Le secret de l'acclimatement des Sherpas ?

Contrairement à tout les autres, les Sherpas (habitants du Solokhumbu) n’ont pas une augmentation significative du taux d’hémoglobine lorsqu’ils montent en altitude. Ils s’adaptent plutôt en ayant une meilleur distribution de l’oxygène disponible, qui reste à comprendre -avec des conséquence thérapeutiques à la clef.

C’est le résultat d’une étude publié récemment:
https://physoc.onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1113/EP087236
vulgarisée ici:

Une explication à notre inégalité face à l’altitude ?

Merci, pour ceux que ça intéresse vous pouvez regarder ce que fait le Dr Daniel Martin (qui a l’air d’avoir chapoté cette étude), j’ai eu la chance de le voir en congrès et c’était pas mal du tout ! Et faire l’Everest en note de frais pour le boulot je trouve ça cool. :slight_smile:

https://www.europhysiology2018.org/daniel-martin

Son intervention a été filmée, elle n’est pas encore en ligne mais elle sera sur la chaîne EuroPhysiology 2018 : YouTube

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Voir Pathologie et altitude de Richalet, 1991.

Richalet a beaucoup travaillé sur la physiologie de l’altitude dans les années 80, 90 et 2000.

Il y était expliqué la différence entre acclimatation et acclimatement. Les Sherpas sont apparemment la seule population à bénéficier d’un acclimatement permanent : s’ils descendent, ils ne perdent pas la capacité à évoluer en altitude. Les populations andines, installées beaucoup plus récemment en altitude à l’échelle de l’évolution ne bénéficient pas de cet état et doivent se réacclimater après chaque descente.

Le mécanisme par contre ne semblait pas connu. Intéressant. Merci pour le partage.

@AntoineM, change le titre du post, le secret de l’acclimatation, c’est l’évolution … l’article parle du secret de leur acclimatement.

Ce qui ne les mets pas totalement à l’abri d’un MAM ou d’un OP©HA. Un cas connu à Cham lors des premières sessions de guides avec des Sherpas … mais peut-être l’avaient-ils épuisé ?

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L’acclimatation permanente des Sherpa vient en partie au moins d’une particularité génétique héritée d’un croisement avec les Denisoviens (quelque chose d’un peu comparable aux gènes hérités des Néandertaliens).

Un gène dénisovien lié à l’hémoglobine permettrait aux populations himalayennes de vivre en altitude, où l’air est plus pauvre en oxygène20. Un variant du gène EPAS1 (en) provenant des Dénisoviens améliore le transport d’oxygène et est présent seulement chez les Tibétains, et chez les Chinois Han dans une moindre proportion21.

Il ne me semble pas par contre que les gènes hérités des Denisoviens améliorent directement le transport d’oxygène par l’hémoglobine. J’ai un peu oublié et je peux me tromper en mélangeant des choses qui n’ont rien à voir mais je crois me souvenir que le mécanisme principal est une amélioration de la ventilation (amplitude et fréquence des mouvements respiratoire).

C’est bien de ne pas confondre acclimatation et acclimatement. Ce serait encore mieux de ne pas confondre sherpa et Sherpa
:wink:

Est ce que la différence existe en anglais?

PS : erreur de ma part le gène EPAS1 contrôle aussi l’affinité de l’hémoglobine pour l’oxygène (pub en 2018) mais ce n’est pas son seul mécanisme d’action.

j’ai toujours entendu dire, qu’ils avaient une capacité respiratoire bien plus importante que nous et donc qu’ils retiraient de cette capacité, un plus grand volume d’oxygène a chaque inspiration…??

OK, modifié.

Ce n’est pas seulement ça. Les mécanismes de régulation de la respiration sont modifiés et ils sont de ce fait moins susceptibles de développer une alcalose respiratoire à l’origine du mal des montagnes. C’est assez compliqué, ça fait intervenir le pH du liquide céphalo-rachidien et l’équilibre entre la réponse à l’hypoxie (quasi inexistante chez les natifs de haute altitude) et la réponse à l’hypercapnie (qui est au contraire facilitée).
Si tu veux de la litterature scientifique sur le sujet cherche « blunted hypoxic response »

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Il doit quand même y avoir avant tout une origine acquise plus que génétique, du fait qu’ils vivent à des altitudes bien plus élevées que nous. Ce qui bien sûr se retrouve dans les gènes au bout d’un moment. J’imagine que les Boliviens de la Paz ont aussi des capacités d’acclimatation bien supérieures aux nôtres ?

Ben non justement. Les populations andines ont beau vivre en altitude depuis de nombreuses générations, elles sont exactement comme nous du point de vue des capacités d’acclimatation à l’hypoxie (et bien sur pas non plus d’avantage génétique). Cette différence entre Sherpa et Andins est connue depuis longtemps. Mais ce n’est que très récemment qu’on a eu l’explication.

Attention de ne pas inverser le fonctionnement, on ne s’adapte pas par magie. Une adaptation peut s’exprimer seulement si on en a le potentiel génétique. Des mutations favorables doivent donc apparaître dans la population puis se propager soit par sélection (en cas d’avantage sur la survie et/ou reproduction) soit par dérive (par hasard une forme du gène se transmet plus souvent que l’autre).

Je n’ai pas encore cherché là dessus mais vu les origines géographiques communes, n’y aurait-il pas de corrélation avec drs populations sud-américaines très endurantes ?

Dans le cas des Sherpas, c’est un peu différents, les gènes d’intérêt ont été transmis à leurs ancêtres par hybridation avec un groupe d’humains suffisamment proche d’homo sapiens pour donner une descendance fertile, les Dénisoviens.
Les tibétains (donc les Sherpas) les ont conservés mais les autres populations dérivées de ces ancêtres hybridés les ont perdus (fréquence inf à 1% chez les Hans). C’est ce qui explique qu’on ne les retrouve pas chez les descendants des populations qui ont traversé le détroit de Berhing au moment des glaciations pour peupler les Amériques.

Je n’inverse pas le processus, mais je me suis peut-être mal exprimé. Quand je dis que ça se retrouve dans les gênes c’est qu’au final la sélection a permis de privilégier tel ou tel gêne, ceux qui aident à mieux survivre en altitude en l’occurrence. Ce que je voulais dire c’est que l’acclimatement à l’altitude s’explique par cette évolution stimulée par le séjour en haute altitude plutôt que d’origine génétiques héritées par hasard. Ceci dit je vois que des ossements de denovisien ont été découverts en Altaï donc peut être aussi à haute altitude On peut donc supposer que cette évolution était déjà operee chez eux pour les mêmes raisons donc ce n’est pas contradictoire. Ou alors, autre hypothèse et pourquoi pas, c’est parce qu’ils étaient génétiquement mieux « équipés » (par hasard?) qu’ils ont colonisé préférentiellement les hautes altitudes où ils avaient moins de concurrence?
Pour les Andins j’ai parlé des habitants de la Paz mais ça n’a pas de sens, il faudrait distinguer les hispaniques des populations originelles., car 5 siècles ce n’est pas à l’échelle de l’évolution.

mais même les populations originelles des Andes n’y sont pas depuis très longtemps
les dates avancées pour les premières traversées du détroit de Behring vont de 15000 à 20000 av JC
ce n’est probablement pas suffisant pour qu’un groupe s’installe sur des hautes terres et évolue sur ce point

Merci :wink:

@pasinvite ou c’est moi qui n’ai pas bien compris. En gros j’avais l’impression que tu envisageais du Lamarckisme, de l’hérédité des caractères acquis suite à la stimulation par l’environnement (quoique, aujourd’hui on se rend compte avec l’épi génétique que ce ne serait pas 100% faux). Pas de mal en tout cas, c’ était pour être sûr.