Posté en tant qu’invité par strider:
Hou la je vois qu’il y a pas mal d’incompréhension sur ce genre de schéma!!
ce schéma est un organigramme typique d’une modélisation dont la forme rappelle assez bien ceux qu’on utilise en science humaine
je rappelle au passage que Chapoutot était si je ne m’abuses prof d’histoire-géo et qu’il a du avoir un parcours en science humaine.
cette organigramme est donc une modélisation de phénomènes de sociétés autour d’une pratique sportive de montagne qu’est l’alpinsme.
Pour ceux qui ne connaissent pas l’intérêt d’une modélisation, le but est simple : le modèle en science humaine est un simplification à outrance faite exprès afin de produire des connaissances non pas dans le modèle lui-même mais dans la confrontation de ce modèle à la réalité. Suivant qu’il y a décalage ou pas du modèle à la réalité, on met en valeur ou pas des spécifités (au travers d’exemples concrets) et on produit du savoir.
Donc c’est normal que certains ne se retrouvent pas dans le modèle, encore faut-il qu’ils expliquent pourquoi ils ont du mal à se placer : c’est justement en confrontant la position des gens vis à vis du modèle que le chercheur (puisque c’est une démarche de recheche) va pouvoir savoir comment les gens voient les choses!
Le modèle est donc incitatif à la production de connaissance et non une production de connaissance en lui-même. D’où l’incompréhension de certain qui prennent cela pour argent comptant, alors que ce n’est qu’un outil de travail.
Le modèle n’ a donc pas de prétention à décrire la réalité, il se confronte à la réalité pour analyser le « choc » que cela engendre. L’éxagération va inciter voire provoquer les nuances et c’est justement ces nuances qui vont devenir le savoir.
Pour cette modélisation proposée par Chapoutot, ce dernier choisi une approche sur le concept de perception de l’espace (espace perçu, concept géographique) qui là est appliqué volontairement au travers d’une dichotomie (opposition) entre montagne sportive et montagne comptemplative (stade/sanctuaire) afin de savoir si les gens percoivent la montagne dans cette problèmatique et comment…
dans cette dichotomie stade/sanctuaire qu’il va provoquer un peu à outrance, en voyant comment les gens réagissent à cette outrance, cela lui permet de savoir comment les gens se placent par rapport à cette dichotomie (si elle répond à leur vision de l’alpinisme) et ainsi d’isoler des spécificités dans les profils des gens concernés, ou au contraire de retrouver des phénomènes sociaux déjà connus
Pour la première partie de la modèlisation, c’est à dire avant d’aborder le thème de l’équipement, je trouve que la simplification et la synthétisation est assez bien faîte. Je retrouve cette dichotomie dans les discours et les pratiques de l’alpinisme, avec nuances bien sur quand on est dans la réalité : mais justement le but de la modélisation est de provoquer la réalité et d’obtenir la nuance par contre-réaction.
Ce qui me dérange dans sa modélisation c’est lorsqu’il applique cette dichotomie à l’équipement. C’est où sa modélisation trouve ses limites : en effet la dichotomie sport/comptemplation n’est pas forcément un élément déterminant dans la problématique de l’équipement, c’est à dire que dans l’attitude de l’équipeur, on peut mobiliser sa part de personnalité sportive/comptemplative mais on ne peut pas mobiliser que cela sous peine de tomber dans le déterminisme.
Néanmoins cela permet justement de voir qu’en tant que piste de recherche, il n’y a pas de corrélation directe et unique entre la démarche alpinistique des gens (sportive/comptemplative) et le rapport à l’équipement des voies.
Conclusion : pour chercher les fondements sociaux des rapports des alpinistes à l’équipement, il faut mobiliser d’autres hypothèses de recherches et d’autres outils.
Donc graphiquement, je pense qu’il aurait du séparer les deux modélisations, d’une part dichotomie sport/comptemplation et d’autre part rapport à l’équipement . Mais prise une par une séparemment les deux modélisations sont très intéressantes !