Le vide, ça s'apprend?

J’ai le souvenir d’un guide disant « il faut apprendre à marcher », alors qu’il observait un jeune gars pétri de trouille, descendant aux échelles de la mer de glace (en baskets). Celui-ci enchainait les passages entre les échelles à 4 pattes (véridique), mais continuait invariablement sa progression.
De mon côté, je suis et resterai toujours débutant en alpi, car à chaque sortie, je dois me remettre plus ou moins rapidement dans le contexte du vide. Rester vaché plus de 5 minutes avec du jus en dessous, me dérange. Certaines courses déjà faites, m’impressionnent un jour, alors que les fois précédentes, tout s’était bien déroulé. Traverser, ne serait-ce que 3m d’un couloir à 60° encordés, mais sans assurage et point d’ancrage, me fout le vertige etc etc…

Ma question concerne plus l’apprentissage du vide que la compétence technique. Les sports comme l’Alpinisme, Plongée sous-marine, parapente, demandent une approche lente dans le temps et une progression graduelle pour passer certains caps psychologiques, histoire de se familiariser avec le milieu inhabituel.
J’aimerais passer à autre chose que des courses de crêtes avec quelques passages vertigineux mais trop courts à mon gout.
Faut-il viser une longueur, un dénivelé maxi, un degré de pente maxi pour faire cet apprentissage? Si vous avez des idées de courses et d’itinéraires pour débuter, je suis preneur.

Mes rares trucs, pour apprivoiser le vide, en premier c’est d’allouer un peu de temps à chaque course, en me retournant face au vide.
L’autre facteur important pour moi, est le partenaire. Outre qu’il soit qualifié et qu’il passe en tête, il faut qu’il ait une bonne écoute, qu’il soit patient et calme. En gros qu’il attende un temps soit peu que je déclenche lorsque je bloque à cause du gaz. Certains d’entre eux, même rassurants (car qualifiés et compétents), m’ont fait dépasser mes limites en mode accéléré, et j’en ai un souvenir amer. Passer une difficulté sur un ordre, sans pouvoir prendre le temps de considérer que je peux le faire, équivaut à me lacher dans le vide. Même si il est vrai que la difficulté à passer était parfois mineure.

Bref, quels sont vos conseils et astuces pour « apprendre à marcher » en milieu aérien? Comment démystifier, avec raison et en douceur, le vide?

Bonjour,

Pendant très longtemps, j’ai eu peur des montagnes raides, y compris sur des sentiers bien tracés, mais sur des vires. Puis des copains m’ont emmené faire de la via ferrata. Et cette activité m’a vraiment permis de découvrir que je pouvais passer sur des endroits bien plus impressionnants que tout ce que j’aurais osé faire avant. Depuis, je fais toutes les randos que je veux, et aussi un peu d’escalade. Je m’entraine à l’escalade en salle à peu près 1 fois par semaine ce qui me permet de rester « habitué » à être accroché sur de petites prises contre une paroi verticale ou en dévers. Et j’essaie de faire tout ce qui me parait de mon niveau « en tête », je pense que c’est important aussi pour progresser dans la confiance en soi.

Bernard

Bonjour,
je crois que tu as trouvé toi-même la solution, c’est quand tu te sens à l’aise regarde le vide et familiarise toi avec le plus possible. puis refais le dans des conditions plus aériennes. dis toi que si des copains t’ont fait passer dans des endroits que tu supposais imposssibles pour toi, je pense que c’est positif tu l’as passé.a chaque difficulté tu franchis un cap psychologique. et je trouve cette sensation enivrant. avoir peur et vaincre sa peur. il y a des jours où on a plus peur que d’autres. si l’on arrive frais sur une difficulté, par exemple on a moins peur. Du coup il faut s’entrainer et pour etre mieux physiquement, et pour s’habituer aux passages aériens.
essaie d’augmenter graduellement les difficultés techniques et tu y arriveras.
Bonnes courses

Posté en tant qu’invité par Troll:

tu peux faire du ski de rando l’hiver, et de l’escalade pour t’habituer au vide. Augmente la verticalité progressivement, et quand t’auras fait le mayer dibona à skis et El cap en grimpe, ce sera bon.

Mais j’avoue avoir du mal avec ta démarche. Pour moi le plaisir n°1 de nos sports, c’est de jouer avec ce gaz. Pourquoi faire de l’alpinisme si on aime pas ça ??? les paysages sont déjà beaux en rando, nul besoin de faire de l’alpi pour voir de belles montagnes.

Personnellement je suis assez phobique de l’eau. Ben… je fais pas de plongée.

Merci pour vos réponses. La pratique de via ferrata, que je ne connais pas, doit effectivement rassurer du fait d’un ancrage court à la longe. Je retiens cette possibilité. Augmenter la difficulté par une verticalité progressivement, c’est le moins évident lorsqu’on s’engage sur un parcours inconnu. J’avais imaginé démarrer sur un long couloir de glace à 50°/120%. Qu’en pensez-vous et en connaissez-vous?

[quote=« Troll, id: 1473558, post:4, topic:130022 »]Mais j’avoue avoir du mal avec ta démarche. Pour moi le plaisir n°1 de nos sports, c’est de jouer avec ce gaz. Pourquoi faire de l’alpinisme si on aime pas ça ??? les paysages sont déjà beaux en rando, nul besoin de faire de l’alpi pour voir de belles montagnes.

Personnellement je suis assez phobique de l’eau. Ben… je fais pas de plongée.[/quote]
Je suis d’accord, d’autant que je n’aime pas la plongée pour les mêmes raisons que toi. En montagne, c’est différent, je prends du plaisir et ne suis pas acrophobe. Du moins je ne crois pas. Je n’ai jamais été écoeuré au point d’être paralysé sur un passage gazeux; et c’est pour ne jamais arriver à cela, que je cherche à y aller progressivement… D’ou le besoin de + de temps sur un obstacle aérien, mais j’aimerais vraiment les passer dans des conditions plus satisfaisantes mentalement à l’avenir…plus serein. Merci encore de ton aide

Le vide ça s’apprend, mais ça s’oublie aussi… Enfin, je ne veux pas dire qu’on oublie qu’il est là (ça peut être là le vide :expressionless: ?) mais que le malaise peut revenir.

Salut.
Fais des grandes voies équipées raides et pas trop dures de plus en plus longues.
Comme ça tu te sens en sécu avec le bon équipement et la difficulté moyenne.
Quand tu en aura fait quelques unes le cul pendu au dessus de 100/150/200m de vide tu aura sans doute moins d’appréhension en montagne lors de passage vertigineux.
En tout cas en effet je pense que le vide « s’apprend » et pour ma part c’est avec des grandes voies équipées que j’ai diminué mon appréhension du vide.
Bonne grimpe ciao !

Ah oui et au fait je ne connais pas ton niveau en escalade mais Orpierre est très bien pour débuter la grande voie.

Posté en tant qu’invité par Cactus:

Salut, moi l’année dernière j’étais pétrifié quand je devais me mettre debout sur le toit d’une voiture. Ensuite, j’ai été attiré par le bloc mais même en haut de certains blocs en salle (3m maxi, avec le tapis et tout) javais la trouille techniquement je perdais pas mal, j’arrivais plus a monter mes pieds plus haut que ma hanche. Mais a force d’en bouffer, on prend confiance, en soi et en le matériel, en fonction des situations on sait quand on va tomber et quand ça risque pas grand chose. Puis il y a toujours une situation ou on a été plus en danger que les autres, et le cerveau compare la situation actuelle avec celle là et se dit « la ca craint pas trop » (moi c’est un jour en salle ou quelqu’un d’expérimenté a vu que mon assureur (débutant) avait fait une grosse connerie et m’a dit « tient toi bien 2 secondes, tu vas plus être assuré » quasiment en fin de voie, le temps de régler le problème).
Des fois je me remet encore des doses d’adrénaline notamment en cascade de glace quand j’ai un piolet qui se décroche d’un coup, j’ai de l’appréhension avec toutes ces pointes partout (crampons piolets), ca me fait peur de chuter avec ça. Après me faut bien 3 minutes pour retrouver un état qui me permette de grimper sans me fumer trop rapidement, sinon je suis trop crispé, je respire plus assez, etc …

Pour moi soigner une phobie ca marche comme ça:

  1. t’as peur => 2) la nuit pendant que tu dors ton cerveau travaille dessus et prend confiance => 3) le lendemain t’as moins peur, tu peux te mettre encore plus en danger => retour au 1) et etc…

Il y a 4 ans environ j’avais une autre phobie, les videos et photos trash qu’on trouve sur internet. A force d’en regarder (par ce que je glande énormément sur internet) et de passer des nuits à dormir 2 heures à repenser qu’a ca. Et à faire des cauchemars dessus, ca passe, on a de moins en moins peur. Puis on retombe sur une video encore plus trash et etc…
Maintenant je peux regarder de videos de personnes qui se font enlever la peau du visage ou reconstruire les organes reproducteurs sur canal-u.tv ca me fait plus grand chose. Ca me fait le même effet que quand je passe devant le rayon boucherie à carrefour : rien.
Mais bon normalement, il faut pas trop le dire, faut faire semblant d’être choqué sinon les gens qui sont effrayé par ca me trouvent bizarre.

Un autre truc qui m’a pas mal aider pour le vide, c’est ma mere qui m’a dit qu’a 2 ans ,j’avais échappé à son attention, je m’était tenu a 1 cm au bord d’une falaise énorme j’étais tranquille, mais elle est venu me chercher apeurée. Elle m’a dit que depuis ce jour là elle à le vertige. Je pense qu’elle l’a transmit aussi à mon cerveau en formation (le cerveau se forme beaucoup jusqu’à l’age de 4-5 ans.) qui a fait l’association vide=danger en voyant la réaction de ma mère.

Si d’ici quelque années j’arrive aussi a me guérir complètement du vertige, j’écris un bouquin :slight_smile: