Posté en tant qu’invité par Franck1:
Moi, François N., j’ai utilisé une corde fixe
(mais cela n’intéresse personne)
A l’origine, je réagissais au fil associé à un sujet sur les cordes fixes lancé par Paulo Grobel. Mais par respect (que dis-je? par admiration) pour ce dernier, j’ai préféré ne pas polluer son post quand je me suis rendu compte de l’ampleur de mes digressions…
Allons-y, mon coup de sang du jour
Certains pratiquants de l’alpinisme me font bien marrer avec leur sentiment d’élitisme. On dirait qu’ils se sentent personnellement menacés par une éventuelle « popularisation » de l’alpinisme alors que la seule qui pourrait à juste titre se sentir menacée, c’est la montagne, que nombre d’entre eux ne respectent même pas…je ne parle même pas du fameux « esprit de la montagne »! C’est étonnant…faire corps avec son sport à tel point que toute intrusion extérieure dans ce sport puisse être vécue comme un vol d’identité, sinon un viol. En fait, il me semble que toute discipline peut être considérée comme élitiste, d’un certain point de vue, à partir du moment où, pour la maîtriser, on doit passer par une certaine…discipline. Mais là, l’alpinisme ne l’est pas plus - élitiste - que la danse, la musique, l’écriture, sans parler des autres sports. Après, c’est clair, dans toute discipline, il y a l’élite : le top du top niveau (qui maîtrise tous les aspects - techniques et humains - de la discipline). Mais je doute que beaucoup de ceux qui s’échinent à vouloir croire que l’alpinisme est élitiste en fassent partie. Alors, l’alpinisme en soi, élitiste? Eventuellement par l’argent (pour se payer l’équipement, les expé, un guide…). Sinon quoi? Ah! Oui : flirter avec la mort ! Ben quoi? Qu’on ait flirté ou pas, on finit tous par sortir avec, alors je ne vois pas en quoi la draguer confèrerait un statut d’élite. Pour tout dire (vous vous en foutez, mais je vais le dire quand même), je pense de toute façon que les seules véritables élites (personnes remarquables), dans nos sociétés, ce sont ces gens qui savent encore aimer, sourire et espérer. Aucun doute que parmi elles, se trouvent quelques alpinistes. Plutôt que de dire (en référence à un post dans le fil sur les cordes fixes) « Conclusion: oui, et grand nombre de grimpeurs le pensent, l’alpinisme reste de l’élitisme » alors que la discussion sur les cordes fixes montre justement le contraire (à savoir que la pratique de l’alpinisme n’est plus l’apanage d’un petit nombre), ne serait-il pas plus judicieux de souligner que l’alpinisme reste une discipline globale dont un pratiquant exigeant devrait tendre à maîtriser tous les aspects. Et là - on est d’accord - tout le monde n’est pas disposé ou apte à se soumettre à une telle discipline. Mais n’en reste pas moins homme celui qui ne se soumet pas à la loi des hommes! Enfin, telle est ma vision de l’humanité. Et donc n’en reste pas moins alpiniste celui qui pratique l’alpinisme sans se soumettre à la totalité des règles de l’alpinisme. Personnellement, ce qui m’attire dans l’alpinisme, ce n’est pas la discipline (règle de conduite) - à laquelle je me plie tant bien que mal « sans trop réfléchir » pour passer plus vite à l’essentiel: la liberté. Et peu m’importe de rentrer ou non dans la catégorie des alpinistes en vertu de l’article premier d’une hypothétique déclaration universelle de l’alpinisme. De toute façon, combien d’alpinistes respectent la discipline sous tous ses aspects? Entraide et esprit de cordée, respect intégral de l’environnement, engagement…et même beauté du geste? Et a priori, je ne vois pas au nom de quoi l’utilisation ou non de la corde fixe serait une donnée plus capitale que les autres dans la pratique globale de l’alpinisme. A chacun son alpinisme (bon, on s’comprend, dans les limites du raisonnable : pas d’hélico dans la partie, on est bien d’accord….je précise pour ceux que la mauvaise foi n’étoufferait pas;-) et arrêtons de vouloir tout normaliser. Perso, me choquent beaucoup plus que l’utilisation ou non de cordes fixes les récits de non-assistance à cordée en danger ou, avant d’en arriver à de tels extrêmes, le manque d’esprit de solidarité de trop nombreux pseudo-alpinistes (qui, en y réfléchissant bien, n’est pas sans rapport avec leur besoin de se sentir appartenir à une élite, précisément, ce qui, de leur point de vue, implique de maintenir un ascendant, une « avance », sur autrui en veillant, par exemple, à ne pas partager une info, une expérience… Et puis, tout ça sans compter que des menaces bien plus graves et pressantes que la corde fixe pèsent sur nous et sur notre terrain de jeu !
Bon, excusez, mais j’ai toujours eu du mal avec la notion de gardiens du temple. Mon sang ne fait qu’un tour. J’avais envie de dire: vous voulez - en ces temps de questionnement identitaire… - qu’on organise un p’tit débat sur l’identité de l’alpiniste, les gars?? Qui êtes-vous? L’heure est grave : faudrait pas qu’avec leurs pratiques peu orthodoxes, sinon barbares, tous ces quidams aux mœurs alpines impures qui s’accrochent à des cordes fixes viennent diluer la noblesse de votre condition d’alpiniste…voire d’homme, je crois comprendre! (bon, là, faut que j’efface, vraiment). Je voulais dire tout ça, mais je me suis dit qu’il faudrait alors que j’ouvre le parapluie. Et j’aime pas la pluie Et puis en plus, tout cela dit, je trouve que les cordes fixes, c’est vrai qu’ça gâche ;-))) Mais bon, c’est pas parce que j’ai fait les Grandes Jorasses par la face nord que je milite pour la destruction du refuge Boccallate qui, quand même, quand on y réfléchit bien, permet à trop de gens d’atteindre le sommet par la VN ! Le même sommet que je me suis fait chier à gagner par le Linceul, merde, c’est pas juste….
Bon, là, j’ai menti, mais c’est pour illustrer le propos
On s’résume: non, l’alpinisme n’est pas une discipline d’élites et oui, il y a une élite de l’alpinisme comme il y a une élite dans toute discipline.
François.
et maintenant, j’ouvre le parapluie (ou je redescends dare dare par la corde fixe, ah! ah!)