Posté en tant qu’invité par Bubu:
Je trouve le ski de pente raide (puis extrême) un peu « a part ».
Grand nombres de personnes font de la pente plus ou moins
raides ou la chute est interdite la plupart du temps. Ca
revient donc à pratiquer du solo intégral. Il n’y a donc que
dans ce domaine que l’on voit autant de pratiquant faire du
solo! Voila un peu ma réflexion.
En effet, c’est du solo.
Comme la rando pédestre, qui emprunte parfois des sentier sur des vires ou des pentes herbeuses où il ne faut pas s’en mettre une.
Et s’il y en a qui descendent en solo des pentes à 50°, il y en a bien plus qui les remontent en solo, volontairement ou malgré eux.
Dans une cordée montant une pente de neige (comme le Col de la Verte, les Courtes, etc), le premier est en solo, et le second a plutôt intérêt à se considérer en solo aussi, à moins que le premier soit vraiment attentif et aguéri pour retenir le second, ce que je constate rarement (le premier doit tirer le second en permanence de 5-10kg, pour qu’il n’y ait aucun choc en cas de dévissage du second, ce qui est fatiguant).
Toutes les fois où ça passe bien sans tirer son second (belles marches, bon ancrage du piolet), ce serait tout aussi bien passer sans être encordé. La corde peut rassurer le second, mais celui-ci sera capable de passer en tête (ou en solo) sereinement lorsqu’il aura, entre autre, compris que le sentiment de sécurité qu’il ressentait en second n’était que psychologique (en gros il faisait du solo depuis le début).
Donc le ski de pente raide, c’est du solo, mais c’est aussi « que » du 50°, du point de vue alpinistique, ça reste dans le bas de l’échelle des difficultés.
Ensuite, l’évolution avec des carres est différentes de celles avec des crampons. En crampons, il ne faut surtout pas déraper, on met son poids sur un pied lorsqu’on est sûr que ça tiendra. Surtout en descente dos à la pente (comme en montant): si le pied aval s’enfonce de 10-20cm lorsqu’on met son poids, la jambe amont se plie encore plus et en neige dure le genou ne peut pas rentrer dans la neige, on est repoussé en arrière (alors qu’on est déjà déséquilibré par la surprise sur le pied aval) : on ne se retient qu’avec les piolets, on a alors pas mal de chance de dévisser s’ils ne sont pas bien ancrés.
En ski, le dérapage est la règle (en pente raide) : on amorce une glissade, que l’on arrête sur 20cm à 2m. On peut aussi descendre en escalier sans glissade, mais ce n’est pas confortable (ça va bien si ce n’est que qq mètres). Lors d’un virage, tout le corps descend en même temps, contrairement en crampons où on garde un ou des points fixes avec la neige. C’est cet aspect dynamique de la descente à ski qui ajoute beaucoup de difficulté par rapport à la descente en crampons. Mais une fois comprise et maitrisée, ce n’est pas tellement plus risqué qu’en crampons (dont la technique doit aussi être comprise et maitrisée).
Par contre l’intérêt du ski est que chaque geste (chaque virage) permet de descendre de 1 à 5m voire plus, alors qu’à pied c’est 20 à 40cm. Il faut donc environ 10 fois plus de pas que de virages, donc plus de chance de faire une erreur pour le même dénivellé (si on a le même taux d’erreur à pied et à ski, ce qui n’est pas vrai, ce n’est pas si simple). L’intérêt du ski est aussi que l’on va plus vite, on fatigue moins et on s’expose moins aux pierres et séracs, mais ça dépend des cas (des fois on attend que ça décaille et donc que les chutes de pierres soient plus intenses).