Le modernisme des refuges

Posté en tant qu’invité par Flo:

Que penser des nouvelles normes de confort et de sécurité qui tendent à faire des palaces hors de prix, à la place de nos petits refuges rudimentaires?

On parle beaucoup du refuge de l’ aigle, mais tous les petits refuges ou gîtes de ce style sont en train de disparaître et avec, c’ est tout un pan de notre histoire alpine qui est en train de mourir.

L’ année dernière, on a perdu le gîte d’ Ablon (Haute Savoie), les travaux à faire pour la mise aux normes sont tels qu’ il ne rouvrira probablement jamais. C’ est une ferme d’ alpage avec un immense dortoir au plancher de lames disjointes au dessus de l’ étable à vache.
On y mangeait des produits de la ferme (charcuterie et fromage) excellents, et on se réveillait au son des clarines des vaches à 5h00 du matin. C’ est une immense perte.

Le super refuge de 6 places de la Croix des têtes (Maurienne) sans eau ni électricité existe encore, mais sans doute plus pour longtemps, Il y a déjà un panneau d’ interdiction au départ du chemin d’ accès pour cause de trop gros travaux à faire pour l’ entretien du chemin.
C’ est encore une fois une question de sécurité, car il y a des cables et les chutes répétées de pierre ne permettent pas de les garantir sans danger, à moins de les vérifier et de les changer très régulièrement, mais pourtant en étant prudent, ça passe très bien.

Dans l’ Oisans, je me souviens de petites cabanes avec juste la place de 6 bas flancs et une table au milieu. Si il y en a encore, on va certainement les laisser mourir pour mettre à la place de grands refuges spacieux, car le confort amène le monde.

Et des exemples comme ça, on pourrait en citer des dizaines

Je sais qu’ on ne peut pas faire grand chose contre, à cause de ces foutus normes de sécurité, mais je suis curieuse de savoir ce qu’ aurait préféré la majorité des montagnards, construire des refuges ultra moderne comme en Autriche ou en Suisse ou conserver nos anciens vieux refuges?

Posté en tant qu’invité par driss:

vous au moin en france vous avez les ancien et les modernes refuge…que dire nos montagnard de l’atlas, tous les risque d’orages de neiges …seul exemple les 3 française morte dans le sommet du M’goun!!!
driss

Posté en tant qu’invité par AlbanK:

Quetion : la mise en conformité touche-t- elle tous les types de refuges ou cabanes, haberts, ou seulement ceux qui sont gérés par des organismes, tels les refuges du CAF ?
Dans le massif de Belledonne, les cabanes de libre-accès sont légions, elles ont été érigées par différentes ACCA, et sont libres toute l’ année, aux randonneurs, aux skieurs comme aux chasseurs …
Ceux sont des modèles d’ intégration dans le paysge et l’ ambience qui y règne généralement est formidable…
De même, qu’ est-il prévu pour les refuges d’ hiver, ouverts toute l’ année et non gardés ???
Sans parlé des cabanes de haute altitude !!!

Posté en tant qu’invité par Flo:

AlbanK a écrit:

Quetion : la mise en conformité touche-t- elle tous les types
de refuges ou cabanes, haberts, ou seulement ceux qui sont
gérés par des organismes, tels les refuges du CAF ?

Je pense que la loi, pour le moment s’ applique aux refuges où il y a des nuitées payées à un organisme, y compris les petites cabanes, non gardées gérées par le caf (ou autres).

Mais la loi est assez vicieuse car petit à petit, on élimine les refuges existants.
Le caf dont je fais partie louait, il y a quelques temps, un très joli petit chalet en montagne à 20 km de chez nous, avec des couchettes à l’ étage (une douzaine de place), le caf avait le droit de préter son chalet pour y dormir parce qu’ ils en avaient l’ usage depuis longtemps.

Mais quand le propriétaire a mis en vente, le caf a voulu acheter et là, impossible car pour rentrer dans le cadre de la loi, il y avait autant de frais de travaux pour la mise en conformité que le prix du chalet (entre autres, on leur demandait pour 12, un deuxième WC). Si on avait continué à louer ce chalet, on était en règle, mais comme il y avait un changement de situation ,la règle s’ est appliquée pour eux.

Résultat : Ils n’ ont pas pu acheter. Ils ont eu la chance de trouver un autre chalet à louer, mais ils n’ ont pu le prendre que parce qu’ il n’ y a rien pour dormir, officiellement, c’ est un refuge de jour (très utile!!).
Comme on y va, en général pour faire des fêtes le soir, on y dors quand même, par terre, tout le monde le sait, mais on doit faire comme si le président ne le savait pas pour n’ engager que notre responsabilité à nous.

A mon avis, dans les petites cabanes dont tu parles, seules celles qui ne sont pas prévues pour le couchage ont une chance de rester en vie, à terme.

Posté en tant qu’invité par Roger:

Il y a une différence dans la réglementation des refuges jusqu’à une capacité de couchage de 19 places et au delà. Ensuite une autre entre les refuges de montagne et les gîtes, même s’ils peuvent être l’un à côté de l’autre. D’autre part, il faudrait connaître le statut de ces cabanes appartenant à des ACCA ou autres : ne sont-elles pas des lieux privés, mais qui restent ouvert en permanence, en gros pas des refuges(dans le sens réglementaire).

Le garant de la sécurité est le maire, sur tout le territoire de sa commune. Pour autoriser un établissement recevant du public à ouvrir, il prend un arrêté. Pour l’aider dans sa décision, une commission de sécurité composée de la gendarmerie, de la dde, des pompiers, d’un représentant de la commune se réunie sur place afin de procéder à une visite. Le but de cette visite est de constater la conformité des installations : électricité, gaz, chauffage, issues, couchages … Suite à cela, la commission donne un avis et le transmet au maire. Donc, lorsque l’avis est défavorable, le maire peut couvrir et laisser le bâtiment ouvert, mais s’il arrive un pépin, il lui sera difficile de se défendre. Donc en général, il suit la proposition de la commission de sécurité.
Il faut ajouter que cette commission ne dit pas seulement oui ou non, mais donne tout un ensemble de prescriptions (qui n’impliquent pas forcement un « non ») : mettre aux normes le conduit de cheminée, faire vérifier les installations gaz, … (en fait, elle ne font que constater les non conformités aux textes). Et ensuite le propriétaire ou le gérant, suivant les cas, doit satisfaire à ces prescriptions. Il est évident que si, 5 ans plus tard (périodicité de la visite), rien n’a été fait, la commission devra peut-être prendre une décision plus radicale … (Ce n’est pas forcement un manque de volonté de la part des propriétaires que ne pas mettre aux normes, mais souvent un manque de moyens financiers)
Et je ne parle pas de la DDASS (hygiène, conditions d’hébergement, risques santaires), des services vétérinaires (dès lors qu’il y a de la restauration assurée), etc …

Bref, vu de ce côté là, le refuge perd un peu son côté poètique.
Allez, tous avec moi : « C’est une maison bleue, accrochée à la colline … »

Roger

Posté en tant qu’invité par Flo:

On a certes plus de refuges qu’ au Maroc, mais on a quand même plus de montagnes aussi. Des montagnards morts à cause d’ une nuit passée dehors, il y en a eu aussi en France, sans doute plus souvent qu’ au Maroc. Des abris, il n’ y en a quand même pas partout.
La montagne est un milieu à risques, y aller, c’ est l’ accepter.
C’ est pour ça que cette histoire de normes est un peu ridicule car on risque bien plus sa vie le jour de l’ ascension ou même sur la marche d’ approche pour monter au refuge que la nuit dans une cabane pas aux normes.

Posté en tant qu’invité par Roger:

Le principe est à peu près le suivant :
tu es soumis à la norme au moment où tu fais les travaux, donc quand les travaux ont eu lieu il y a 30 ans, la réglementation était moins contraignante. Mais si aujourd’hui sur le même bâtiment tu entreprends quelque chose, tu devras être à la norme du jour. En gros, tu commences à y mettre un doigt, et tu te fais attrapper tout entier !
Du coup, celà implique du « tout ou rien », puisque tu peux difficilement faire qu’une petite touche par-ci par-là.
Reste que quand tu ne fais rien, un beau jour on peut t’imposer de faire, et là, c’est soit tu fais tout, soit tu fermes …

Roger

Posté en tant qu’invité par Flo:

Donc, ça veut dire à terme, la mort de toutes les petites cabanes. Et à la place, des refuges qu’ il va falloir rentabiliser, des hôtels en quelque sorte.
Quel dommage!
Flo

Posté en tant qu’invité par Baltardive:

Le gros problème des refuges est le prix des repas (même avec une carte du CAF et même si ce prix est justifié).
Je sais qu’il existe des salles hors sac, mais je me sens pingre de refuser de prendre la demi pension à des gardiens sympa (et il en existe beaucoup).
Et pourtant je me situe dans la tranche des revenus moyens, en France (!!!)
Alors, bivouaquer ? Oui mais cela peut poser des problèmes de pollution, si cela se généralise. Il y avait un projet intéressant de camping à Tête Rousse : où cela en est -il ?

Posté en tant qu’invité par Marcel Demont:

Merci Flo pour cette évocation d’un temps où, en des lieux aimables, régnait la simplicité.
Témoignage datant de 1881 :

« Au retour de l’ascension du Grand Tavé, nous arrivons à la cabane Panossière où nous avons prévu de passer la nuit.
Pénétrer au rez-de-chaussée de cette sorte de cave humide s’avère difficile, car les lieux sont encombrés de neige et de glace.
Après bien des efforts, nous exhumons d’une congère le fourneau-potager, doublé d’une couche de glace.
A l’étage supérieur, celui du dortoir, tout un côté est envahi par la neige.
La paille revêtant les couchettes est humide et à demi pourrie. Tant pis, l’heure venue, nous y étalerons nos membres endoloris pour un repos bien nécessaire.
Enfin, nous allumons un bon feu, non sans avoir, au préalable, démoli une caisse pour avoir du bois, car notre guide et son porteur n’en ont guère transbahuté.
Sur le poêle ronflant nous préparons une soupe et du thé dont nous nous délectons, oubliant presque, pour un bref instant, que nous avons les pieds et les fesses dans l’eau.
L’un d’entre nous joue un air entraînant avec son fifre.
En dépit de l’inconfort, le lendemain nous réalisons l’ascension du Grand Combin, et, au retour, décidons de faire encore les cinq heures de marche nécessaires pour rejoindre le Châble ! »

« Après avoir réussi l’ascension du Combin de Corbassière, au cours de l’après-midi, pour nous ragaillardir, nous concoctons, dans le respect de toutes les règles de l’art culinaire, une bonne soupe.
Nous y mettons tous les excellents produits que nous pouvons trouver, y compris un os de jambonneau abandonné par des prédécesseurs, et dont la moelle doit remplacer le beurre.
Pendant que la soupe mijote, nous nous installons au soleil, sur les rochers, en avant de la cabane.
Enfin, l’un d’entre nous apparaît, jubilant, avec la marmite fumante.
Etonnement général!
Une épaisse mousse blanchâtre, parsemée de petits fragments ressemblant à des vermicelles, recouvre la soupe.
Qu’est-ce ?
A la lumière du jour, l’énigme est vite éclaircie : le malheureux os de jambonneau ne contient que des asticots ! Les moins délicats tentent bien d’ingurgiter quelques cuillerées, mais… ils y renoncent promptement, et le contenu de la marmite va irriguer la moraine. »

[%sig%]

Posté en tant qu’invité par jc:

Je n’ai pas lu la loi mais j’espère qu’elle distingue bien les différents types de refuge. Pour ne parler que des Ecrins-oisans, comment comparer et faire des normes identiques pour le refuge du Carrelet (buvette!), le refuge du Glacier Blanc (on y voit de tout), le refuge de l’Aigle (alpi 95%)…

Posté en tant qu’invité par Roger:

Un refuge de haute montagne est par exemple soumis à la même réglementation qu’un restaurant de la vallée pour ce qui est de sa cuisine …
Etonnant, non ?

Et d’ailleurs, concernant la sécurité incendie, la catégorie refuge ne distingue pas haute-montagne et moyenne montagne, et peut s’appliquer à des établissement accessibles par la route une partie de l’année :

Article REF 2 - Définition
§ 1. Pour l’application du présent règlement, on appelle refuge un établissement de montagne non accessible aux engins des sapeurs-pompiers pendant au moins une partie de l’année, gardé ou non, pouvant offrir l’hébergement à des personnes de passage dans des conditions différentes de l’hôtellerie classique (types O et OA).
§ 2. Selon qu’ils sont gardés ou non, les refuges sont classés en deux ensembles :
- premier ensemble : les refuges non gardés ;
- deuxième ensemble : les refuges gardés quelle que soit la durée du gardiennage.

Donc, refuge du Goûter et refuge de l’Orgère : même combat !
Les nuances entre les refuges classiques et les cabanes de Belledonne évoquées plus haut sont peut-être à chercher dans les sous-ensembles « non gardés » et « gardés ».

Un lien pour les curieux :
http://www.sitesecurite.com/frames.asp (il ne s’agit que de la réglementation incendie)
Allez visiter « réglementation ERP => spécifique … => Type REF »
(ERP : établissement recevant du public)

Roger

[%sig%]

Posté en tant qu’invité par AlbanK:

Histoires de loups, d’ ours ou de refuges, il a réponse à tout, le Roger !!!

Tu es un peu le Quid-Nature de 2C2 !!!

Posté en tant qu’invité par jc:

Eh bien cela confirme mes craintes. Stupidité de la législation, donc y’a qu’à mettre du carrelage partout et manger des pâtes à l’eau stérilisée avec des couverts en plastique. A quand les gardiens avec une coiffe, un tablier et des gants chirurgicaux??

Et vive le bivouac!

Posté en tant qu’invité par Phil:

jc a écrit:

Eh bien cela confirme mes craintes. Stupidité de la
législation, donc y’a qu’à mettre du carrelage partout et
manger des pâtes à l’eau stérilisée avec des couverts en
plastique. A quand les gardiens avec une coiffe, un tablier et
des gants chirurgicaux??

Faudra lutter, jc… Pas question se laisser faire ! Monter du rouge pour mettre dans la soupe lyophilisée de la nasa, et de la tomme de guerre pour mettre ostensiblement dans les pâtes chirurgicales !!! Manger avec son opinel, le vieux, celui avec la lame en acier au carbone, jamais lavé depuis qu’on l’a comme il se doit…

Quand j’étais gosse, en camp d’été, on découpait le poulet à coup de hachette sur une table maison fabriquée avec des planches de récup’ et les arbres qu’on avait coupé… Maintenant il faut un frigo à moins d’un kilomètre pour y conserver trois jours minimum un échantillon de tout ce que les gamins ont mangé… Safe attitude, bienvenu dans le monde des avocats et du risque zéro :-(((

Posté en tant qu’invité par jc:

Ouaiche! (obliché de parler comme cha, il me rechte un bout de chauchichon coinché entre 2 morcheaux de fromache dans la bouche)…

Posté en tant qu’invité par ys:

au nom de la sacrosainte responsabilité , de l’obligation à trouver un , des …coupables ,
à tout aseptiser , à la mise en application des normes HACCP ( normes alimentaires inventées par ou pour la NASA ) d’avoir des petits ’ chefs de services qui se font mousser ’ à - règlementer , statuer , sécuriser , légiferer . Tous ces charognards
finiront par faire démolir les cabanons qui servent d’abri ; les montagnes , deviendront des " no man’s land " et dans leurs mornes quiétudes,soulagés d’avoir accompli leur travail ils pourront savourer leurs actes tels de bons petits soldats à la botte du pouvoir

Posté en tant qu’invité par AlbanK:

Hard Analysis Critical Control Point…

ça veut tout et surtout rien dire. Au nom du grand " n’ importe-quoi " et de la Big-european-parno, on brasse encore et toujours des tonnes et des tonnes d’ air…

La grande usine à gaz administrative et paperassière ne manque jamais d’ imagination…

Dors tranquille , peuple de France, c’ est pas demain qu’ on commencera à tourner en rond…