La vie ... suite (témoignage)

Posté en tant qu’invité par jl:

Je réponds aux quelques questions que vous me posez :

Après une expérience comme celle-là, est-ce qu’on reprend ou pas ?

Dans notre cas, j’ai repris une semaine après; quant à ma soeur, elle reprendra quand elle aura l’occasion de rechausser les skis (n’étant pas sur place) Quand j’ai repris, il faisait beau, j’ai eu l’impression de redécouvrir la montagne, comme un peu embrumé. Après, reprise ou pas reprise ? chacun réagit différement je pense en fonction de ses sensibilités et de la façon dont on vit. Pour ma part, je considère la vie dans le présent et dans l’action; j’ai rien contre le tricot, mais c’est vrai que c’est pas tout de suite que je vais me mettre dans un fauteuil à tricoter …

Achat d’un arva ?

j’ai bien acheté un arva à ma soeur comme comme on en avait parlé sur la route avant la sortie. Le fait que ma soeur n’est pas eu d’arva, ca s’est fait comme ça; elle aurait dû évidemment en avoir un. On fait pas toujours les choses comme il le faut, c’est un peu (par exemple) comme quand on a les pneus de la voiture à changer; parfois, ça traîne un peu, ça coûte cher, on attend le mois prochain … bref, si on faisait tout dans les régles de l’art, la vie serait parfaite, on aurait rien à redire …

Les risques après l’avoir sorti ? la redescente ? les secours ?

malgré le temps passé sous la neige, ma soeur n’a pas eu froid du tout, elle n’a jamais tremblé. J’étais moi-même le premier surpris ! je tremblais plus qu’elle presque ! Elle était couverte avec un gore tex en haut et un en bas, elle avait la capuche, elle n’a donc pas eu de neige du tout dans le cou, ni ailleurs. Je pense que dans le doute d’un endroit menaçant, même s’il fait chaud, c’est bien de se couvrir.
La redescente s’est fait à ski pour nous deux ! Après l’avoir déneigé elle tenait debout (oui oui !), on est redescendu seul, ma soeur me suivant dans mes traces. C’est sûr que les skis nous ont servit uniquement à glisser pour atteindre la voiture le plus vite possible. La partie plaisir a été mise de côté !
Les secours n’ont pas été au courant et personne n’était dans la zone lors de l’accident. Nous avons croisés des raquettistes en redescendant, en les informant juste qu’on avait pris une avalanche; on sentait un léger décallage entre leur état d’esprit et le notre !

Aérosol avant l’avalanche ?

Effectivement, il l’a précédé pendant quelques secondes.

Posté en tant qu’invité par Paul G:

Merci à Séverine pour son témoignage…
Dans le premier post de JL, j’ai cru qu’elle était dans le coma, c’est rassurant de savoir que vous êtes descendus à skis !

Je me suis livré à un petit calcul. A raison d’un coup de sonde toutes les 6 secondes (ca me parait très rapide) pendant 8 mn, régulièrement espacés, on couvre la surface de… 4m x 4m ! Par rapport à la surface de dépôt, ce n’est sans-doute pas grand chose.
Séverine a été sauvée par la tenacité de son frère, mais aussi parce que la coulée ne l’a probablement pas déplacée, et que son frère a eu le temps de visualiser l’endroit. A mon avis, Saint-Bernard (patron des skieurs et des alpinistes !) était de veille ce jour là…

Pour répondre à Andras, dans une recherche réelle avec ARVA (victime sous 1m à 2m de neige), il reste finalement une zone d’incertitude de 1 à 4 m2. Il faut aussi noter que le « maximum » ne correspond pas forcément à l’aplomb de la victime. Sachant qu’un m3 de neige pèse 3 à 500 kg, on voit vite l’intérêt de la sonde pour creuser tout de suite au bon endroit. On doit bien parler de Arva-pelle-sonde, et ne pas considérer cette dernière comme accessoire.

Posté en tant qu’invité par Goéric:

Je pense que tu as mal compris … si tu relis bien la phrase tu verras que jl a voulu dire : « il est inutile de dire que c’était une erreur de ne pas avoir été équipé tous les deux d’un ARVA ».

Merci à jl et Séverine pour leur témoinage.

Goéric

Posté en tant qu’invité par thibaud:

Mon plus grand bonheur, c’était de serrer mon Frere et ma Soeur dans mes bras,
le soir même, TRES TRES FORT.
Séverine revenait de la Mort, ca se lisait dans ses yeux. Mais elle en parlait comme d un
Paradis: « tu sais la mort c est beau ». Son regard dans le flou, debout devant moi pour
me témoigner qu’elle était en VIE, elle portait encore le poids de l’avalanche sur les
épaules. Il ne lui restait plus que la peau et les os. Elle ne comprenait pas le Miracle qui
l’avait épargnée.
Jean-luc, couvert de la bonne Etoile et de son 6eme sens de montagnard, vivait à la fois
le plus grand cauchemar de sa vie et le plus beau rêve de son existence. Dans sa tête,
le Pire et le Meilleur s’entrechoquaient.
Cette fois ci le Rêve est devenu réalité, pour un moment de Fraternité intense !
J’aurais pu perdre 2 frere et soeur ce jour-là et j’ai une pensée toute particulière
à ceux pour qui le Miracle n’a pas eu lieu… Je souhaite du fond de mon coeur que
ce témoignage puisse épargner des VIES.

Posté en tant qu’invité par Mic’hel:

un élan de positivisme envahit le forum grace à la famille A. :o)
Bien du bonheur en montagne à vous tous!

Posté en tant qu’invité par chouck:

Bravo pour votre récit, c’est vrai qu’on s’y croirait. Que le rab de vie vous soit à tous les deux aussi chanceux…
Cependant je comprendrend pas pourquoi vous ètes sortis par risque 4 sans arva…ca j’avoue ne pas comprendre. Qu’est ce qui vous à poussé à tant d’imprudence?

Si vous avez une explication je suis preneur*
Merci!

Posté en tant qu’invité par eau de vie:

jl, séverine, thibaud : OUF (j’avais les mêmes craintes que paul) et merci beaucoup pour vos témoignages poignants.

enjoy

Posté en tant qu’invité par jm:

Merci…

Posté en tant qu’invité par Docteur Jyvégo:

Bienvenue au club Severine, moi aussi j’ai fait mes 10 à 12 mn, risque 4 également, mais ARVA par contre. A tout ceux qui pourraient trouver ce récit un peu trop ceci ou un peu trop cela,sachez qu’il colle très bien à mon expérience. Mon conseil, n’attends pour repartir en montagne, j’ai laissé passer plus d’un mois et demi sans faire de virée, grosse erreur à mon avis, ne surtout pas rester sur ce qui est finalement une mise en échec. Quelques sorties à pied ou raquettes en forêt seront bénéfiques. Et chapeau au frérot qui comme mon unique sauveteur a eu un sacré sang froid (c’est pas un jeu de mots)

Posté en tant qu’invité par Fr@nçois:

Merci beaucoup pour ton témoignage, il t’a fallu beaucoup de courrage pour le faire je pense.
C’est aussi une façon de remercier ton frère.
Vous êtes vraiment formidable tous les deux je vous suhaite bon ski à venir et croquer votre rab de vie comme vous l’entendez.

Posté en tant qu’invité par Paul G:

Cependant je comprendrend pas pourquoi vous ètes sortis par risque 4 sans arva…

Il me semble que le niveau de risque peut influer sur le choix du massif ou de la course, mais je ne pense pas qu’il doive influer sur le port de l’ARVA. Dans la formation neige-avalanche que j’ai suivi (CAF), on nous a indiqué que le maximum d’accidents avait lieu par risque 3, parce que c’est là que les gens font moins gaffe.
C’est un peu comme la ceinture de sécurité, on ne va pas la mettre uniquement le jour où les conditions de circulations semblent mauvaises…

Après, il me semble que le col de la Saulce est un objectif raisonnable par risque 4. L’erreur était sans doute de s’aventurer plus haut vers les lances de Malissard.

Que celui qui n’a jamais pêché jette la première boule…

Posté en tant qu’invité par Michel:

Magnifique votre récit et le goût que peut avoir la vie … si fragile. Bravo et merci pour ce témoignage où transpercent l’émotion et les moments forts qui vous appartiennent. Partagez votre joie avec vos amis, je vous souhaite à tous de continuer à apprécier la vie comme elle sait nous fournir des moments extraordinaires : en ce moment, les sorties de ski sont toutes trop … great : voir les commentaires sur la partie « sorties » du site !

Vous avez eu à la fois une chance et un sang froid extraordinaires (retrouver seul Severine ensevelie sans ARVA, c’est incroyable) et en meme temps la très grande malchance d’etre SUR le PASSAGE de l’avalanche. Car dans la plupart des cas de victimes d’avalanches, ce sont les victimes (ou d’autres au dessus) qui l’ont déclenchée. Dans votre cas, c’est un déclenchement naturel, ce qui est rare. Toutes les victimes d’avalanche se considèrent comme des miraculés, la première leçon reste la modestie.
Ce qui est surprenant dans votre cas, c’est que Severine n’ait pas été « entrainée » par la coulée, ce qui peut s’expliquer si elle était placée « en bout » de la coulée (c’est aussi là que le maximum de neige s’accumule et que la neige va « le moins vite ») . Est ce le cas ?

Posté en tant qu’invité par Paul G:

Dans votre cas, c’est un déclenchement naturel, ce qui est rare.

L’avalanche a peut-être été déclanché par le bas, par JL.
Je crois que c’est même possible à distance. Qd le piège est en place, un rien suffit parfois à le mettre en branle.

Posté en tant qu’invité par Manuella:

J’écris ce mot, avec beaucoup d’émotion, j’étais déjà très émue lorsque Thibaud me l’a raconté mais lire votre récit est encore plus éprouvant.
Il vous a fallu beaucoup de courage et de sang froid !
Finalement la vie est bien faite, c’était pas l’heure de partir pour Séverine et Jean-Luc a fait en sorte que ça ne le soit pas non plus.
Je suis très contente que vous vous en êtes sortis.

A très bientôt

Posté en tant qu’invité par Phil:

Merci à vous deux pour le témoignage. Emouvant.

Amitiés, et long vent

Posté en tant qu’invité par David:

Bonjour,

Ton témoignage intéresserait surement l’ANENA (Association Nationale de l’Etude de la Neige et des Avalanches). Il propose un questionnaire afin d’inventorier les avalanches. Je te communique le lien :
ANENA

Bon ski,

David

Posté en tant qu’invité par davidof:

Ton témoignage intéresserait surement l’ANENA (Association Nationale de l’Etude de la Neige et des Avalanches).

Fred Jarry de l’Anena a déjà été en contact avec JL, je pense.

L’année dernière seulement 2 personnes sur 10 ont été trouvées vivantes par sondage (chiffres www.anena.org>

Posté en tant qu’invité par Francois:

On ne peut s’empêcher de faire le rapprochement avec une avalanche en-dessous du ref. de l’Oule, l’an dernier.
Même type de situation (mais le risque était de niveau 2): un gars et sa soeur. Le gars avait un arva mais sa soeur n’en avait pas. Ca s’est beaucoup plus mal terminé vu que la fille y est restée.
La conclusion va de soi.

Posté en tant qu’invité par catherine:

Tout d’abord un grand merci à JL qui nous fait partager son expérience que j’ai lue avec beaucoup d’émotion, et qui nous transmet cet espoir formidable qui l’a soutenu pendant toute la recherche à la sonde : il ne faut pas baisser les bras.

Johan a écrit:

On lit « souvent » des témoignages avec un fin heureux, presque
jamais des histoires qui finissent mal. En tout cas c’est mon
impression personnelle. Je ne crois pas que ça reflette la
proportion réélle de fins heureux/malheureux. C’est dommage!

si on va sur le site de l’ANENA, on voit qu’il y en a qui ne s’en sortent pas toujours bien, hélàs :
http://www.anena.org/actu/actu_bilan/bilan_04_05/tableau_bilan04_05.html
l’ANENA n’est pas informé de tous les accidents se terminant bien, donc on ne sait pas vraiment ce qu’il en est des proportions indemnes/blessés/décédés.

Ce genre de témoignages ça fait bcp réfléchir, mais quand ça
finit mal ça le fait encore plus.
oui, j’ajouterai même, et sans voyeurisme malsain, que l’étude de cas d’avalanches est très pédagogique, à la fois pour tenter de comprendre quelles ont été les conditions du déclenchement, puis comment ont été menées les recherches, etc… et en tirer des enseignements allant dans le sens de la sécurité.
Dans la revue de l’ANENA il y a maintenant une rubrique concernant à chaque fois un cas réel d’avalanche, certains se terminant bien, d’autres tragiquement, tous nous enseignant quelque chose. Certains de ces cas sont mis en ligne sur le site de l’ANENA.

Posté en tant qu’invité par Gobelet:

Pour une fois qu’un sondage marche…