L'alpinisme est-il en déclin ? En vue d'un article pour la Revue Suisse

Posté en tant qu’invité par adriandu74:

Il est en déclin ou il s’essouffle ?

Tout a été fait, les plus beaux sommets sont parcourus de plein de voies, les moches n’attirent personne, les classiques sont patinées, la niche du Dru a été descendue à ski, le Linceul idem et tout le reste, les gros enchainements ont été réalisés, ça parpine, plus rien ne tire l’alpinisme vers le haut, ça manque de concepts nouveaux et aucune icône ne fait rêver les jeunes…

La preuve: c’est Rébuffat qui est le plus souvent cité :lol: on est clairement dans la nostalgie de l’escalade vintage…

pas vrai, il y a de la place partout.

chut…

Posté en tant qu’invité par adriandu74:

[quote=« kantuser, id: 1763874, post:104, topic:156679 »]

pas vrai, il y a de la place partout.[/quote]

Il ne s’agit pas de place, que personne ne conteste, mais de « lignes » d’intérêt.

Pour ma part, mais je n’ai pas beaucoup de recul, je n’ai pas tellement l’impression que l’alpinisme recule. Il évolue, il n’est jamais que le reflet d’une société (reflet en opposition pour certains, en parallèle pour d’autres) qui elle aussi change. Les refuges sont remplis, du moins pas vides ni en faillite, les adhésions à la FFME ou au CAF ne sont pas en baisse il me semble, la montagne est parcourue, l’alpinisme vit. Certes, on n’est plus aux temps héroïques, aux grandes explorations, mais ceux qui veulent encore de l’aventure en trouvent là où il la souhaite. Le TA existe toujours, les marches d’approches aussi, les enchaînements inédits, les libérations d’itinéraires en artif ne sont pas terminés.
Avant de parler de déclin il faut donc bien définir ce que l’on entend par alpinisme. Evidemment en Suisse, les 4000 faciles et avec guide sont légions, mais c’est aussi ce que les guides veulent, les stations veulent pour rentabiliser le ferraillage de nombreuses montagnes. Mais là comme ailleurs, il existe autre chose.
Qu’importe enfin qu’il y ait chute de la pratique, la montagne est toujours là, il existe encore de beaux vallons sauvages, de belles lignes à parcourir, des couloirs vierges et il y aura toujours des personnes attirées par les cimes enneigées… qu’ils soient légions ou très peu, ma foi, chacun doit s’en moquer jusqu’au moment ou la pratique des autres empêche la sienne !

Petit retour dans la presse, et effectivement on parle de C2C et de cette discussion.

Certains s’y reconnaîtrons :slight_smile:

@+

Pacha

Et l’article paru dans la Revue Suisse :slight_smile:

[quote=« adriandu74, id: 1763868, post:103, topic:156679 »]Il est en déclin ou il s’essouffle ?

Tout a été fait, les plus beaux sommets sont parcourus de plein de voies, les moches n’attirent personne, les classiques sont patinées, la niche du Dru a été descendue à ski, le Linceul idem et tout le reste, les gros enchainements ont été réalisés, ça parpine, plus rien ne tire l’alpinisme vers le haut, ça manque de concepts nouveaux et aucune icône ne fait rêver les jeunes…

La preuve: c’est Rébuffat qui est le plus souvent cité :lol: on est clairement dans la nostalgie de l’escalade vintage…[/quote]

ou bien lancer la mode du « vintage alpinisme » ou comment parcourir et re-découvrir des itinéraires d’alpi qui étaient à la mode il y a 50 ans et qui ne le sont plus…

pour la suite du débat, je pense que tout est dit quand vous comparez le nombre de CR sur c2c de la goulotte chéré versus le nombre de CR sur c2c de la voie normale des drus…

Posté en tant qu’invité par alibaba:

ce qui change tout c’est internet. Quand les trucs mythiques sont réputés en conditions, y a plein de monde… quelques cordées tous les jours (c’est à dire peu en fait) pendant quelques jours, particulièrement les trucs en glace ou mixte. En réalité, les courses moyennes ou difficiles des années 70 sont largement désertées et aussi les « tas de cailloux » classiques il y a 30 ans. En général tout ce qui dépasse le niveau TD est déserté sauf peut-être dans le massif du mont blanc et encore.
Reste les courses de neige, plutôt faciles et plutôt sur des 4000, là oui, il y a du monde. A mon avis seul les gardiens de refuge ou les vrais guides pourront te donner des données chiffrées rigoureuses.

[quote=« alibaba, id: 1782167, post:112, topic:156679 »]En général tout ce qui dépasse le niveau TD est déserté sauf peut-être dans le massif du mont blanc et encore.
Reste les courses de neige, plutôt faciles et plutôt sur des 4000, là oui, il y a du monde.[/quote]
Ben oui… plus c’est difficile, moins il y a de monde et plus c’est facile, plus c’est fréquenté. Ce n’est pas nouveau.

Posté en tant qu’invité par elbilloutte:

[quote=« Francois, id: 1782169, post:113, topic:156679 »]

[quote=« alibaba, id: 1782167, post:112, topic:156679 »]En général tout ce qui dépasse le niveau TD est déserté sauf peut-être dans le massif du mont blanc et encore.
Reste les courses de neige, plutôt faciles et plutôt sur des 4000, là oui, il y a du monde.[/quote]
Ben oui… plus c’est difficile, moins il y a de monde et plus c’est facile, plus c’est fréquenté. Ce n’est pas nouveau.[/quote]
oui et non…
le contre exemple : le monde qu’il y avait sur la face nord des grandes jorasses pendant l’automne 2014.
pourtant ce sont des itinéraires plutôt durs… a contrario au même moment et dans le même secteur on était seuls sur notre itinéraire beaucoup plus facile (traversée nonne) comme quoi…

L’exception plutôt.
Car par exemple, quand il fera de nouveau beau, il y aura plein d’itinéraires en face N à faire en hivernal.
Pourtant ça ne se bousculera pas…

Ce n’est pas que l’alpinisme de haut niveau qui est en déclin.
Les voie normales sont elles aussi moins fréquentées.
Il me semble aussi qu’il y a moins de monde sur les GR.
Et j’ai lu récemment, peut être dans la revue de MW, que la fréquentation des refuges avait bien baissé cette année.

Je viens de lire l’article du temps, je n’avais pas vu la discussion! C’est intéressant, et je n’ai pas lu tout le post mais je suis d’accord avec ce qui a été dit en p. 1, notamment avec le fait que les sports « rapides » sont plus socialement acceptables.

J’ai l’impression qu’avant la montagne ça fascinait beaucoup plus, et que maintenant c’est vu (par ceux qui n’en font pas) comme dangereux. Pourtant, c’est pas plus dangereux que de dépasser les limitations de vitesse ou de conduire en ayant bu, et combien de gens le font quand même! Mais c’est un monde qui paraît plus lointain, plus inaccessible peut-être? Que le fait de conduire une voiture…

Parallèlement et paradoxalement, il y a (ce n’est qu’une impression) beaucoup de personnes qui n’en ont aucune idée de la montagne et qui en font, parce que c’est attirant. Et là en effet, même des courses faciles deviennent dangereuses… Chaque chose en son temps il me semble, mais dans la logique du « on veut tout tout de suite » certains ne prennent pas le temps d’apprendre.

Enfin voilà, long débat pour savoir si l’alpinisme est en total déclin ou si les choses se sont transformées. C’est sûr qu’Internet, ça change énormément de choses!

???. Les faux guides sont ils la cause du déclin de l’alpinisme ?

Posté en tant qu’invité par Néou:

En ce qui concerne les Pyrénées je n’ai pas l’impression que l’alpinisme soit en déclin. Je trouve au contraire que la pratique est plus développée et le niveau plus élevé qu’avant. Quand les conditions sont là c’est fou le monde qu’il peut y avoir dans certaines courses. S’il y a des condis en face nord du Vignemale en hiver c’est la foule ça en devient même compliqué, j’ai déjà vu 9 ou 10 cordées jours dans l’Arlaud Souriac quand c’est bon alors qu’il y a 20 ans il y avait une cordée par saison. Même chose au cirque de Gavarnie, c’est de la cascade mais ça se rapproche de l’alpi, approche assez longue, conditions à évaluer, danger objectif, descente parfois compliquées. Parfois c’est blindé.Déjà vu 3 ou 4 cordée à Aloïs, 5 ou 6 à Thanathos autrefois des voies ultimes pour alpiniste de pointe. et je ne parle pas des classiques du cirque.
Prenons les voies d’Ordesa, ou Montrebei, terrain aventureux par exellence, il y a vraiment beaucoup plus de monde qu’il y a 20 ans. Le nouveau secteur en vogue, la Pena Montanesa, ça grimpe tous les jours, pourtant le ticket d’entrée est élevé.
Dans les classiques de l’Ossau, il y a du monde tout l’été. Si l’on prends de voies plus facile et classique: NW Astazou, Arête des 3 conseillers etc il y a toujours plusieurs cordées s’il fait grand beau.
Cet été je suis allé au Quayrat, eh bien 6 cordées dans la face Ouest, bon une autre fois on était les seuls c’est vrai, mais il faisait couvert et froid. Pareil aux Spijeoles, des pics à 6 cordées/j dans le grand dièdre dans parler des autres voies de la face.
Au Néouvielle l’immortela a été faite 7 ou 8 fois une journée record.
S’il y a des condi au Fischesser ce sont 3 cordées qui vont passer par jour…
A Barosa c’est impossible de grimper tellement il y a de monde.
Si on parle du ski de rando alors là c’est l’explosion. 50 voitures à Tournaboup avant l’ouverture de la station. Des itinéraires tracés partout, couloirs, pentes raides etc, par contre les gens sont plus prudents; Rares sont ceux qui font n’importe quoi. Le niveau a augmenté mais la connaissance et la gestion du risque aussi.

je vais jouer à l’avocat du diable mais mes 2 dernières sorties alpi (pourtant sur des classiques) on était seuls!
Traversée ossau (petit pic, grand pic)
traversée nonne

ce que je constate c’est surtout que l’on était seuls car pratiqué en dehors de la saison ou c’est « habituellement en conditions » en y allant avec la méthode « on n’ a pas/peu d’infos mais on y va et on verra bien »
Alors certes, ça a légèrement corsé l’aventure, mais rien d’insurmontable.
Je pense que comme on est de plus en plus connectés/informés, les endroits ou ont sait qu’il y a de bonnes conditions sont de suite connus et tout le monde s’y jette (peut être en réfléchissant moins)
A contrario, les endroits ou il n’y a « pas d’infos », on s’y jette moins alors que « pas d’infos » ne veut pas forcément dire « pas en conditions »
d’ailleurs je constate souvent que les cordées qui se prennent un but météo/conditions n’avaient pas prévu de solution « bis »

Si, mais à condition de le recopier entièrement dans le navigateur.
Car en pointant dessus, effectivement ça ne marche pas.

A dieu jp13,

Merci pour l’article.

Mais c’est un réflexe de cliquer sur un lien, on ne pense pas toujours à le recopier. :slight_smile:

Posté en tant qu’invité par alibaba:

[quote=« sangria, id: 1782402, post:117, topic:156679 »]Je viens de lire l’article du temps, je n’avais pas vu la discussion! C’est intéressant, et je n’ai pas lu tout le post mais je suis d’accord avec ce qui a été dit en p. 1, notamment avec le fait que les sports « rapides » sont plus socialement acceptables.

J’ai l’impression qu’avant la montagne ça fascinait beaucoup plus, et que maintenant c’est vu (par ceux qui n’en font pas) comme dangereux. Pourtant, c’est pas plus dangereux que de dépasser les limitations de vitesse ou de conduire en ayant bu, et combien de gens le font quand même! Mais c’est un monde qui paraît plus lointain, plus inaccessible peut-être? Que le fait de conduire une voiture…

Parallèlement et paradoxalement, il y a (ce n’est qu’une impression) beaucoup de personnes qui n’en ont aucune idée de la montagne et qui en font, parce que c’est attirant. Et là en effet, même des courses faciles deviennent dangereuses… Chaque chose en son temps il me semble, mais dans la logique du « on veut tout tout de suite » certains ne prennent pas le temps d’apprendre.

Enfin voilà, long débat pour savoir si l’alpinisme est en total déclin ou si les choses se sont transformées. C’est sûr qu’Internet, ça change énormément de choses![/quote]
D’accord. Peut-être la question de l’apprentissage aussi (comment, avec qui?). De toute façon c’est toujours aussi difficile de trouver des partenaires fiables, même avec internet.