Les Rouies

Posté en tant qu’invité par catherine:

… de l’utilité des traces de raquettes :wink:

Les Rouies, à ski de randonnée depuis la Bérarde, c’est long, très long…

C’est pourquoi on avait décidé de bivouaquer au niveau du refuge du Carrelet (ledit refuge était momentanément fermé pour cause de travaux).
Les sacs étaient bien lourds, et c’est avec un ouf de soulagement que nous sommes arrivés devant le torrent. Nous n’avions plus qu’à le traverser, le bivouac était juste de l’autre côté.
C’est en général quand on pousse un « ouf », qu’on se dit « c’est fini » que des évènements ou une configuration non prévus nous obligent à reconsidérer la situation. Ceux qui n’ont jamais eu, en fin de saison, à traverser ce petit torrent au petit matin en suivant « au mieux » les branchages coiffant des petits cairns qu’ils auront minutieusement installés la veille après une étude scrupuleuse du gué, et qui n’ont donc jamais eu à refaire le trajet en sens inverse au retour de la balade, cette fois-ci au milieu de flots tumultueux grossis par la neige qui aura chauffé et fondu toute la journée … bref, ceux-là ne peuvent imaginer l’épreuve que nous devions affronter avant de pouvoir poser notre campement.
Après moult hésitations et va et viens le long de la rive, tentatives infructueuses, on a finalement trouvé un passage que l’on a franchi « en petites culottes », moment immortalisé par quelques photos coquines. Dîner à la frontale, tisane, tous dans les duvets sauf Monique qui nous a fait mourir de rire en jouant les mannequins, affublée de sous-vêtements thermiques incroyables : en grosses mailles, comme les « Marcels », vous savez, ces espèces de tee-shirts à trous et sans manches. Il parait que ça venait d’un pays scandinave très froid, que c’était hyper chaud, mais on avait un peu de mal à la croire parce qu’avec tous ces trous ça devait faire des sacrés courants d’air !
Finalement, Monique s’est couchée, la lune s’est levée, puis les étoiles… on a fini par s’endormir.

Le lendemain, ça nous a été un peu difficile de sortir de nos cocons douillets et bien chauds mais tout givrés gelés à l’extérieur. Finalement, la raison l’a emportée : on était venus pour faire les Rouies, non ?
Le thé et surtout le rangement des affaires qu’on laissait dans les buissons ont fini par bien nous réchauffer, et nous voilà partis pour le sommet.
Avant le sommet, il y a quand même pas mal de km, et je me suis à chaque fois posé la question d’y aller plutôt à skis de fond…
Derrière nous, la face Sud des Ecrins si belle dans le ciel tout bleu nous encourageait.

Tout allait donc pour le mieux lorsque nous avons débouché sur le plateau et…
nous nous sommes retrouvés dans le brouillard ! Un truc incroyablement dense et blanc, qui nous a envahis d’un coup.
On a vaguement aperçu des ombres qui allaient vers un petit sommet sur la droite. J’ai eu le malheur d’annoncer à mes coéquipiers que ce n’était pas le sommet, mais que c’était bien quand même.
Pour ceux qui ne connaissent pas, le sommet des Rouies se trouve à l’extrémité d’un interminable plateau.
Il y a eu un peu de flottement et on m’a fait comprendre que « tout ça », c’est à dire le gros sac, le bivouac, les km de plat … pour NE PAS faire le sommet, « c’était bien la peine » !
C’est donc à la boussole (le GPS n’avait pas encore été inventé) que nous sommes arrivés au pied de la pente terminale.
Les skis laissés en bas, la montée avec le piolet, c’est vrai que ça faisait pas mal « montagne ».
Tout le monde était content, on a remis les skis et commencé le retour dans la purée de pois, en glissant dans nos traces : Fastoche !
Puis ça s’est corsé parce que c’est quand même pas tout plat, on ne pouvait plus rester dans la trace, ça allait trop vite, et dès qu’on en sortait on se trouvait dans la neige traffolée qui fait la réputation du plateau des Rouies : des zones de neige dure et lisse où il faut vite tourner, alternant avec des blocs de neige compacte dans lesquels les spatules cherchent à se planter, immobilisant alors rudement leur propriétaire !
Au passage, on a pu admirer la superbe trace de raquettes qui sortait du col des Rouies.
C’est alors que la suite est devenue plus floue : impossible de remettre la main, enfin les skis, sur notre trace… elle s’était volatilisée.
Petit moment de réflexion intense car de belles zones de crevasses nous attendaient en cas d’erreur, et 3 scénarios furent envisagés :
1 - on fait un trou dans la neige et on bivouaque. On avait les pelles, mais c’est dommage les duvets étaient en bas.
2 - on remonte au col des Rouies, et on descend côté Pigeonnier. Puis on fait du stop pour revenir à la Bérarde chercher les voitures.
3 - on retrouve notre chemin.
C’est ce qui a été choisi à l’unanimité, ça nous a semblé plus confortable.

La méthode de la tangente à la courbe étant éliminée d’office, il y avait une solution d’azimut à partir du col, mais il fallait remonter, et puis les calculs de distances etc… dans le brouillard c’est un peu fastidieux.
On a tenté un joker : ils se sont regroupés arrêtés et je suis partie dans une direction transversale. Et là j’ai croisé… 2 fantômes ! à ski de rando, en collant-pipette, et qui venaient du carrelet !
Enfin, pas complètement ! Ils ont eu l’air en colère quand je leur ai demandé, car ils venaient en fait (du moins au début) du refuge du Pigeonnier. Ils avaient passé le col des Rouies et fait le petit sommet mais à la descente notre trace les avait induits en erreur, ils l’avaient suivie et ils avaient mis du temps à réaliser qu’ils descendaient du mauvais côté tellement c’était bon à skier, en plus au soleil !
Ils avaient dû remettre les peaux et se repayer un bon dénivelé. Bref, c’était de notre faute…
Quand je leur ai dit qu’en échange de leur trace (qui en fait était la notre) je pouvais leur donner une jolie trace de raquettes qui allait là où ils voulaient, ils ont retrouvé le sourire.
Une minute après on descendait en plein soleil vers nos duvets.

Posté en tant qu’invité par Mic’hel:

Et encore une histoire sans abstract et sans images…

faut vous regrouper et publier un recueil!
J’les lirai tous d’un coup a Noel quand je serai loin des montagnes :o(

Posté en tant qu’invité par Mic’hel:

bon finalement, j’ai lu et j’en conclus que, en tant que skirandonaute active du forum, catherine, tu te dois, que dis-jr, c’est ton obligation morale… de publier les fotos sur l’album de skirando!

Posté en tant qu’invité par Rouies-torrides:

publier, oui mais bon, c’est quand meme pas pour les enfants, c’t’histoire!!!

« Un truc incroyablement dense et blanc, qui nous a envahis d’un coup. »

j’ose-pas.

Posté en tant qu’invité par Francois:

Comment, comment, on se perd dans le brouillard? Et avec un groupe, en plus! Qui est-ce qui m’a fichu des encadrants pareils?
C’est un scandale!
J’espère que toute la population skirandonaute va réagir devant cette dangereuse incompétence! car pour qui connait le plateau des Rouies, il faut vraiment le faire exprès pour se perdre là-dessus dans le brouillard…

Posté en tant qu’invité par l’indigène:

encore des kphystes un con pétant qui savent meme pas se diriger dans l’obscurité totale sans boussole ni GPS, non franchement, il faut reagir, prenont avec nous quelques chauves souris pour eclairer notre lanterne lors de ces déplacements en zone sensible
;-)))

Posté en tant qu’invité par Jeff:

Y’a quand même quelques belles plumes sur c2c… ! (non, Catherine, pas où tu les imagine !).
C’est un vrai plaisir de vous lire. Et je ne suis pas d’accord avec Mic’hel, des images y’en a plein !
Jeff

Posté en tant qu’invité par Thierry (dit le grincheux):

Catherine, on voit qu’il fait pas beau… et je rajouterai que t’es presque plus bavarde en écriture qu’en paroles…