Ca n’est pas la passion le souci, c’et la prise de risque objective…
On peut accepter la fatalité, mais pour nos sports il n’y a pas que la fatalité. Si je rate un virage ds une pente raide, ca n’est pas que « la fatalité », j’aurais aussi pu aller ds une pente où ce genre d’erreur reste possible. Je peux aussi conduire moins vite, mettre mes crampons plus tôt, etc… sans cesser pour autant toute activité.
Lettre aux alpinistes
Stupide ou non, c’est quelque chose qui s’impose à nous… Là pour le coup je vois pas bien comment on peut imaginer le contraire. Si on ne rentre pas à l’heure du boulot, un enfant de 3 ans ne va pas revenir tout seul de l’école et se faire à manger. Il faut donc nécessairement adapter sa vie en fonction.
Oui, toute la question est : est-ce qu’il est un temps où il faut faire des choix/activités dont le résultat final est moins aléatoire parce que moins engagé ou moins soumis au hasard ? Genre quand on a des enfants ?
Oui. Et pour un proche ou un enfant, c’est légitime de réclamer de quelqu’un qu’il fasse tout pour ne pas trop s’exposer à des fatalités…
On rentre là dans des conflits de légitimités…
De toutes façons, ce genre de débats me semble un peu surréaliste
Soit tu es un grand champion, un type hors norme, et ta passion est aussi ton gagne pain et tout le reste, y compris la vie privée s’adapte à ce fait connu dès le départ.
Soit tu es monsieur ou madame tout le monde ou presque et tu vas vite t’adapter à la réalité …
Tu peux bien penser ce que tu veux tant que tu es « jeune » ou non concerné directement « moi je serai … » mais en fait, sauf exception (partenaire plus que compréhensif ou egoïsme forcené), quand il faudra gérer les vacances en famille, aller chercher les gamins à l’école, se lever la nuit pendant qqes temps, … la réalité va vite te rattraper et remettre les pendules à l’heure …
Soit tu te considères entre les deux, ce qui doit être le cas de la grande majorité de ceux qui savent qu’ils prennent des risques.
Mon père qui partait seul à la pêche en crapahutant sur les falaises au bout du Finistère, il aurait bien pu ne jamais revenir.
Pour y etre retourné depuis, je suis sur que c’était du 5, en deep water soloing, sans chaussons et avec le matériel de pêche sur le dos, et 3 enfants à charge.
(et c’est sans doute le fait de l’avoir accompagné qui m’a donné quelles bases en escalade)
Un jour, je me suis perdu dans l’Éperon Tournier à l’Aiguille du Midi. J’étais en tête, j’arrive au pied d’une goulotte de glace verticale voire surplombante, austère, intimidante. Je cherche où ça passe, et finalement je fais demi-tour. Mon pote me dit : Qu’est-ce qui s’est passé ? -Ben, justement, ça passe pas. -T’en sais rien, t’as même pas essayé ! On a fait demi-tour, on a fini par retrouver et terminer la voie. Dans la benne de retour, le commentaire du pote m’a vraiment interrogé. Jusqu’ici, avec lui, on avait toujours été dans le ça-passe-ou-ça-casse, et c’était toujours passé. Alors pourquoi cette fois-ci j’avais fait marche arrière ? À ce moment-là, et à ce moment-là seulement, j’ai repensé à ma fille, qui avait tout juste 2 mois, et qui m’attendait en bas. À aucun moment, dans la voie, avec la concentration, je n’avais pensé à elle. Mais comme le dit très bien Vorlette, elle était en moi, car oui je crois aussi que « nous sommes chacun, la somme des êtres que nous aimons et qui nous aiment ». Aujourd’hui, lorsque je dis à ma fille, devenue adulte et indépendante, que je pars en montagne faire « un truc », elle prend un ton sévère et parental pour me dire « Tu fais attention, tu reviens. Promis ? »…
Cette lettre ouverte de Vorlette me touche énormément. Et je ne me sens aucune légitimité pour en y apporter des arguments pour ou contre ou la commenter. Qu’y a-t-il de plus intime que notre rapport à la mort ? Alors, quand il s’agit de la mort de l’être aimé…? Je mets cette lettre en relation avec le témoignage de la femme d’Oxygène rapporté par @Lulu002, tout aussi poignant et merveilleux, et pourtant allant dans un sens différent. Je ne crois pas qu’il puisse y avoir de recette morale face à la prise de risque. Chacune de ses deux compagnes d’une vie, et malheureusement d’une vie brisée, vivent leur deuil au plus profond, elles en parlent, mais nous ne pouvons à peine en toucher la profondeur ; et encore moins l’intimité.
Ah Crupillouze, je vais pas me fâcher avec quelqu’un qui à grimpé l’Ecaille de Roche Colombe
Je l’ai grimpé 2 fois, la première en 1966 avec 8 pitons à planter soi même pour toute la voie, la seconde en 2009 avec 7 à 10 spits par longueur …
Mais bon pas trop d’accord avec ton raisonnement …
J’ai travaillé 15 ans comme Guide et Moniteur à une période ou j’avais une petite fille, ma seconde fille est née le jour ou je faisais la traversée de la Meije avec une cliente …
Je partais tous les jours au travail avec pas plus d’appréhension qu’aurait eu un livreur de colis ou un ouvrier du bâtiment …
Je pense que si j’avais eu le sentiment de pratiquer un métier « plus » à risque que d’autres, j’aurai arrêté immédiatement et fait un autre métier …
Mais justement, je n’ai jamais eu conscience de pratiquer un métier à risque parce que j’avais confiance en moi et aussi dans ma maitresse préférée, la montagne …
On y pense de temps en temps mais faut pas que ça pèse trop lourd … Tiens un petit résumé de Charles Dubouloz :
« Pendant toutes ces années, j’ai été boulimique de montagne et d’ascensions. Quand j’étais au sommet, j’ai eu un sentiment d’accomplissement. Arriver tout seul par ses propres moyens dans des voies dures, c’est incroyable. C’est une dimension en plus. Dans notre génération de grimpeurs, le solo n’est plus très à la mode » , poursuit le guide de 32 ans. « En attendant les prochaines expéditions au Népal, au printemps et à l’automne, je vais savourer. Je suis papa d’une petite fille et ça change la donne. »
Je te rejoins ici.
Du coup débattre sur la notion de « choix de prise de risque » ne me paraît pas forcément pertinent. J’étais persuadée que je continuerais à grimper 3 ou 4 fois par semaine et à aller en montagne pas mal de week-end en confiant bébé à son père, puisque c’était un fonctionnement habituel pour nous, avant.
Mais ça, c’était avant.
En vrai, il s’impose à moi que je n’ai pas tant envie de partir loin, longtemps et souvent. Que la nature est bien faite, elle me raccroche à bébé, éloignant ainsi de fait une bonne part de prise de risque. Sans que la question ne se pose, en fait.
La nature est bien faite, écoutons-là !
En effet, il résonne en moi depuis le début de ces échanges. Marie-Claude disait, savait que Jean-Luc ne voulait pas se voir vieillir, décliner, fatiguer.
C’est avec beaucoup de tristesse, mais sans colère, qu’elle et ses filles m’ont donné le matériel de montagne de notre cher Ox’, pour que je le distribue et qu’il continue à parcourir cet univers vertical.
La colère est aussi une étape « normale » et saine d’un deuil. Pourquoi pas contre la montagne, contre l’autre et les risques qu’il a pris. Si cela peut aider à cheminer, servons-nous de cette colère.
Oui, ma fille se demandait, avant, vu qu’elle ne se sentait pas une fibre maternelle extraordinaire, si ça viendrait …
Et elle est maintenant émerveillée et étonnée de voir à quel point « c’est venu » …
C’est peut être la clé pour pratiquer ce métier
Oui 100% d’accord …
Je pense avoir pris beaucoup plus de risques dans ma seconde vie lorsque j’ai du subir de nombreuses réunions commerciales souvent dans des bureaux enfumés ( avant 2007 ) et avec des repas gras et arrosés presque tous les jours …
La vie est faite de choix …
Peut-être que cette culpabilité est liée au fait que l’absurdité de l’accident, cet impensable survenu d’on ne sait où ni pourquoi, fait qu’on se perd dans la recherche de causes et de responsabilités qui donnent du sens. Comme si chercher un fautif, un responsable, donnait finalement un sens à ce qui n’en a pas nécessairement. Donner du sens à un événement, c’est une façon de tenter de survivre psychiquement, de retisser une continuité dans une histoire rompue par l’accident.
« Les risques de ces 2 activités sont sans commune mesure beaucoup plus important que les risques de la vie courante (comme faire un trajet en voiture par exemple.) »
Cette affirmation est beaucoup trop péremptoire, et largement débattable. Ayant personnellement une pratique « raisonnable » (à mon propre sens) de l’alpi et du ski de rando, je suis convaincu que je prends autant de risques dans la vie de tous les jours que lors de mes sorties en montagne
Moi aussi mais vu ma pratique de la montagne c’est pas forcément très représentatif
Malheureusement chercher en permanence à ne pas prendre de risque n’élimine pas les risques …
Je ne crois pas que Gaspard Ulliel aurais imaginé finir sa vie en pratiquant un sport réputé cool et avec peu de risques …
Pourtant si on ramène au nombre de pratiquants, en pourcentage, il y a bien plus d’accidents en ski, en vélo de route qu’en escalade alors que l’escalade est perçue par le néophyte comme le sport le plus dangereux de la planète !
Escalade c’est bien possible surtout si tu inclus les pratiquants de SAE dedans. Mais alpinisme ?
Les assureurs ont depuis longtemps classé les sports à risques …
Il y en a même qu’ils refusent d’assurer je crois bien
Du style « base jump »
a verifier
Quels sont les sports et loisirs à risques ?
Il n’existe pas de liste officielle de sports et loisirs à risques, mais chaque assureur possède la sienne. En effet, aucun assureur n’évalue les risques de la même manière et ils accordent tous une importance différente aux différents sports et loisirs extrêmes. Voici une liste non-exhaustive des sports les plus régulièrement considérés comme à risques par les assureurs :
- L’aéronautique ;*
- Le cyclisme ;*
- L’équitation ;*
- La chasse ;*
- Les sports de combat (boxe, arts martiaux, etc.) ;*
- La plongée ;*
- Le parapente et le parachutisme ;*
- Les sports de montagne (ski, randonnée, trek, alpinisme, etc.).*
Et à la réflexion, en lisant mon copier coller, je me rends compte que je connais, personnellement, plus d’accidentés du vélo que de la montagne …
étonnant …
Comme quoi un pavé aveugle est en moyenne moins dangereux qu’un caisseux bourré !!
Tiens je lisais ce fil et je me permets un petit partage d’expérience.
Plutôt que de l’alpi ou de la grimpe, j’évoquerai les risques en randonnée qui sont parfois plus « roulette russe » qu’une sortie alpi/grimpe.
A titre d’exemple, j’étais sorti au Parmelan (montagne bien connue du bassin annécien) en mai 2018. Itinéraire bien connu, j’y étais allé moults fois auparavant.
M’engageant vers le Grand Montoir (itinéraire dit « escarpé » à flanc de falaise, mais toujours rando hein), je traverse quelques névés inquiétants barrant le sentier, mais je continue, confiant.
(à ce stade, ça aurait du m’alarmer, mais non, je continue)
Arrivé au pied de la paroi et du passage le plus escarpé, je constate que c’est tout en neige (le sentier qui remonte à flanc n’est pas visible) et que certains randonneurs présents se posent des questions à monter ou non. Perso, je ne m’en pose pas et tranche dans le vif en remontant directement dans la pente (avec le recul, je n’aurais pas été capable de la descendre, mais la monter oui, hein, pourquoi pas).
Une fois arrivé presqu’en haut de la pente, presque en sécurité quoi, je glisse… en tentant une traversée vers le sentier du sommet… J’ai vu ma vie défiler et mon corps en bas de la falaise, mais j’ai réussi à m’agripper au dernier moment à des plantes/arbustes juste avant le grand saut.
J’étais pas bien après ça et ai beaucoup tergiversé/ruminé à chaque nouvelle rando pour peser le pour et le contre niveau risques.
J’en suis un peu revenu maintenant, mais cette expérience reste au fond de ma tête en tant que garde-fou « prise de risque/inconscience ». D’autant que marié et papa, je n’ai plus la volonté de me mettre en danger pour ma satisfaction personnelle et/ou faire de belles images.
Mon dernier gros risque en date était cette expédition au camp de base nord de l’Annapurna, projet prévu depuis un moment, donc réalisé « parce qu’il fallait le faire », mais l’itinéraire choisi était une prise de risque inconsidérée, même le guide Sherpa m’a fait part de son sentiment, de la chance que nous soyons tous sains et saufs.
Chacun voit midi à sa porte, c’est une décision personnelle de penser aux autres plutôt qu’à soi et de lever le pied à un moment pour éviter de trop « jouer » avec sa vie.
Ah oui tiens. tu as fait un CR quelque part?