Posté en tant qu’invité par catherine:
La petite annonce au caf
NDLR : où il est montré comment les anciens se débrouillaient avant l’existence de C2C pour trouver un coéquipier
Cet été, j’étais de nouveau à Chamonix, avec tout mon matériel et une grosse pêche.
J’avais trouvé un super emplacement de camping à Argentières, dans les bois clairsemés, un peu au-dessus du départ du téléphérique des Grands Montets. J’avais installé ma tente dans une minuscule clairière, et au-travers des arbres je devinais le scintillement du glacier.
Dans ce temps-là, les constructions n’avaient pas tout envahi, et il y avait encore beaucoup de coins superbes où on pouvait faire du camping sauvage à 2 pas de Chamonix.
Quelques petits panneaux avaient été accrochés ça et là sur les arbres : « camping interdit », mais la municipalité laissait faire et avait même installé des poubelles qui étaient régulièrement ramassées. Le coin était superbe, tranquille et propre, et chacun des campeurs sauvages se comportait de manière à ce qu’il reste ainsi.
Les tentes étaient bien espacées, on ne se gênait pas du tout. C’est là que j’allais tous les ans l’été avec les copains, c’était en fait notre camp de base car on passait plus de temps là-haut, en bivouac ou en refuge.
Le torrent était vraiment très froid, ça pouvait aller pour se nettoyer le museau, mais pour être bien propres on allait régulièrement aux bains-douches de Chamonix et on en profitait pour laver en même temps notre linge, avec des ruses de sioux pour ne pas se faire pincer car c’était bien noté sur les portes des cabines que c’était interdit.
Les bains-douches étaient au sous-sol du musée. C’était une de nos sorties favorites lorsqu’il faisait mauvais : au moins là, on avait chaud ! et on en profitait pour visiter le musée qu’on finissait par connaître par cœur car les jours de pluie étaient fréquents l’été dans cette vallée !
Un été même, lassés d’une semaine de bains-douches-musée quotidiens, avec la perspective d’une prolongation des précipitations, et surtout des mauvaises conditions en montagne qui persisteraient encore un certains temps après le retour du soleil… on a fui dans le Sud !
On s’est engouffrés avec le matériel et les tentes trempées dans les 2CV, et zou ! direction les calanques ! Sur le plateau de Castelviel, on a tout étalé par terre, et on a retrouvé le plaisir d’être enfin secs et au chaud ! … et de pouvoir enfin grimper !
Mais là, pas question de partir : il faisait un temps superbe, les conditions en montagne étaient excellentes et la météo annonçait que ça allait durer encore un bon bout de temps.
Mais il y avait un hic : cette année-là, j’étais seule, tous les copains étaient retenus par des obligations professionnelles ou familiales. J’étais venue quand même, j’avais un besoin vital de ce mois de montagne dans ma vie de parisienne.
Au bout d’une semaine de jogging quotidien sur le sentier-balcon des Aiguilles Rouges, à voir défiler les glaciers, les hauts sommets de l’autre côté de la vallée, je n’en pouvais plus : il me fallait aller en face, retrouver les glaciers, faire de grandes courses en altitude, comme avec les copains les autres années.
J’avais vu quelques annonces dans la vitrine du chalet CAF, ça m’a semblé un bon moyen pour trouver un coéquipier. C’est ainsi que ma modeste recherche de partenaire (niveau AD+) s’est retrouvée parmi des offres de vente de crampons, piolets, mousquetons, … entourée de l’enregistreur de pression atmosphérique d’un côté, et de l’annonce d’un certain JC de l’autre.
Le JC en question tapait plutôt dans le TD+ à ED. Son annonce m’a rassurée : il m’a semblé que j’avais statistiquement plus de chance que lui pour trouver chaussure à mon pied.
Sur mon papier j’avais précisé que je repasserai le lendemain à 17 heures.
C’est ainsi que ledit lendemain à 17 heures j’arrivais toute excitée, le cœur battant au chalet CAF.
Il était là, il m’attendait… c’était JC !
(à suivre…)