La musculation en salle au service du skieur alpiniste

Posté en tant qu’invité par @lain 38:

Un constat :

Quel skieur alpiniste n’a pas un jour fait ce constat suivant :
« Tout allait bien mais d’un coup ce fut t la panne sèche dans les jambes …… »
Plusieurs paramètres interviennent pour expliquer cette panne mais sans aucun doute l’un d’eux consiste à ne plus pouvoir déployer suffisamment de force sur le mouvement …
Eh oui plus un muscle est « fort » dans le mouvement plus les chances de le voir résister longtemps seront augmenté

Que pensez d’une inscription en salle pour des séances de musculation ?

La musculation spécifique a des effets positifs sur la performance du skieur alpiniste pour pondérer cette sournoise fatigue qui oblige immanquablement à réduire l’allure ?

Partisan et détracteur de la musculation en salle , la controverse fait souvent rage dans les colloques sur la physiologie sportive et la préparation physique …mais elle est légitime !

Trois raisons :

  1. L’entraînement à la force s’il est mal réalisé, va impliquer des adaptations qui seront contraire au mouvement et donc à l’efficacité de ce dernier

  2. Déconnecté de la vitesse d’exécution du mouvement le développement de la force musculaire va induire un gain de poids qui nuira à la vitesse de réalisation du geste . Hors la vélocité n’est pas une qualité réservé aux seuls cyclistes , elle est aussi des composantes essentielles en trail sur les descentes , elle le sera également en ski alpinisme ou fond , en roller en ligne etc …

  3. La crainte d’une prise de masse musculaire excessive : Ne pas oublier que les qualités de force sont relatives au poids du coureur et à la vitesse d’exécution du mouvement.
    Quel que soit le sport d’endurance de ne pas transporter de poids inutiles est une donnée importante…que celui soit de la graisse ou du muscle !

Muscle « fort » et mouvement « efficace » : des liens et des nuances …

Il faut tordre l’idée reçue qui consiste à dire que plus un muscle est fort dans l’absolu plus le mouvement auquel il participe sera efficace

Ne pas confondre la force intrinsèque d’un groupe musculaire et la force musculaire développée sur le mouvement auquel il participe !!
Certes le renforcement des quadriceps est important pour un coureur de trail … mais ne pas oublier que les quadriceps s’inscrivent au sein d’une chaîne musculaire …et que la musculation pris isolément d’un muscle peut en atrophier d’autres tout aussi importants
pas cool :frowning:
Hors c’est cette composante systémique qui doit être visée en terme d’entrainement dans les séances de salle.

Celle ou le gain de force sera en lien direct avec une efficacité dans les coordinations qui se mettent en place entre les muscles .

De plus travailler les quadriceps c’est bien … mais encore faut-il le faire sans précisément « s’exploser » les genoux :frowning:
Bon nombres de coureurs se sont flinguer en hiver a saison estivale pour un excès de squats mal faits ou mal gérés !!

Aucun intérêt de développer le seul gain de force du muscle hors du contexte de l’activité …sauf l’esthétique ( qui est aussi une source possible et tout à fait compréhensible de motivation d’une inscription en salle )

Voila pourquoi dans les sports d’endurance je préfère parler d’endurance de force avec une vision systémique de la chaine musculaire plutôt que de musculation au sens analytique du terme .
La force est trop souvent associée au seul développement du gain de force musculaire pris isolément et hors contexte du mouvement .

Par delà l’efficacité du mouvement, dans le cadre des sports d’endurance, le gain de force n’est pas en soi un indicateur de l’optimisation du potentiel de puissance musculaire.

le rôle protecteur du muscle sur l’ossature
Le développement de la masse musculaire peut-être un paramètre de l’optimisation de la performance en jouant un rôle protecteur de l’ossature . (je pense à la masse musculaire des rugbymans Elite qui constitue une protection lors des impacts de plus en violents à haut niveau, ceux et celles qui regardent les match de la coupe du Monde verront laz violence des impacts et le peu de blessures graves pour autant )

Des pistes sur le choix du matériel support du renforcement musculaire ?
Il me semble important de rechercher prioritairement des situations qui rapprochent les groupes musculaires du geste de course.
Pour autant s’enfermer dans une seule modélisation de séance d’entrainement serait une erreur , c’est la combinaison d’exercices variés qui va permettre de répondre à aux exigences de l’efficience du mouvement .

Exemple de modélisations
Pour faire court on pourrait proposer les modélisations suivantes :
>>> entrainement de l’endurance de force pour un coureur de trail
o 50% sur le terrain en pente raide
o de 25% à 50% sur vélo elliptique
o un maximum de 25 % sur home trainer
[b]

entrainement de l’endurance de force pour un cycliste [/b]
o 50% sur le terrain sur le vélo
o de 25% à 50% sur home trainer
o un maximum de 25 % sur un vélo elliptique (renforcement de la ceinture scapulaire)

>>> entrainement de l’endurance de force pour un rameur
o 50% sur plan d’eau
o de 25% à 50% sur rameur
o un maximum de 25 % sur un vélo elliptique (renforcement de la ceinture scapulaire)

inutilité du travail sur l’home traineur, trop éloigné du fondamental de la rame

Sur l’utilité du travail en SQUAT
Je vois deux grandes raisons à structurer des séances de musculation :

  1. Renforcer la protection des attaches musculaires (fascia/ tendons / ligaments )en habituant l’organisme a des résistances croissantes

  2. Développer un travail musculaire avec un contexte hostile lié à une forte charge d’acide lactique

Lors des exercices en squat, pour conserver une dynamique dans le mouvement , les charges sont déplacées de façon dynamique sur la dominante puissance - force,
Bien penser que poids de corps doit être inclu dans le calcul de la charge pour conserver une dynamique sur la totalité du déplacement de la charge.
En pratique comment cela se traduit-il ?
Exemple avec une sportive de 50 kg
Cette sportive ne peut soulever qu’une seule fois 60Kg en squat. D’où le couple de poids 50 + 60 = 110 Kg

  • Si on veut travailler en puissance force : 110 x 60% = 66 Kg
  • On retranche le poids de corps : 66 - 50 = 16 Kg
    => 16 Kg est donc la charge additionnelle pour travailler à 60% en squat de façon dynamique…. et non 36Kg ( ces 36 kg correspondant à 60% du maxi de la charge soulevée en une fois par cette sportive)

Si je peux me permettre je déconseille très fortement le squat complet beaucoup trop traumatisant et de peu d’utilité
Le demi squat donc sans abaisser totalement les cuisses (« angulation » comme la pliure du pédalage de vélo pour faire court) ( voir image jointe) est très bien .

Ne pas prendre des charges trop lourdes et faire des répétitions dynamiques…si on prend du « lourd » et que l’on diminue le nombre de répétitions les cuisses vont doubler de volume!
On va prendre de la masse musculaire, on va être sans doute plus puissant, mais…quid de la compatibilité avec un sport comme la CAP ou le trail
Il est donc sympa faire tes squats sur une presse inclinée à 45°

La musculation en salle : pour une optimisation de la préfatigue
La musculation en salle est parfaite pour structurer ce que l’on appelle un état de « pré-fatigue »

La pré-fatigue a pour objectif de fatiguer le muscle principal (le quadriceps par exemple) pour le travailler plus intensément en amont
La méthode consiste a utiliser un exercice d’isolation pour le fatiguer avant l’exercice de base.

Perso je le fait faire très souvent avant un travail d’endurance de force « outdoor »
(type 6 à 8 x 2’ en foulées bondissantes sur très forte pente ou 8 à 12 x 45’’ sur escalier , ou encore 8 à 15 x 3’ en endurance de force sur vélo )

Cette pré-fatigue avant de commencer l’exercice principal permettra de s’assurer que ce sera le groupe musculaire principal qui va arriver à l’épuisement lors de l’exercice prioritaire … et non un petit muscle dit annexe dont le renforcement n’est pas prioritaire
Ainsi faire une séance composée de legs extension couchés ( beaucoup plus mobilisateur du droit antérieur du quadriceps que les legs extension assis) puis des squat , constituera une excellente entrée en matière avant de filer dehors pour une séance d’endurance de force (sur vélo ou en cap)

C’est d’ailleurs une des fonctions sympas de l’électrostimulation
Réaliser un programme « force » sur Compex avant sa séance d’endurance de force sera tout à fait pertinent pour enclencher justement cet état de préfatigue

En conclusion :
La musculation en salle doit donc être adapté à sa propre pratique outdoor.
Réaliser des squats ou tout autres exercices analytique de musculation en salle peut constituer un complément pour renforcer les quadricep mais sans un réinvestissement dans le mouvement , le développement risque fort de n’avoir qu’une valeur esthétique sous le cuissard !!

Dernier point … et non des moindres : ne pas perdre de vue que plus un muscle est souple plus il sera efficace dans le mouvement … d’où l’importance de travailler l’élasticité du muscle , si les étirements , le travail des assouplissements y contribue , le travail d’hypervélocité sera lui aussi un moyen de de développement de cette élasticité

Alain

Salut Alain,
Merci pour les infos.
Peux tu nous (me) faire un programme d’entrainement pour améliorer l’endurance/resistance pour cet hiver.
3 entrainements en « salle » par semaine.
merci d’avance.

Posté en tant qu’invité par @lain 38:

[quote=« lapoize1, id: 1245349, post:2, topic:115207 »]Salut Alain,
Merci pour les infos.
Peux tu nous (me) faire un programme d’entrainement pour améliorer l’endurance/resistance pour cet hiver.
3 entrainements en « salle » par semaine.
merci d’avance.[/quote]

Je connaissais le concept du coach à distance (un peu mon job qui me permet de temps en temps d’aller à la bioccop faire mes courses pour acheter ma farine et cuire mon pain … reste plus qu’à inventer le concept coach en ligne gratuit :smiley: :smiley: :smiley: :smiley:

Non allez plus sérieusement je suis ok pour vous donner des pistes sur la musculation en salle mais en aucun un plan !
La raison est somme toute simple , sauf à être intellectuellement malhonnête, il est impossible de proposer un plan type pertinent … sauf à partir d’un constat délicat à valider : nous sommes tous des clones d’Alain Roche ou un des compétiteurs références qu’il coache :rolleyes:

Pas très sérieux comme raisonnement (même si celui-ci se vend bien puisque dans chaque revue « sport » on trouve à minima un nouveau plan type d’entrainement évidemment beaucoup mieux que celui du concurrent !!)

Cela étant voilà quelques pistes , à pondérer en fonction :

du niveau d’optimisation de sa préparation physique,
des charges habituelles de travail
du déjà acquis es uns et des autres

Entre un Tony Sbalbi skieur alpiniste de niveau international ou Dawari Sherpa et mon petit voisin étudiant en droit désirant juste pouvoir se faire le Dome des Ecrins en non stop le printemps prochains … il y a un monde :slight_smile:

dans l’ordre suivant pour aller de l’analytique isolé au plus systémique en terme de développement musculaire

Travail sur les legs extensions allongés

3 à 6 séries de 10 à 30 répétitons
récup entre 4’
( http://www.superphysique.org/exercices/leg_extension_allonge)


Travail sur la presse à cuisse inclinée

3 à 6 séries de 10 à 30 répétitions
récup entre 4’
( http://www.superphysique.org/exercices/251)

Travail sur les Squats

3 à 6 séries de 10 à 30 répétitions
récup entre 4’

Terminer par une travail sur home traineur ou vélo elliptique en endurance de force (voir mon post initial)

cela fera une séance orientée musculation -endurance de force d’environ 1h 30 à 2h

Mettre en place 3 fois par semaine un telle séance me semble réservé à une Elite avec des compétiteurs qui vont tourner sur 10 à 15 entrainements par semaine, donc avec du " bi-entrainement" / jour

En effet l’endurance de force n’est qu’une partie de la préparation physique d’un coureur de trail ou un skieur alpiniste
il faut aussi se dégager du temps pour les entrainements de soutien de la puissance maximale aérobie, de l’endurance autour du seuil 1, du travail autour de l’optimisation de la filière énergétique lipidiques …

alain

Interet d’augmenter la force max chez les athletes en endurance, voir Wisloff et Helgerud pour les skieurs de fond ou Paton et Hopkins pour les cyclistes sur route. Des finlandais ont travaille sur les coureurs a pied.

Quant a la transposition au geste technique, il suffit de demander a n’importe quel membre des SAS…

Posté en tant qu’invité par @lain 38:

Vrai … mais faut quand même prendre avec des pincettes leurs conclusions …
Eux mêmes le reconnaissent, leur bilan d’expérimentation ne constitue une référence expérimentale …

L’expérimentation s’est réalisée sur une toute petite cohorte ( ils étaient une vingtaine de skieurs )
Tous les gars étaient âgés d’environ 20 ans… avec un VO2 max de près de 70…

Cela ne reflète pas forcément la « tranche d’âge et le profil cardio type » des traileurs qui s’alignent sur l’UTMB ,les templiers, ou la transjurassienne !!

On ne peut pas trop parler de conclusions probantes pour en faire une modélisation…

Il y a beaucoup plus à parier sur les effets néfastes des exercices de force max lorsqu’ils sont mal exécutés …

Comme pour la VO2, le but est d’augmenter la valeur max ET la proportion utilisable en continu. Le second facteur est preponderant mais pour une performance « optimale », les deux doivent etre augmentes.

L’experience des activites mentionnees et des methodes d’amelioration des performances des athletes y participant ne laisse aucun doute sur l’efficacite de la demarche.

Ces qq refs. biblio (il y en a un paquet d’autres) ne sont fournies que pour montrer que la demarche a ete scientifiquement evaluee.