La poudre parfaite n’est-elle pas le Graal ? Certes les descentes sur neige de printemps par chaudes températures sont mémorables, mais que peut-on décemment les comparer à cette poudre divine ? Cette neige qui, telle un nuage, nous permet de tourner juste par la pensée, nous permet de rebondir dans chaque virage tel un kangourou, cette poudre qui lisse les imperfections de terrain jusqu’à nous donner cette liberté de mouvement inespérée et ces infinies possibilités de petits sauts. Mais combien de fois cela se produit-il dans notre petite Suisse ? En connaissant bien la neige et recherchant cette poudre divine comme le Grâle, une quinzaine de sorties par an se soldent par dix bonnes sorties, dont trois ou quatre très bonnes où la moitié de l’itinéraire se fait dans un poudre divine. Somme toute, quelques minutes par an de bonheur intense, infini, d’anthologie… peut-être dix ou vingt minutes pour les plus chanceux ou les plus ardus sur un an de vie. Comment expliquer cela ? Comment expliquer tous ces trajets et ces préparatifs juste pour ces quelques instants de Vie Intense ? Sommes-nous nés dans le bon pays ? Certes oui, de par l’irremerciable confort de Vie que le pays nous offre, mais ce pays efface des épisodes de neige intense en quelques jours avec des températures quasi estivales en plein hiver, détruit cet univers d’immaculé bonheur en deux larmes de pluie. Que ne ferait-on pas pour avoir un peu plus de poudre, jusqu’où pourrons-nous aller pour trouver cette pente idéale, entre trente et quarante degrés, qui se pare de sa dorure blanche chaque semaine pour laisser place à cette invitation dangereusement diabolique mais majestueuse, ou chaque semaine il est possible de laisser sa trace, de laisser sans forcer son bras caresser la neige dans les virages les plus appuyés, de se laisser emporter par cette passion infinie des cimes blanches qui bientôt effaceront d’une nouvelle neige froide nos traces et qui nous inviteront à des nouvelles aventures ? Cet endroit existe-t-il et si oui le connaissez-vous ?
Cette quête du Graal a fatalement l’outrecuidance de mépriser les vies familiales, les vies saines et elle se rapproche de la drogue en ceci qu’elle est intrinsèquement dangereuse et que l’on en devient rapidement dépendant. Comment vivre avec ceci en soi et l’amour immense d’une famille ? Comme beaucoup d’entre vous, d’entre nous, avec des compromis qui bien sûr nous rendent heureux, d’un bonheur intéressant car alliant famille et passion, famille et poudre ou que dis-je, famille et quelques minutes de poudre dans une longue vie pleine d’autres aventures…
Merci de votre lecture… et non, vous n’êtes pas seul à être drogué de cette ivresse blanche…
CBA
