Posté en tant qu’invité par Oncle Bill:
Ivan désirant avoir des renseignements sur la profession de nivologue, voici quelques éléments concernant ceux de Météo-France (il existe des variantes avec leur collègues de Davos pour la Suisse).
A Météo-France, les nivologues sont avant tout des météorologues. Ils ont donc suivi les études de météo à l’école nationale, qui se situe à Toulouse (entrée sur concours). Les personnes travaillant dans les centres de montagne suivent ensuite une formation spécifique pour la prévision du risque d’avalanche, formation qui se perfectionne ensuite sur le tas. En Suisse, c’est différent puisque les services de météo et de nivologie sont distincts.
La réalisation de la prévision se fait à partir de différentes sources d’information :
- Les sondages de battage du manteau neigeux : Ils sont réalisés en général dans des stations de ski par des pisteurs secouristes dans des zones non damées et non skiées. On en a à différentes altitudes (maximum 2800 m en Haute-Savoie), en différents versants et différents massifs. Chaque sondage nous donne une information locale sur la résistance du manteau neigeux et les différentes couches, que l’on peut extrapoler à des zones plus ou moins vastes.
- Les observations nivométéo : Réalisées deux fois par jour par des observateurs (en général les même pisteurs secouristes), elles nous présentent les conditions météo ainsi que quelques données nivologiques (activité avalancheuse, épaisseur de neige, neige fraîche, état de la neige de surface, sa température et sa densité). Ces informations, qui nous transmises par téléphone, permettent d’estimer la transformation du manteau neigeux au fil de quelques jours.
- Quelques stations météo à différentes altitudes qui nous indiquent : Température, vent, précipitations voire épaisseur de neige.
- Un modèle de simulation de l’évolution du manteau neigeux, alimenté par les observations météo des observateurs ou des stations automatiques. Ce modèle calcule un manteau neigeux moyen entre 6 orientations différentes tous les 300 m d’altitude et sur chaque massif montagneux. Une information intéressante qu’il faut recaler avec les données de terrain.
- Les connaissances théoriques et l’expérience du nivologue (très important).
- Les observations faites par le nivologue lui-même sur le terrain (vivement que j’ai un jour de libre pour coller les peaux sous les skis !), des observations glanées par-ci par-là (Ah bon, t’as fait partir une plaque ? C’était dur ou poudreux ?).
- La prévision météorologique réalisée par le collègue qui travaille dans la pièce d’à côté.
Le travail du nivologue est essentiellement un travail de bureau, même s’il fait plus ou moins régulièrement des sortie sur le terrain (visites des observateurs nivométéo des stations de ski, randonnées à ski).
Après avoir déterminé comment sera (ou serait !) le manteau neigeux le lendemain, il faut rédiger le bulletin, et ce n’est pas toujours une mince affaire. En effet, le bulletin doit présenter une information pertinente (inutile de dire ce qui est sans intérêt) pas trop longue (surtout, ne pas noyer le poisson) et bien structurée (sinon, risque de mauvaise compréhension). L’information est donc synthétisée dans la partie « Stabilité du manteau neigeux ». On finit par déterminer l’indice de risque sur l’échelle européenne : Une synthétisation de l’information synthétisée !
Le bulletin est enregistré sur un micro-ordinateur, le son étant ensuite téléchargé sur un serveur vocal. C’est le même texte qui est envoyé sur www.meteo.fr ainsi que sur Minitel (après formatage spécifique).
Dans les situations critiques, il nous faut aussi avoir des contacts fréquents avec le « point focal » (A Grenoble pour les Alpes) qui émettra des bulletins d’alerte pour les services de sécurité et des messages vers les médias nationaux, assister éventuellement à des commissions locales de sécurité (essentiellement à Chamonix), contacter des radios ou télévisions locales.
Ceux qui ont la revue de l’ANENA pourront consulter un article du numéro 87 (septembre 1999), qui s’appelle « Comment fait-on un BRA », le BRA étant le Bulletin d’estimation du Risque d’Avalanche.