Bonjour,
6 nouveaux massifs à découvrir pour les fêtes de fin d’année
La chaîne du Maybash-Too, Tien-Shan Central
Caractéristiques diverses
La chaîne du Maybash-Too porte son nom de la rivière Maybash qui y prend sa source. La chaîne se situe aux confins sud du Tien-Shan Central et à l’Est de la rivière Sarydjaz. Elle est située au sud du glacier Kayingdy (Kaindy), et se sépare de l’arête frontière du Kokshaal-Too au sud du col Ayransu (4750m). Le massif est ici plus élevé que l’arête du Kokshaal-Too qui réalise ici un certain abaissement dans son long cours d’abord vers le sud-Ouest puis l’Ouest au delà du Sarydjaz. L’arête du Maybash-Too se caractérise par une succession régulière de 5000 m pour culminer au Pic 5361 m. La crête vient ensuite s’abaisser brutalement vers l’Est sur les gorges de la rivière impétueuse Sarydjaz. Le relief de ce massif, comme dans tous les environs immédiats est extrêmement abrupte, avec des vallées profondément échancrées où il n’est pas rare que les fonds se situent autour de 2000-2500, pour des crêtes immédiates autour de 4500-5000. Cette extrême rugosité du relief explique en partie sa difficulté d’exploration.
Autrefois situé entièrement en territoire kirghize, le massif forme désormais la frontière sino-kirghize actuelle depuis les accords de 1996 avec la Chine. La précédente frontière passait en effet plus au sud sur la crête orographique du massif du Kokshaal-Too. Là le Tien-Shan est littéralement tranché en deux par les gorges du Sarydjaz qui formait un temp en remontant le cours d’eau en amont la frontière du temps de l’Union Soviétique. Il est en de même avec les confins Ouest de Maybash-Too qui plonge littérallement dans les eaux bouillonnantes du Sarydjaz.
Hydrographie, glacier, géologie
Son réseau hydrographique comporte tout d’abord au Nord la rivière Kuyukap (ou Koykap), un affluent du Sarydjaz. Cette dernière borde le massif à l’Est. En amont du Kuyukap, se trouve la confluence des deux rivières Maybash et Terekty (à 2200 m). La rivière Terekty mène au flanc sud du massif du Kaindy-Katta et au versant Sud-Ouest de cette zone du Kokshaal-Too. L’Ayran-Su prend sa source au glacier Ayran-Su qui borde les flancs du Kokshaal-Too
La zone forme la région sud du Tien-Shan Central, la plus proche des zones désertiques de la province chinoise du Taklamakan. L’arête toute proche du Kokshaal-Too sépare le bassin montagneux de celui d’un des plus grand glacier du Tien-Shan, le glacier Sabavchy (actuellement dénommé Temirsu), coté chinois.
Les glaciers du Maybash-Too sont relativement courts par rapport aux zones septentrionales du Tien-Shan Central (Kaindy, Engilchek, Adyrtor, Sarujaz). Sur le relief abrupte du massif, c’est une succession de glaciers suspendus le long des crêtes, d’exposition principale au Nord.
La géologie du massif est à l’image du Tien-Shan Central, complexe, fait de nappes sédimentaires (marbre et calcaire rouge principalement) brusquement soulevées au plus haut des crêtes, entremelées de multiple variétés de shistes. Le tout « s’écoule » dans des ravines vertigineuses et profondes. Dans les basses vallées les roches détritiques ont formé des conglomérats dures bordant les rivières en courtes ravines.
Histoire de l’exploration dans la zone et opportunité d’ascensions
La région fut certainement explorée pour la première fois par Gotfried Merzbacher lors de son expédition de 1902-1903. Dans son récit, G.Merzbacher nous indique que la rivière Koykap signifie en langue vernaculaire « Sac à mouton ». Car le cours supérieur du Koykap présente une vallée profonde en forme de sac et un microclimat chaud, propice au pacage des troupeaux de moutons (et autres) y compris en hiver (page 227 du livre de l’expédition de 1902-1903). D’autre part les kirghizes locaux décrivent la vallée du Koykap comme très longue et pourvue d’abondantes sources d’eau qui empêchent le passage en été. G.Merzbacher passe par le col Uchat et le col Kara-Archa.
A cette époque l’accès à cette vallée miraculeuse, se fait également par le sud, via la vallée de la rivière Djanaldjer, et le col de Maybash. C’était une voie d’accès plus facile jusqu’au changement de frontière intervenu en 1996 et la cession de la la vallée du Djanaldjer à la Chine.
Il faut attendre 1959 pour voir les premiers pionniers moscovites explorer la vallée du Koykap-Terekty, sous la direction de I.Biryukov. En août, ils remontent à l’aide des conducteurs de chevaux kirghizes, la voie des cols au nord : remontée de la rivière Kaindy, Col Uchat, Col Kara-Archa et Col Chichor. Ils pénètrent sur les traces de Merzbacher dans la vallée du Koykap et remontent plus loin que l’illustre prédécesseur, notamment en explorant la vallée du Buluntor.
Quelques années plus tard, sans date précise connue, une autre expédition remonte vers la vallée du Terekty jusqu’à sa source, le glacier Kuyukap, découvrant le passage des cols Moschny et Zheleznodorozhnik. On a définitivement perdu le compte rendu de cette expédition.
Il faut attendre 1999 pour revoir une nouvelle expédition dans la zone par un groupe de grimpeurs moscovites mené par Sergey Kryukov, qui ne semble pas avoir utilisé les sentiers locaux, préférant probablement le transfert en hélicoptère.
La dernière expédition connue date de 2010. Elle est ukrainienne, par le club de tourisme de Kiev menée par Oleg Yanchevskii au mois d’août. L’expédition prend le parti pris d’un accès par les sentiers locaux : depuis Mayda-Adyr, ils franchissent tour à tour, le col d’At-Djaïloo (permet le passage de la vallée de l’Engilchek à celle du Kaindy), le col de Bulantor (permet apparemment le passage rapide entre le Kaindy et la vallée du Bulantor en évitant les cols de l’Uchat et du Chichor), pour rejoindre finalement en aval la vallée du Koykap Ensuite il remonte cette vallée en direction de la la confluence de l’Ayran-Su pour rejoindre les sources et explorer les zones glaciaires en amont autour du col Ayran-Su sur le Kokshaal-Too.
En tentant d’analyser ces diverses sources historiques, nous serions fortement tenté de constater que le massif du Maybash-Too n’a jamais été vraiment exploré et que le cours supérieur de la rivière Maybash est resté depuis trop longtemps méconnu. A ce jour en 2015, la crête supérieure du Maybash-Too est donc peut-être la seule à plus de 5000 m à rester encore vierge de tout pas humain en Kirghizie.
Une actualité géopolitique brûlante
Le cours inférieur du Sarydjaz est plus facilement atteint depuis la Chine que depuis le Kirghizstan. Depuis longtemps c’est également une zone de chasse aux grands gibiers (bouquetins, moutons de Marco-Polo, yaks sauvages). En janvier 2014, un grave incident de frontière dans cette partie du Sarydjaz, implique un garde-chasse qui rencontra un groupe de 11 Ouighurs venu de Chine. Ce dernier apercevant le groupe remontant la vallée plus de 40km à l’intérieur des terres, avertit les gardes frontières kirghizes. Plus tard le garde chasse est retrouvait mort et ses armes dérobées par le groupe ouighour. La patrouille frontière intercepta rapidement ce groupe. A l’issue d’un combat engagé tous les 11 Ouighurs furent tués. D’après les témoignages des gardes frontières kirghizes le groupe présentait l’aspect d’un groupe islamiste (source eurasia.net)
Un autre média, le Huffington Post, réalisait en 2015 un article sur l’Islamisme au Kirghizstan, évoquant au passage la possibilité pour certains groupes djihadiste Ouighurs, d’utiliser le territoire de la Kirghizie toute proche comme base arrière. On ne peut donc que recommender la vigilance dans ces zones plus facile d’accès depuis la province du Xinjang (ex Turkestan Oriental, Chine). Cette dernière province est le théatre d’un conflit séparatiste avec les autorités chinoises depuis longtemps. Du reste les troubles sont historiquement habituels au Turkestan Oriental !
Gageons que la présence des gardes frontières kirghizes soit renforcée dans la région. Les contrôles y sont déjà strictes et le gouvernement kirghize a peut-être pris la mesure du danger, ceci afin d’assurer la sécurité des groupes en déplacement dans le secteur.
Accès au massif
Ainsi que l’ont réalisé les précédentes expéditions dans la région, l’accès pédestre est relativement long et fastidieux depuis le nord. On doit franchir depuis les derniers postes routiers au bord du Sarydjaz plusieurs cols et plusieurs vallées : la remontée de la rivière Kaindy, le Col Uchat donnant sur la vallée du même nom, puis la montée au Col Kara-Archa et Col Chichor puis la descente dans la petite vallée du Kyzylkapchigaï, un affluent du Kuykap, la remontée de la vallée du Kuykap jusqu’à la confluence de l’Ayransu et du Maybash. Un parcours d’une bonne centaine de kilomètres avec les problématiques logistiques qui en découlent. Existent-t-il encore des migrations pastorales comme à l’époque de Merzbacher, permettant le portage à cheval ?
L’autre alternative reste encore l’hélicoptère depuis la base de Maïda-Adyr, permettant l’installation d’un camp de base sur le cours moyen de la rivière Maybash vers 3000 m d’altitude.
Cette région est située dans la zone frontalière et un permis spécial d’accès y est requis. Le poste de contrôle frontalier principal se situe plus au nord à la confluence des rivières Sarydjaz et Engilchek. La région est soumise à contrôle renforcée par des patrouilles frontalières fréquentes.
Cartographie. 1/100 000ème: k44-076 ; 1/200 000ème: k44-20
Schéma orographique
La chaîne de l’Ushat-Too, Tien-Shan Central
Caractéristiques diverses
Point géographique particulier dans le Tien-Shan Central, du haut de ces 5142 mètres d’altitude, le Pic Ushat forme un véritable bastion imprenable dominant les flots tumultueux des rivières environnantes, au fond de vallées plus de 2500 mètres plus bas. Le massif de l’Ushat est facilement localisable au Tien-Shan central, au sud des vallées de l’Engilchek et du Kaindy, au Sud-Ouest du Kuylu est dans une longue boucle sur le cours inférieur du Sarydjaz. Sur les cartes il comporte un petit complexe glaciaire à plus de 5000 m. Le massif de l’Ushat ou (Uch-Shat) s’ouvre à l’Ouest en forme de fer à Cheval abritant en son cirque un système glaciaire relativement imposant. Ce petit massif comporte également un autre pic de 5140 m d’altitude situé au sud.
Hydrographie du massif
Le massif est bordée au Nord par la rivière Kaindy, provenant du grand glacier éponyme, à l’Ouest et au sud par le Sarydjaz en un vaste mouvement tournant à travers d’étroites et sinueuses gorges qui tranchent en deux le Tien-Shan sur ces hauteurs presque les plus hautes. L’Ushat à l’Est est lui-même un affluent du Sarydjaz. La rivière Taldybulak provient du cœur glaciaire de massif pyramidal coulant vers l’Ouest pour jeter ses eaux également dans le Sarydjaz.
Histoire de l’exploration dans la zone
La région fut certainement explorée pour la première fois par Gotfried Merzbacher lors de son expédition de 1902-1903. Dans son récit, G.Merzbacher indique qu’en langue kirghize, la région doit son nom à la présence de « trois vallées », le Kaindy au Nord, l’Ushat à l’Est et le Sarydjaz à l’Ouest. La région est connue des éleveurs comme voie de passage par les cols de l’Ushat et du Kara-Archa vers les vallées verdoyantes du Kuykap au Sud-Est, et zones de pâtures hivernales.
Outre l’exploration de Merzbacher, aucun récit ne semble décrire l’ascension de ce pic parfaitement isolé autour de montagne secondaire du Tien-Shan central. Sans pour autant affirmer qu’il n’a jamais été gravi, l’élévation singulière du massif, la présence de pentes glaciaires septentrionales vertigineuses, le fort dénivelé tout cela peut transformer cette montagne pyramide en joli terrain de jeu technique, dans une ambiance sauvage de solitude.
Accès au massif
La piste principale menant an Tien-Shan central, au bassin de l’Engilchek et à la base de Maida-Adyr, permet de s’approcher du massif à près de 20 km. De la ville fantôme d’Engilchek à la confluence du Sarydjaz et de l’Engilchek, une piste routière suit le cours inférieur du Sarydjaz, que l’on emprunte jusqu’à la confluence du Kaindy. De là un sentier permet de rejoindre la vallée du Taldybulak qui pénètre au cœur de l’écrin montagneux par l’Ouest. Il convient de se renseigner sur la viabilité des pistes et les conditions d’accès au sentier de montagne. La remontée de la vallée du Kaindy et l’ascension du col Ushat à 3731 permet de rejoindre la vallée de la rivière Ushat, ainsi que les flancs Est et Sud du massif où d’autres sommets secondaires de plus de 4000 m sont peut-être accessibles.
Cette région est située dans la zone frontalière et un permis spécial d’accès y est requis. Le poste de contrôle frontalier principal se situe plus au nord à la confluence des rivières Sarydjaz et Engilchek. La région est soumise à un contrôle renforcé par des patrouilles frontalières fréquentes.
Cartographie. 1/100 000ème: k44-075 ; 1/200 000ème: k44-20
Schéma orographique
La chaîne de l’Uchemchek, Sud-Ouest du Terskey Ala-Too et le massif du Sarytor
Caractéristiques diverses de l’Uchemchek
Dans la région du col Barskaun, le Terskey Ala-Too est légèrement incurvé vers le sud au niveau du col de Keregetash (3684), pour rejoindre la chaîne de l’Uchemchek provenant du Sud-Ouest aux abords Est immédiats du col Barskaun. La jonction des deux massifs se situe au Nord du Pic 4475 (à l’Ouest du Pic Chimchik 4467). Le point culminant de l’Uchemchek est situé à 4490 au Pic Eguiztor relativement proche de la jointure avec le Terskey Ala-Too. Ce dernier point culminant est également au Nord du col Eguiztor.
L’Uchemchek se développe sur une ligne Est-Ouest entre les vallées de l’Uchemchek au Nord et du Burkhan au Sud. Il est bordée à l’Ouest par le Keriu-Karagoman, au Nord et à l’Est par le Terskey Ala-Too, au sud par le Djetimbel. De part sa situation géographique au sud du Terskey Ala-Too, il partage de nombreux points communs avec le massif du Djetimbel, notamment sur son climat, sa conformation glaciaire et son altitude moyenne.
Tout comme le Djetimbel, on accède au massif par les dépressions bordant le Nord et le Sud, en suivant des vallées méridionales à fond plat et profilées en auge. Ces vallées latérales sont souvent pourvues de larges glaciers de faible pente se terminant sur les pentes plus raides, voire rocheuse de la dorsale du massif. Le dénivellé moyen est d’environ 1000 mètres. Certaines parties du massif présente des larges plateaux à plus 4000 mètres, probablement abrasés par d’ancienne calotte glaciaires encore présentes sur le massif. C’est un lieu idéal pour la pratique des trekkings de haute altitude, dont les possibilités semblent infinies dans toutes la région sud du Terskey Ala-Too.
Le massif est toutefois mal connu, ne recevant que quelques rares visites de club de randonnée et d’alpinisme russes ou kazakhs. Seul le secteur du Col et du Pic Eguiztor a été reconnus dans les années 2000. De nombreux sommets de plus de 4000 sont encore vierges de tout pas humains.
Caractéristiques diverses du Sarytor
La chaîne du Sarytor est également située au croisement du col Keregetash dans la même zone incurvée du Terskey Ala-Too. Elle prend naissance plus exactement au col Tostor (3893), et poursuit sa course à l’Est dans le même axe initial du Terskey Ala-Too. Elle s’achève dans la vallée du Barskaun au Nord du col Sarymoynok (3126). Le point culminant du massif se situe à 4486 m d’altitude au Nord du col Djangykorgon (3745).
Le petit massif du Sarytor est localisé sur le versant Nord du Terskey Ala-Too, donnant sur les rives du Lac Issyk-Kul. On y retrouve le même climat du versant nord du Terskey Ala-Too, plus humide. La partie la plus à l’Est du massif présente des pentes abruptes se précipitant dans la vallée de la rivière Barskaun. Plus à l’Ouest à partir de la vallée du Tamga, l’élévation depuis les rives du lac Issy-Kul est très progressive, à travers un paysage typiquement kirghize et pastoral : forêts d’épinettes du Tien-Shan, jaïloo et élevage extensif.
Les glaciers sont assez courts et les pentes plus rocheuses, dans un massif au relief plus alpin. On ne connait pas bien les possibilités d’ascension mais les parcours rocheux les plus à l’Est du massif doivent comporter un certain interêt, ne serait-ce que par la grande concentration de sommet à plus de 4400 sur une même crête rocheuse. Le massif du Sarytor est plus souvent visité du fait de sa proximité immédiate avec les rives du lac Issyk-Kul.
Accès aux massifs
L’accès principal de ces deux massifs se fait à partir de la route des Cols Sarymoynok et Barskaun. Au départ de Bishkek, on emprunte la route de Ribache-Kochkor puis la rive sud du Las Issyk-Kul jusqu’au village de Tamga. De Tamga des sentiers partent vers le Nord en direction du massif du Sarytor. Pour rejoindre l’Uchemchek et le versant sud du Sarytor, on poursuit la route par la petite ville de Barskaun, en remontant les gorges étroites de la rivière Barskaun, en direction des deux cols routiers du Sarymoynok et de Barskaun. De là il est aisé de remonter les larges vallées en direction de l’Uchemchek ou du Sarytor pour établir des camps de base à une ou deux journées de marche.
Dans la plupart des massifs situés dans la zone du Terskey Ala-Too, il n’y a pas de restriction d’accès aux zones montagneuses.
Cartographie. Uchemchek : 1/100 000ème: k43-83, k43-84 (partie Est) ; 1/200 000ème: k43-24, Sarytor : 1/100 000ème: k43-83, ; 1/200 000ème
Schémas orographiques
La chaîne du Kara-Kyr, Tien-Shan de l’intérieur
Caractéristiques diverses
Voilà encore un de ces massifs peu connu du Kirghizstan intérieur, situé à la frontière chinoise immédiatement à l’Est du col Torugart, d’une altitude maximale de 4425 m. Il s’élève au dessus d’une vaste steppe de haute altitude désertique entre 3600-3800 au sud de la dépression de l’Ak-Say et au sud-Est du lac Chatyr-Kol. Ses pentes sont très progressives, il faut alors s’imaginer un faible gain d’altitude sur des dizaines de kilomètres, en suivant de longues vallées plates parvenant enfin à 4000 dans leur cours supérieur sur la frontière. Le massif est d’orientation Nord-Sud, il se caractérise par une série de vallées de même orientation principale, dont les sources des cours d’eau jouxte la frontière chinoise. Paysage isolé de steppe au climat âpre et aride de la haute altitude, au relief arrondi et érodé, les fonds de vallée sont situées très haut voisinant les 3800-4000, pour une altitude montagneuse moyenne entre 4200-4300. C’est donc un lieu propice à la randonnée dans l’isolement parfait des grands espaces. Le plus haut sommet n’a probablement jamais été gravi, et son altitude est incertaine variant en 4425 et 4497.
Il n’existe pas d’information à ce jour sur ce massif : il y a-t-il des glaciers et des possibilités alpines intéressantes. Quoi de mieux pour justifier une première exploration plus sérieuse.
Hydrologie du massif
De l’Ouest à l’Est on compte plusieurs rivières courant du sud au nord : la rivière Luyutir, longeant la frontière chinoise, le Tepchi, l’Urtasu, le Terek et le Kipchak. Entre ces cours d’eau s’étend quelques cours d’eau secondaire aux marches du massif : le Karadjilga, l’Ortodjilga et le Chetkaradjilga, tous affluents de l’Urtasu. Les reliefs doux doivent permettent de circuler facilement d’une vallée à l’autre. Les sentiers traditionnels d’estive, autrefois utilisés pour le passage vers les versant chinois, se situent dans les vallées de l’Urtasu, du Terek et du Kipchak.
Accès au massif
La proximité du col Torugart permet d’envisager un pénétration du massif moins complexe que pour le massif voisin du Kerpe-Too à l’Est. Il semble exister une piste provenant de la dépression de l’Ak-Say, menant à la bourgade de Karaultiube sur le rivière Terek. De là une piste continue le long de la vallée de l’Ortosu jusqu’au col du même nom sur la frontière chinoise. Il est probable qu’un poste frontalier chinois soit installé au col Ortosu (3925). En effet une route part dans la vallée sud de l’Ortosu chinois. Le parcours à l’Ouest par les vallées supérieures permet de rejoindre la vallée du Luyutir et le point culminant du massif à 4425 m d’altitude.
Cette région est située dans la zone frontalière et un permis spécial d’accès y est requis. L’isolement du lieu requiert de se renseigner au préalable sérieusement sur les conditions d’accès au territoire.
Cartographie. 1/100 000ème: k43-128 (Nord), k43-140 (Sud et frontière chinoise); 1/200 000ème: k43-34
Schéma orographique
La chaîne du Kerpe-Too, Tien-Shan de l’intérieur
Caractéristiques diverses
Situé le massif du Kerpe-Too n’est pas une mince affaire, car son toponyme ne figure sur aucune carte topographique de l’ère soviétique, quelque soit son échelle. Le point de départ de la recherche bibliographique est une mention sur le wikipédia anglais donnant la liste des chaînes de montagne de Kirghizie. En réalité cette liste est tirée de deux encyclopédies sur le Kirghizstan paru l’une à la fin des années 1970 en russe, et l’autre en kirghize en 1991 à la première époque de l’indépendance. Il y figure un nom parfaitement énigmatique le Kerpe-Too culminant à 4552 m. Dans l’encyclopédie kirghize l’article Kerpe-Too dans la langue vernaculaire, donne tout de même quelques indications : située dans la région de la dépression l’Ak-Sai au sud du pays. Dernière indication sur les cartes soviétique la permanence dans cette région d’un point géodésique 4552 (parfois 4558) reprenant exactement les variations d’altitude dans les listes de chaînes montagneuses publiées. Une bonne confirmation finale est obtenue par élimination après avoir placé sur les cartes tous les autres massifs.
Ainsi selon toute probabilité le Kerpe-Too se situe exactement au sud du massif du Sary-Beless, sur un axe oblique Nord-Est-Sud-Ouest qui vient toucher la frontière chinoise à la hauteur du col Kodjent (3962 m). Il est également placé aux confins de l’interminable Kokshaal-Too. Là ce dernier forme un nœud orographique d’où part au Nord-Est le Kerpe-Too et plus à l’Ouest une chaîne montagneuse du Tien-Shan, le Meydantag situé entièrement au Turkestan chinois (province du Xinjiang). Le Meydantag est la première chaîne du Tien-Shan qui longe la grande dépression du désert du Taklamakan.
Si ce n’est cette mention purement géographique, il n’existe à ce jour aucune description de cette montagne. L’examen des cartes ne donne que peu d’indice sur l’implantation glaciaire. On peut noter une certaine contradiction entre la présence de nombreux cours d’eau dans la région, notamment ceux alimentant le fameux lac Kelsu (un joyau dans la région), et l’absence de relevé topographique de glacier. Or c’est une région connue pour sa relative sécheresse et la sévérité de son climat hivernal. Aussi la présence des cours d’eau ne peut qu’être l’indice d’une présence glaciaire en face nord significative. Il ne faut donc pas vraiment faire une grande confiance aux cartes topographiques sur ce point.
A la décharge des topographes soviétiques c’est une région particulièrement difficile d’accès, un véritable no man’s land, peut-être même à l’écart des traditionnels passages de kirghizes locaux entre la Chine et la Kirghizie. Toutefois les cartes mentionnent des sentiers traversant quelques cols menant à la vallée principale du massif, le rivière Kurumduk ainsi qu’à la frontière sino-kirghize. On note ainsi les sentiers du col Karabel (4023) au sud du massif du Sary-Beless, du col Echigart (3933) (sud du Kokkiya), le sentier en amont du lac Kelsu, remontant le Kurumduk, qui se sépare vers les cols Kurumduk (3795) et Kodjent (3962) tous deux sur la frontière chinoise, enfin celui du col Karabel (4088) vers l’est sur le Kokshaal-Too. Le sentier du col Orkashkakashu (orthographe incertaine et probable erreur de retranscription topographique), permet également la traversée du massif en son milieu, en connectant les vallées de l’Orto-Kashkasu et du Kurumduk.
Pour un descriptif plus précis des conditions générales de la montagne on se réfère au chapitre sur les massifs du Kokkiya et Sary-Beless, faute de plus d’information sur ce territoire du bout du monde.
Question alpinisme, voilà un territoire totalement vierge d’ascension, selon toute vraisemblance. L’isolement et la mission d’exploration qui en découle présentent en eux-même déjà un grand intérêt pour la curiosité des grimpeurs et des randonneurs. Mais il ne faut pas s’attendre dans la région à des forts dénivelés car les fonds de vallée sont souvent proche de 3800-4000 pour une altitude moyenne des sommets à 4300. On s’attend plutôt à des formations rocheuses érodées et un relief de pénéplaine, plus propice à la randonnée alpine. Pour l’effort suscité par l’organisation d’une expédition au Sary-Beless et Kokkiya (Kell-Too et Kokshaal-Too sino-kirghize, 4800-4960), voilà une extension exploratoire judicieuse après l’ascension des derniers bastions granitiques situés plus au Nord.
Accès au massif
Voilà une épineuse question à résoudre, si tant est que l’accès au massif du Sary-Beless est en soi tout une aventure (voir articles Kokkiya et Sary-Beless) , celui du Kerpe-Too encore plus au sud est plus qu’énigmatique. Si tant est que les vieux sentiers mentionnés sur les cartes soient toujours usités pour l’estive, on peut espérer un portage à cheval par des éleveurs locaux (présence sur les cartes d’ancienne structure agricole kolkhozienne (confluence du Beshbala). Dans tous les cas la pénétration du massif dans un no man’s land de plus de 70-80 km supplémentaire est une aventure en soi.
Cette région est située dans la zone frontalière et un permis spécial d’accès y est requis. L’isolement du lieu requiert de se renseigner au préalable sérieusement sur les conditions d’accès au territoire.
Cartographie. 1/100 000ème: k43-129 ; 1/200 000ème: k43-35.
Schéma orographique