La java des montagnards sur l'alpe

Posté en tant qu’invité par Marcel Demont:

[quote=jc l’éternel invité]« Il n’y a plus personne pour l’écouter radoter. »

Que tu dis !!

Se mettre au vert
puis au couvert
et boire des verres
puis faire des vers
serait-ce pervers?[/quote]
Pervers?
Siffler une bonne bière,
Après un marathon.
Oh que non.

Posté en tant qu’invité par Hic, burp:

Une sympathique équipe de pochtrons, ces anciens.
:):):slight_smile:

c’est vaudois ou valaisan? Ce mot, je le connaissais, pas. Si t’avais précisé que les modzons pouvaient pas le franchir, j’aurais peut-être compris!
En plus, je l’ai pas trouvé là : http://www.topio.ch/dico.php[/quote]
Patois des Alpes vaudoises. Clédar, mot en passe d’être reconnu par l’Académie d’Ouchy :)[/quote]
Ben moi j’ai trouvé clédar ou clédard dans le Dictionnaire de la francophonie, éditions Garnier 2006. Le sens figuré de clédar barrière, opposition y est d’ailleurs illustré par une citation du journal La Liberté (1990).

Les modzons, tout autant que les tchautrons sont inconnus de mon dictionnaire, tandis que les mayens et pécloter y apparaissent.

Pécloter est intéressant, il est de la même famille que péclot et péclet -loquet-, lequel vient de l’ancien et moyen français, et plus anciennement du latin pessulus avec le sens de verrou.

D’où pécloter, secouer un loquet et familièrement mal fonctionner.

Mais qu’importe, si les sens des mots échappe, enfin pas trop quand même, il reste leur sonorité, le rythme qu’ils impriment dans la phrase. On s’imagine des choses, autres que celles voulues par leur auteur, certes, mais pas nécessairement de moindre valeur. C’est ce qui en fait le prix.

Posté en tant qu’invité par Marcel Demont:

[quote=davidb][quote=Marcel Demont][quote=ThomasR]c’est vaudois ou valaisan? Ce mot, je le connaissais, pas. Si t’avais précisé que les modzons pouvaient pas le franchir, j’aurais peut-être compris!
En plus, je l’ai pas trouvé là : http://www.topio.ch/dico.php[/quote]
Patois des Alpes vaudoises. Clédar, mot en passe d’être reconnu par l’Académie d’Ouchy :)[/quote]
Ben moi j’ai trouvé clédar ou clédard dans le Dictionnaire de la francophonie, éditions Garnier 2006. Le sens figuré de clédar barrière, opposition y est d’ailleurs illustré par une citation du journal La Liberté (1990).

Les modzons, tout autant que les tchautrons sont inconnus de mon dictionnaire, tandis que les mayens et pécloter y apparaissent.

Pécloter est intéressant, il est de la même famille que péclot et péclet -loquet-, lequel vient de l’ancien et moyen français, et plus anciennement du latin pessulus avec le sens de verrou.

D’où pécloter, secouer un loquet et familièrement mal fonctionner.

Mais qu’importe, si les sens des mots échappe, enfin pas trop quand même, il reste leur sonorité, le rythme qu’ils impriment dans la phrase. On s’imagine des choses, autres que celles voulues par leur auteur, certes, mais pas nécessairement de moindre valeur. C’est ce qui en fait le prix.[/quote]
Merci pour ces très intéressantes informations qui relèvent d’une belle érudition.

Merci de me gratifier de ce que je ne possède pas. Tout ce que j’ ai écrit je le tire du dictionnaire de la Francophonie que je citais précédemment

Posté en tant qu’invité par Marcel Demont:

Eh bien… merci tout court, mais… merci.
:slight_smile:

Posté en tant qu’invité par Bibi Fricotebien:

Hihihi :slight_smile:

Posté en tant qu’invité par Hi hi hi:

[quote=« Marcel Demont, id: 673428, post:1, topic:69391 »]La java des montagnards sur l’alpe

Au-delà de l’alpage, de la sombre forêt,
vêtus de neige se dressent de hauts sommets.
Par les ans bruni
le mayen est tapi
près du grand rocher gris.
De loin ils sont venus
les montagnards chenus,
tout usés, tout courbés,
pour la java sur l’alpe ils se sont retrouvés.

La seule à ne pas s’amuser,
à des plumes y laisser,
fut la meule de Bagnes,
plus beau fleuron des fromages de montagne,
qu’ils boulottèrent lors de cette fiesta,
la pièce entière y passa.

La chair fine du rôti
quant à elle pas un pli
ne fit,
promptement elle fut engloutie ;
le saucisson, le canard ont suivi.

Et le jus de ce raisin doré
mûri au soleil de l’été,
en automne vendangé,
pressé, encavé, fermenté, choyé ?
Ils l’ont sifflé, les montagnards tout usés,
courbés, ridés, tout ratatinés,
comme si c’était du thé.

Puis le Dédé,
paysan de montagne retiré du métier,
par une éternité de dur labeur épuisé,
à moitié bourré
s’est mis à chanter ;
lisse comme un caillou
son crâne en peau de genou
reflétait les torrents de lumière
rehaussant cette première ;
le deuxième couplet
qu’avec entrain il entonnait
resta inachevé,
car, fatalité…
le rossignol improvisé perdit son dentier.

Le bon Léon,
un ancien bûcheron,
complètement rond,
de son vieil accordéon
a tiré quelques sons,
on aurait dit ‘La Madelon’ ;
pas tous partis en même temps,
s’égosillant à contretemps,
les montagnards à pleins poumons
ont bousillé la chanson.

La belle Pierrette
un peu pompette
a voulu danser,
contre une bosse du terrain, une inégalité,
des pieds elle a buté,
sur son Joseph tout chamboulé s’est écroulée,
enfin à terre elle a roulé ;
il a fallu la requinquer,
un plein verre de Fendant on lui a versé.

La petite Marie
bien partie
soudain s’est mise à chialer
au souvenir de l’oncle René ;
à la chasse s’en étant allé,
dans un couloir il est tombé.

Blaise, le curé mal fagoté,
plus qu’aux trois quarts beurré,
la soutane des mites mangée
et en loque déteinte tournée,
de sa peine l’a consolée.

A demi cuit, le Louis
a biberonné toute l’eau-de-vie ;
lui qui,
à ski,
durant quarante années
le stemm, le christiania, la godille, la traversée,
le chasse-neige, le dérapage a enseigné,
sur une tranche de sauciflard au sol tombée
a glissé et une gamelle ramassé.

Pensionné en raison de son âge,
l’antique instituteur du proche village,
Bernard Jean-Paul dit ‘le sage’
de son beau costard
a déchiré le falzar
en s’accrochant à un clédar ;
pour se consoler de cette calamité
délicatement il s’est pinté,
le reste de saucisson, de canard, de rôti a bâfré.

Blindée, Marianne la veuve inconsolée
les cannes s’est emmêlées ;
gardien de cabane,
son homme a dégringolé dans la montagne.

Bituré, le Christian,
simple croquant,
toujours galant,
souriant en dévoilant son unique dent
à la Jacqueline à fait du rentre-dedans.

Pété, le petit Marcel dans un coin s’est retiré,
sa vie durant guide il a été,
d’innombrables sommets il a visité,
tout seul des histoires il s’est raconté :
le dahu, le yéti y ont passé ;
on l’a entendu marmonner :
« Vous avez beau vous moquer,
je les ai tous rencontrés. »
Il n’y a plus personne pour l’écouter radoter.

Tous ont au fond du cœur
le souvenir d’une fleur
offerte par l’être aimé,
et du regard la douce lueur
de ceux qui déjà s’en sont allés.

Enfin la nuit lentement est tombée,
le coup de l’étrier ils ont éclusé,
la fiesta sur l’alpe s’est achevée.

Dans le pré,
tout à côté,
la silhouette d’une ruminante à la robe sombre
lentement se dilue dans la pénombre,
le bruit de la cloche à son cou attachée
tantôt faiblit,
diminué,
tantôt sonore retentit.

Ô saint Cholestérol
fait qu’ils aient du bol
ces montagnards tout usés,
courbés, ridés, tout ratatinés,
qui pour la java sur l’alpe se sont retrouvés,
de raclette se sont goinfrés,
du saucisson, du canard, du rôti se sont enfilé
à la sous-ventrière s’en faire péter,
et le jus de raisin fermenté
comme si c’était du thé ont sifflé,
épargne-leur l’infarctus
qui frappe à l’heure de l’angélus.

Copyright : Marcel Demont. 2007.[/quote]
Queq’s on rigole ici.