Lettre aux alpinistes

autre estimation:

donc le nombre de décès par millions d’heures de voiture serait de l’ordre de 0,12 donc plus proche de la rando que de l’alpi

(en fait, il faudrait plutot affiner par heure de pieton ou de moto ou scooter, puisque moins de la moitié de ces décès sont des occupants de véhicules a 4 roues, mais c’est un autre sujet…)

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Tita Piaz en a fait la triste expérience.

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Je pense que le métier de Guide est dangereux pour 2 raisons qui se rajoutent à une pratique plus intense qu’un alpiniste amateur :

  1. Le fait de s’encorder à 3 pour faire des courses supposées faciles ( le Mt Blanc ou le Cervin ) Sur l’arête des Bosses, il est facile de retenir un client si il est bien tenu à corde tendue mais 2 c’est plus compliqué. Si c’est le dernier de la cordée qui glisse, il entraine le second immédiatement et le Guide devra bloqué les 2 immédiatement sinon c’est foutu !
  2. L’obligation de résultat qui résulte d’un contrat rémunéré. Il y a longtemps, dans la traversée Chamonix Zermatt, je suis resté bloqué 2 jours en refuge avec des clients que j’accompagnais en montagne depuis plusieurs années. Le 3° jour, il faisait grand beau mais les chutes de neige importantes donnaient un risque 4 ou 5 compte tenu des épaisseurs accumulées. Je n’ai pas réussi à expliquer à mes clients pourquoi nous allions rentrer tranquillement à Chamonix en taxi. J’ai perdu définitivement ces clients mais nous sommes tous restés en vie. Il y a eu 2 morts par avalanche le jour de notre retour …
    Mais c’est vrai que de ma promotion, plusieurs sont morts dans des avalanches en ski de rando, je n’ai pas connaissance d’accidents sur des courses rocheuses avec clients. Si un Guide qui a chuté dans l’arête des Papillons sur une Béal 9,1 tranchée net sur une arête coupante …
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Maman, si tu lis ça c’est pas tout à fait ça… il parle en général dans les Alpes, mais dans les Pyrénées c’est totalement différent !

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Oui mais on parle de montagne ici.

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Point de vue intéressant et déjà entendu, qui me pose toujours question…
Perso si je fais en sorte de rester en vie, c’est avant tout pour moi ! C’est très égoïste pour le coup, mais personne ne kiffe ma vie à ma place… Alors si je me vois en situation de risquer de la perdre, ce qui me traverse n’est pas « oh non c’est triste mes proches vont souffrir », mais plutôt « arg dommage, j’avais encore tout plein de chouettes choses à vivre ! ».
(Sérieux, c’est dingue mais je ne me souviens pas avoir pensé à d’autres qu’à mon amour de la vie au moment où je tombais dans les pommes sous la douleur et l’horreur en pensant me vider de mon sang et ne pas me réveiller… So égoïste, soit…).

Voilà quelques jours que je n’ai pas relu la lettre ci-dessus, mais je n’aurais pas résumé son sujet comme toi.
Le risque en montagne dis-tu, et tous ces chiffres qui tendent à… à quoi, d’ailleurs ? À nous rassurer, nous inquiéter, nous déresponsabiliser ?..
Tous ces chiffres, donc, viennent à mon sens masquer le fond. La douleur du deuil de l’autre. Que rien ne pourra venir chiffrer, parce que là, je te rejoins :

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Il est clair que c’est ce qui ressort quasi systématiquement de toutes tes interventions ici : un égoïsme infini, un repli sur soi-même permanent, une absence totale d’empathie pour les autres, etc… :thinking:

:wink:

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Il y a deux choses à considérer.
La réflexion philosophique sur la prise de risque et l’instinct de conservation quand un piano à queue t’arrive dessus.

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Bonjour, Je suis le papa de Gabriel et nous découvrons l’énergie des échanges sur ce forum. Ca fait chaud au cœur.

Jeune, j’ai vécu des drames en montagne et ailleurs. Très vite, on se sent seul : ( Tu as connus Gilles ? tu as connus Jean-Marc ? et Jean-Philippe …) Même si la liste ne s’allonge pas, on va essayer de parler d’autres choses ! Le plus désespérant c’est le silence du silence. Celui qui s’impose parce qu’il est difficile de parler de la mort, du deuil ou simplement de l’absence d’une amitié qu’on cherche par simple soucis de … Reconnaissance.

Ce qui fait le plus plaisir c’est d’ouvrir une porte de service chez ceux qu’on a en face de soi, pour qu’à leurs tours ils puissent se dire qu’on peut parler de la mort, même si on va dire des idioties. Le drame de la pandémie, c’est qu’elle n’a pas permis ce genre d’ouverture de porte de service.

Gabriel a écrit et partager son accident aux écrins en 2017. Il nous laisse cette mémoire comme un silence-entendu entre le marin et l’épouse qui s’endeuille inexorablement au port, sans rien paraître. Comme si le fils, l’époux ou le père allaient rentrer au quai subrepticement. Ou au contraire, comme si de toutes les manières, ca devait arriver. Si ce n’est pas le fils, ce sera l’époux ou celui de la voisine.

J’espère que nous allons pouvoir rester en lien avec les familles de Louis, de Thomas, son enfant et bien d’autres qui n’attendent finalement qu’un protoregard, qu’une reconnaissance qui donne une émotion ni triste, ni euphorisante mais tout aussi égale, intemporelle et furtive que les premiers pas au sommet du Cholatsé, ou d’ailleurs.

Extrait de son témoignage aux écrins : Si on avait eu une radio, on aurait pu être à l’hopital 30 à 45 min après l’accident grâce au secours. Je suis resté 8h sur une vire, le bassin cassé. Je n’aurais pas tenu 8h avec une hémoragie ou un choc important à la tête. En dehors de l’accident, la chance était bien avec nous ce jour-là.

S’il y a bien des émotions « normales » que chacun est en droit de chercher et de continuer à rechercher, c’est bien la norme qui est anormale. Les franges de l’histoire qui subsistent, parlent toujours pour prendre le temps de mieux écouter les montagnes.

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Bonjour
Merci de votre témoignage émouvant.
Je vous souhaite beaucoup de courage.

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