Posté en tant qu’invité par Vincent:
Pour les prix: compter autour de 200 à 250FF pour la demi-pension par nuit en refuge. En Suisse ils appellent cela des « cabanes », mais en France « passer la nuit en cabane » pourait signifier passer la nuit en taule! après tout y a peut-être pas grande différence: dortoirs surpeuplés, aucune intimité, bouffe dégeulasse, bruits de portes toute la nuit,… Pour le Guide c’est dans les 1500FF la journée.
Pour les expèriences passées, voici la mienne, il y a presque 3 ans:
J-2, permanence Montagne, les participants de ce fabuleux raid se rencontrent pour la première fois. Les questions fûsent, trahissant l’angoisse de ceux dont c’est le premier raid.
- J’ai pesé mon sac, il fait au moins 12kg, et encore la gourde est vide, et vous, il fait combien ?,
- Qu’est ce que tu prends comme bouffe pour les déjeuners ?,
- Moi j’ai 1,5kg de fruits secs et barres de céréales et toi?,
- Tu prends beaucoup de vêtements de rechange ?,
- Il parait que les refuges Suisse sont tout confort, ils y en a qui ont des douches !
Le jour J, sur le parking, 10h du matin : les affaires sont transvasées d’un coffre à l’autre. Nous faisons connaissance avec notre guide, Boris, image d’épinal, un russe tel que l’on se les imagine, blond, cheveux très courts avec de beaux yeux bleus qui jaillissent au milieu d’un visage buriné et pourtant un peu froid. C’est parti, direction Argentière. Une voiture arrivera à ce perdre dans un restaurant Chamoniard, tandis que l’autre imaginera le pire des scénarii en l’attendant le ventre creux. Enfin la benne des Grands Montets libère la petite équipe au sommet des Grands Montets. Un instant égarés au milieu des skieurs, nous quittons la foule pour le refuge d’Argentière. Premiers virages, première chute, la neige est vraiment dure ! A pied d’oeuvre sur le glacier, nous collons les peaux, 250m de montée, une bagatelle, que nous avalons à vive allure. Le refuge d’Argentière ne risque pas de figurer parmi les hauts lieux gastronomiques de la montagne, amateur de bonne chair, passez votre chemin !
J+1, Col du Chardonnet, nous sortons la corde pour la seule fois du raid. C’est impraticable à ski, dommage. Le soleil brille, la neige est douce, la vue spendide, nous flottons dans un merveilleux rêve éveillé. Voilà la Fenêtre de Saleina, et le premier pépin, une fixation est sur le point de lacher sa propriètaire. Sera-t-elle forcée à l’abandon… Quel suspense ! Voilà Boris qui sort de son sac un bric à brac digne d’un ferrailleur. Il ne sera pas dit qu’une équipe d’ingénieurs est restée impuissante devant l’adversité. Soudain le déclic : du sparadrap va faire l’affaire en attendant la civilisation, et ça marche !!! Descente vers le Col du Trient, puis le long des séracs, sur un espèce de tobogan menant droit dans la rimaye. Premier frisson du raid . Puis le dernier col de la journée, avant la superbe descente sur Champex. Nous dormons « En plein air », auberge gastronomique et confortable. Ce sera la seule vraie douche du raid !
J+2, Bourg Saint Pierre, direction la cabane de Valsorey au pied du grand Combin. Long portage, car la neige manque. Belle vue sur le Mont Velan.
J+3, Plateaux des Maisons Blanches et Combin de Boveire en traversée. Second frisson dans les pentes à 35° voir localement 40° de la face Est. « Allons pas d’amertume nous avons gravis le Combin, qui sait en dehors de quelques spécialistes, lequel des Combins de Valsorey, de Graniffeire, de Boveire ou de Corbassière, est LE « Grand Combin » ! Alors … »
C’est la montagne qui décide et ce jour là les conditions n’étaient pas vraiment au rendez-vous. Mais la nouvelle cabane de Panossière, fraichement inaugurée valait franchement le détour. Un grand dortoir pour nous tout seuls, le luxe dans ces régions habituellement surpeuplées de randonneurs.
J+4, Tournelon Blanc, joli nom, mais surtout jolie descente, 1700m plein pot, âmes sensibles s’abstenir, c’est parfois raide, souvent surprenant, varié sans aucun doute. Au détour d’un vallon, la cabane de Chanrion isolée du monde, nous attend. Les plus courageux vont prendre leur douche quotidienne à même la neige, dans le froid et sous le regard des chamois dubitatifs ! Enfin c’est ce qu’ils ont dit, décemment nous ne pouvions pas vérifier ! Chacun sa technique, on peut aussi acheter un broc d’eau chaude au refuge et la couper de neige, ou se contenter d’un peu d’eau glacée sur le visage et les pieds.
J+5, Pigne d’Arolla par les Portons, voilà un chemin plein de hauts et de bas. Au passage, une partie de hockey sur un lac glacé dans son écrin de roches délitées, cela vous dit ? Sensations garanties, essoufflement aussi ! Ce jour là il a neigé, mais c’est à peine si nous l’avons remarqué ! Soirée terrible dans le refuge totalement désorganisé des Vignettes. L’ambiance des refuges a du charme, mais il ne faut pas en abuser.
J+6, la plus belle journée du raid, pour finir en apothéose à Zermatt.
Quatre cols dans la journée, un paysage sans cesse renouvellé. Evidement nous ne sommes pas les seuls à vouloir en profiter, mais au fil des heures la colonne interminable des randonneurs s’étalent sur le parcours, laissant à nouveau le loisir de profiter dans le silence du raffut de l’hélico qui dépose ses touristes sur la tête de Valpelline. Il est vrai que la vue y est inoubliable, face à la dent d’Hérens toute blanche et au Cervin tout noir. Loin, très loin à l’horizon on n’aperçoit le Mont Viso, point culminant du Queyras. Evidement le Mont Blanc et toute sa suite sont là aussi. Tout l’itinéraire parcouru s’étale sous nos yeux éblouis. La descente est à la hauteur du site, grandiose ! Un très beau raid vraiment.