’eau qui commencent sur le versant sud de la chaîne du Chatkal. Ses cours moyen et supérieur forment des incisions en profond canyon à travers le plateau Angren. Ici la rivière possède un certain nombre d’affluents rive droite, qui également dans leurs cours supérieur ont formé des canyons étroits et profond. En amont sur le plateau les torrents ont un cours plus apaisé, avant de se jetter dans l’Ahangaran la plupart du temps en d’impressionnantes chutes d’eau.
Sur les pentes sud-est de la crête du Chatkal, prennent source de nombreuses rivières qui descendent dans la vallée de Fergana. Ces rivières ne parviennent pas souvent au Syr-Daria, car elles sont principalement utilisé pour l’irrigation. Les plus importantes de ces rivières sont Kara-suu, le Koson et le Gava.
L’ouest du Tien-Shan est riche en lacs. Le plus connu d’eux est le lac de Sari-Chelek. Souvent formés par des obstructions dans la vallée, par exemple d’origine morainique, les lacs se trouvent dans les vallées des affluents des grands cours d’eau de la région. Le relief très diversifié de l’ouest de Tien-Shan a engendré de fortes différences climatiques, selon l’altitude, la topographie et l’exposition (sud ou nord).

Dans la vallée de Talas le climat est frais et sec. Celui de la vallée de Pskem est plus doux et chaud, avec une abondance de précipitations pluvieuses: les montagnes y sont protégés des vents froids du nord, mais n’empêchent pas le passage de l’air chaud et humide venant de l’Ouest. Le climat de la vallée du Chatkal est plus sévère , tandis que sur les pentes sud-est de la crête du Chatkal, face à la vallée du Fergana, poussent en abondance les tournesols, le tabac, le maïs et les arbres fruitiers. Le mois le plus chaud dans l’ouest du Tien Shan et le mois de juillet. La température peut y atteindre souvent les 40°, alors que la température moyenne mensuelle n’est que de 20°. Le minimum absolu atteint -30° en hiver, et même à certains endroits on a observé -40°. La saison hors du gel de l’hiver dans la plupart du Tian-Shan de l’Ouest dure moins de 200 jours. Les précipitations en hiver sont supérieures à 200 mm et sur les hauteurs de la chaîne du Pskem peuvent atteindre les 1200 mm. Au printemps les précipitations abondantes (jusqu’à 65 mm) tombe surtout en mars et en avril, et en été la plus petite quantité est en juillet. Le sol est recouvert de neige de novembre à mars.

L’épaisseur de la couverture de neige dans les vallées dépend de la quantité d’eau dans les rivières. En effet ces dernières forment un drain en fond de vallée. Très souvent, certaines de ces rivières ne sont seulement qu’une évacuation temporaire durant la fonte des neiges et de la pluie, et à d’autres époques à sec.
Déjà les premiers explorateurs des monts de l’ouest du Tien-Shan avait remarqué une répartition verticale contrastée de la vie végétale et animale, comme dans toute zone de montagne, mais ici plus marquée.

Sur les contreforts et les parties moyennes de la vallée de Talas, on retrouve une zone de steppes, et au moins dans sa partie supérieure une steppe d’altitude. Sur les pentes, cette steppe de l’Ala-Too du Talas est composée de prairies, parsemées d’arbustes comme le genévrier. Parmi la faune on trouve des bouquetins de Siberie, des marmottes, des perdrix des neiges (variété de lagopède), des mouflons (Argali ou mouton de Marco-Polo) et l’Ular. Les pentes sud-est de la chaîne du Chatkal on trouve d’abord des steppes herbacées, puis prairies alpines et subalpines utilisés pour le pâturage (jaïloo). Sous la steppe d’altitude et les prairies alpines, il y a l’étage des arbres à feuille caduque, notamment des forêts de noyers sauvages dispersées dans les diverses vallées fluviales et les flancs des montagnes.

On trouve également dans les forêts de noyer du Chatkal, également des pommiers sauvages, des pruniers, l’épinette du Tien-Shan, le sapin et le genévrier. La faune des forêts de montagne est très riche. Il y a des sangliers, des porc-épic, des ours, des fouines, des marmottes, des loirs de forêt et des milliers d’espèces d’oiseaux.

Dans les tourbières et vasières du Chatkal, parmi ses nombreux affluents on trouve des bosquets de bouleau, de peuplier, de saule, des fourrés de rosiers sauvages, du chèvrefeuille, de l’argousier et du cassis. Au fond des vallées il y a des fétuques pour le fourrage (graminées pour le foin) et dans les plaines et plateaux de basse altitude, de l’armoise des steppes (une variété d’absinthe) ; les steppes du versant nord se compose de fléole des près (utilisée pour le fourrage), de chiendent rampant, de prangosa sauvage (variété d’amarinthe également présent dans les alpes) présentes jusqu’au sous les prairies sub-alpines et alpines… La vallée du Chatkal est une vaste zone pastorale de grande importance économique. Elle est vitale pour le développement de l’élevage au Kazakhstan, au Kirghizistan et en Ouzbékistan.

Dans la région montagneuse de la vallée de l’Akhangaran, les forêts de moyenne altitude présente de nombreuses essences d’arbres, tel l’érable, l’aubépine, et dans les vallons latéraux des pommiers, pruniers mirabelle et des sorbiers. Les scientifiques croient que depuis la vallée les premières pentes de la montagne étaient jadis entièrement recouvertes de végétation ligneuse, qui disparu peu à peu en raison de l’exploitation humaine. Maintenant, l’abattage des arbres et des arbustes est totalement interdit.
Dans les vallées intra-montagneuses des rivières Chatkal, Koksu et Pskem, on rencontre très souvent des bosquets touffus de tala, de bouleau, peuplier, des buissons de Tamaris, de chèvrefeuille, des rosiers sauvages, de la bourdaine, des vignes sauvages et du cassis. En aval, à la confluence du Chatkal et du Pskem, il y pousse beaucoup d’arbres fruitiers : pomme, abricot, prune, poire. Les flancs des montagnes sont recouverts de bosquets de noyer, d’érable et de peuplier.

Sur le territoire de l’ouest du Tien-Shan trois principales réserves naturelles ont été établies : l’Aksu-Dzhabagly, le Sary-Chelek et la réserve du Chatkal.

L’isolement de l’ouest du Tien-Shan, surtout sur le cours supérieur du Tchirtchik, était encore une réalité il y a un siècle. On n’avait que très peu d’informations sur la région. La zone, située au large des grandes routes caravanières, était toujours considéré comme une sorte d’impasse, tant par les conquérants que par les voyageurs. C’est donc sans surprise que l’on ne dispose guère de références sur l’Ouest du Tien-Shan par les anciens géographes, qui en revanche ont écrit bien plus sur les villes de la région de Ferghana et de la vallée de Talas.
Tel qu’on a pu l’établir, l’occupation principale des anciens habitants de l’ouest du Tien-Shan était à la chasse. En particulier, cela a été confirmé par les nombreuses peintures rupestres de l’antiquité centrale asiatique, représentant souvent divers animaux. Ces témoignages archéologiques des anciennes activités humaines sont trouvent sur le territoire de l’Aksu-Djabagly et la réserve du Chatkal, près du village de Hodjikent, sur les pentes du pic du Grand-Chimgan.
Les premières grandes colonies humaines se trouvaient sur les contreforts de la montagne. Ainsi, dans les temps anciens, il y existait la grande ville d’Isfidzhab, et une autre ville du nom de Sayram (district de Chimkent). On a pu également exhumer d’anciennes exploitations minières dans les vallées de l’Akhangaran que les archéologues datent du Xe-XIIe siècles. Vers la même époque, une grande ville se développa dans la vallée de Talas, dont les ruines sont encore visible. Un remarquable monument architectural du XIIIe siècle, le mausolée de Shakh-Fazil est situé dans la vallée de Kasan-say.

L’étude scientifique des montagnes à l’ouest du Tien-Shan a commencé à la fin du XIXe siècle, après l’annexion du Turkestan à l’Empire Russe. Le premier scientifique russe qui a pénétré dans le Chatkal supérieur, est un zoologiste et zoogéographe N. A. Severtsov. En 1866, il a traversé l’Ala-Too du Talas par le col de Kara-Bura et a exploré la partie supérieure de la vallée du Chatkal.

En 1874, le géologue et géographe I.V. Mushketov a réalisé un périple en Asie centrale, au cours duquel il a traversé les montagnes de Korzhantau, puis les vallées du Pskem et du Chatkal, pour enfin revenir par la ville de Talas. Au cours de ce périple il explora les pentes méridionales de la chaîne du Chatkal et les hauteurs du plateau d’Angren. Cinq ans plus tard, un autre géologue, D.L. Ivanov, découvre les glaciers dans la vallée du Pskem.

Parmi les explorateurs de l’ouest de Tien-Shan avant la révolution d’octobre, il faut également mentionné B.A. Fedchenko, V.I. Lipskogo et O.A.Shkapskogo. Mais à cette époque les voyages et expéditions à l’ouest du Tien-Shan, comme dans d’autres régions montagneuses de la région d’asie centrale n’étaient pas mues par des goûts et des désirs personnels, mais plus par la volonté pour l’Empire Russe d’asseoir sa domination territoriale par la connaissance du pays. La plupart des études au cours de ces expéditions d’exploration scientifique ont été courtes et éphémères, trop souvent limitées à des observations superficielles.

Après la révolution d’octobre, les études scientifiques à l’ouest du Tien-Shan ont complètement changé. Dès 1920, l’Université d’état de Turkestan (Tachkent moderne) réalise un tâche importante d’étude scientifique de la zone. Dès les premières années le pouvoir soviétique a commencé un travail systématique de recensements dans les montagnes par des botanistes, zoologistes, géologues et hydrologues. A cette époque, par exemple, ont été mises en place des expéditions spéciales sur les territoires d’Aksu-Djabagly et du Sary-Chelek, pour évaluer les ressources naturelles, minérales et hydrogéologiques de la région, notamment sur le versant sud des montagnes du Chatkal, dans les vallées en amont du Tchirtchik, de l’Akhangaran, et sur les contreforts de l’Ala-Too du Talas.

Les montagnes de l’ouest du Tien-Shan sont également des territoires humains socio-économiques. Sur les pentes on y pratique depuis des siècles le pâturage des moutons, et dans les plaines alluviales des milliers de variétés sont cultivées, notamment les cultures fruitières. Le développement de nombreuses installations agricoles fut une réalité au cours de l’époque soviétique. Dans le domaine médical on y construisit également des établissements de santé pour y profiter des vertus thermales de certaines de ses sources. Dans le domaine de l’énergie un vaste plan de stations hydrauliques, de lacs artificiels fut édifié. Par exemple, le réservoir de Charvak et de Kosonsoy en sont encore le témoignage de ce passé du développement énergétique. Les chercheurs agronomes furent attirés par le climat et la fertilité des terres alluviales, par endroit comme une véritable corne d’abondance. Puis les touristes sont venus trouver dans les montagnes le repos, loins du tumulte des villes à l’activité trépidante comme Tachkent. Au fil du temps, les amateurs de randonnées en montagne sont apparus et la fréquentation sportive et récréative a pris son essor dès la fin des années 1950. Notamment dans le voisinage de Chimgan en Ouzbékistan fut créé le premier camping. Dans les années 70, plusieurs terrains de camping existaient: au « Sud » (région de Tachkent), à « Koksarai » (Namangan), à «Chimgan » et « Yangiabad » (région de Tachkent).

L’Ouest du Tien-Shan est situé sur le territoire actuel du Kazakhstan, du Kirghizistan et de l’Ouzbékistan, et comporte de multiples chemins d’accès routiers pratiques s’y rendre et le traverser. Le seul obstacle actuel depuis les indépendances des ex-républiques d’asie centrale est l’obtention d’un visa d’accès pour passer facilement les frontières, le plus commode étant celui disposant de multiples entrées sur le territoire de chaque pays. Pour cela, la législation évoluant il vaut mieux se renseigner aurpès des services d’ambassade de chacun de ces pays. Certaines routes, pistes et sentiers partent des vallées du versant nord de l’Ala-Too du Talas. Par exemple par la route le long de la rivière Kara-Bura qui traverse le col du même nom et mène à la vallée de Chatkal, on accède à nombre de départs de sentier par les diverses vallées des affluents. Une route similaire mène de la vallée du Chatkal à la vallée du Fergana par le col de Chapchama, avec également de nombreux sentiers depuis les affluents de la rivière Kasan-say. La route et les vallées des divers affluents de la Kazan-say, descendent toutes dans la vallée du Fergana.

Une bonne route passe par la vallée d’Angren en montant au col de Kamchik pour redescendre également dans la vallée du Fergana. Il existe plusieurs entrées dans la réserve naturelle forestière des montagnes du Chatkal, notamment près de la confluence du Pskem et du Chatkal, et depuis la route du col de Kara-Bura. De là, des chemins de terre conduisent à la partie centrale des vallées du Pskem et du Chatkal.

L’Ugam est accessible aux véhicules à travers la rivière du même nom, en basse vallée jusqu’à son cours moyen, où à travers les montagnes au pied des monts du Korzhantau par la piste de terre du col Kirkkiz. Il existe également des routes menant à la zone de la réserve naturelle d’Aksu-Djabagly depuis la partie la plus occidentale de l’Ala-Too du Talas. Ces routes sont fréquemment utilisées pour le transport de ravitaillement soit par les bergers, soit par des personnels techniques comme des géologues ou des météorologues. Avec l’accord préalable des conducteurs il est toujours possible de se rendre à l’endroit souhaité.

Henri Lévêque