Posté en tant qu’invité par Thunder Heart:
Le capitaine coupe le moteur de notre bateau. Il donne l’ordre a son matelot de jetter l’ancre. Notre embarcation s’immobilise un court instant. Une vague nous pousse rapidement vers la droite. Noel se jette à l’eau avec la seconde ancre qu’il vas fixer sur la plage. Devant moi le spectacle à quelque chose d’éternel. l’ île de Robinson à 15 mètres du bateaux. Deux montagnes de tsingy de 50 à 80 mètres d’ altitude sont séparés par une bande de sable blanc : Nosy Andastara, l’île heureuse, le dernier sanctuaire. Je ne resiste pas plus longtemps à la tentation, je plonge dans la mer, tanpis, le grand blanc ne doit pas rôder aussi près de la plage. 13 octobre 2003, 16 heures. Cela fait 24 heures que nous sommes en chemin. Paris puis Tana, Diego-Suarez, 3 heures de piste jusqu’à l’extrême pointe nord de l’île rouge, le cap d’Ambre et enfin 3 hrs et demi de bateaux sur un canal du Mozambique peu commode.
Une première traversée, sur notre bateaux de pêcheur. Il est magnifique mais qu’est ce qu’il est petit au milieux de ces vagues. D’ Ampasindave, le minuscule village cotier, nous avons mit le cap sur Nosy Hara, la plus grandes des îles de l’archipel puis Nosy Amjombavola et enfin notre destination finale Nosy Andastara, le joyaux perdu. L’ultime paradis de la grimpe…
Car c’est bien d’escalade qu’il s’agit ! Cette minuscule parcelle de sable et de calcaire est au coeur du plus beau massif de la planète. Les lignes qu’a tracé ici Michel Piola et ses compagnons, les blocs qu’a ouvert Mathieu delacroix sont le nec plus ultra de la grimpe moderne. C’est l’aboutissement d’une vie de grimpeur que de venir ici poser ses chaussons sur ce magnifique cailloux. Du moins c’est ce que je croyais !
En effet, très vite je vais comprendre qu’ici la vie prend une autre dimension. Biensûr l’escalade y est inoubliable, incomparable mais c’est la beautée du lieux qui s’impose toujours et encore. Où que l’on soit, tout devient sacrée. On peu ressentir les pulsations de la terre à chaque seconde. Il s’agit là d’une véritable expérience métaphysique. Un retour aux sources vers l’ âme primitive, lorsque l’humain n’était encore qu’un mammifère parmis d’autre et que la nature était justement sa nature profonde… 18 heures, le soleil se couche, l’ambiance ici, assis devant notre petite tente est à l’émotion. Le sable fin est une caresse, le bruit de l’océan est une magnifique chanson, ce soir j’ai 39 ans et j’ai peur. Peur de rompre l’harmonie, peur qu’encore une fois le paradis est déjà perdu…Goa, Bali, tout ces petits joyaux du Sud de la Thailande, Hikaduwa et j’en passe. Nous avons vue tellement de temples disparaître en 20 ans, victime de leurs splendeurs, qu’aujourd’hui je craind déjà pour l’ île de Mathieu et chaque jours désormais je vais prier Wakan Takan pour que la paix et l’harmonie jamais ne quittera ces lieux…