Le massif du Karamanyok
C’est un petit massif situé immédiatement au sud de l’Ala-Too kirghize, d’environ 70km d’extension. Son orientation est identique à l’Ala-Too kirghize, Est-Ouest. La position « centrale » du massif est globalement sur une ligne nord-sud partant de la capitale Bishkek. Les limites est-ouest se situerait par rapport à l’Ala-Too kirghize du col Kegety au col Ala-Archa. Malgré cette relative proximité géographique avec la capitale, ce massif est souvent associé dans les comptes rendus avec son grand frère l’Ala-Too kirghize. De ce fait sa description propre est relativement pauvre dans la littérature. La montagne la plus élevée du Karamoynok est le Pic Shnitnikov (4281 m).
Courte histoire du massif
Le développement touristique plus prononcé de la région a commencé dans la seconde moitié des années 70 (à l’exception de quelques campagnes précédentes), et à ce jour un quart de la crête du Karamoynok est connu, mais les informations disponibles sont encore trop dispersées et pas systématiques. L’emplacement des cols est répertorié avec leur cotation respectives. L’activité depuis quelques dizaines d’années est surtout lié à la grande randonnée combinée avec le passage de l’Ala-Too Kirghize. L’activité pure d’alpinisme est beaucoup plus anecdotique. Les principaux sommets au dessus de 4000 rassemblés autour du Pic Shnitnikov sont probablement tous gravis, mais les parcours rocheux n’y sont aucunement répertorié, sans parler de l’estimation des cotations. Il est même difficile de trouver de la documentation sur le passage et la location des 20-25 cols répertoriés. Les vallées autour du Pic Shnitnikov présente le plus grand intérêt en combinant petit parcours glaciaires avec final rocheux, à l’image de ce que l’on peut trouver par exemple autour de la vallée de l’Adhygene dans l’Ala-Too kirghize, du Sokuluk ou de l’Isssyk-Ata par exemple.
Climat
Comme dans l’Ala-Too kirghize, le climat est continental. Les précipitations y sont fortement dépendantes de l’altitude et de la saison. Au printemps de fréquents brouillards, de la pluie, de la neige; la quantité de précipitation est de 80 mm par mois. L’été est humide et frais avec une température moyenne de + 12°C. Le dernier mois d’été, Août, est chaud et sec. Le mois de Septembre est le mois le plus sec de l’année. C’est le plus chaud de l’automne. En novembre commence les froids. L’hiver est froid, mais pas extrême comme au sud de la région de Naryn. Comme le piémont du Karamonyok est situé à une altitude plus élevé que l’Ala-Too kirghize l’hiver y est un peu plus rigoureux avec des vents plus soutenus. Le mois le plus froid est celui de Février. En hiver les crêtes sud sont exposées assez souvent aux rayons intenses du soleil provoquant le dégel. Les précipitations neigeuses globales sont relativement faibles. La répartition des précipitations est inégale, le régime étant fortement influencé par la présence au nord d’une « barrière » de l’Ala-Too kirghize. Logiquement le climat est donc légèrement plus sec. Mais il n’est pas rare qu’en été il y ait des précipitations neigeuses temporaires.
Hydrographie, glaciologie, roches
D’un point de vue hydrographique, le système des rivières est relativement simple. Au nord les bassins versants des rivières Karakol (est et ouest), au sud les bassins versants des rivières Syek (est et ouest). Les vallées est et ouest sont séparées par des cols du même nom, le col Karakol (3452 m) au nord et le col Syek (3512 m) au sud. Ces deux cols sont des passages importants pour les estives kirghizes (jaïloo). Au sud du col de Syek commence une autre crête adjacente du massif, le Djumgal-Too (4078m), de hauteur plus basse, plutôt sous 4000 et à l’est du village de Suusamyr. On peut citer également une crête latérale bien distincte plus au sud distincte du Djumgal-Too qui possède également une altitude comparable au Karamanyok, l’Oy-Gaïng (4273).
Le massif du Karamoynok présente un système de glacier moins important et moins étendu que pour l’Ala-Too kirghize. L’Ala-Too kirghize totalise quelques 607 glaciers avec une superficie totale de 530,4 km2 tandis que la crête du Karamoynok (additionné du Djumgal-Too et l’Oy-Gaïng), totalise 191 glaciers pour 59,4 km2 de superficie. Ce sont pour la plupart des glaciers de cirque, situés sur le versant nord et dont les langues glaciaires terminales s’établissent le plus souvent vers 3400-3600. La crête possède une forte asymétrie entre le nord et le sud. Les versants nord de la partie centrale du massif comportent des glaciers conséquents, tandis que le versant sud en est pratiquement dépourvu.
Les roches du massif sont souvent des zones fortement délités, mais avec quelques contreforts et murs rocheux plus solides, concentrés dans les vallées autour du Pic Shnitnikov. Les versants sud sont généralement rocheux, et fortement délités. Il y a donc souvent une plus grande difficulté dans la descente des cols versants sud. Il faut alors savoir tiré partie des reliefs fortement tourmentés pour trouver son chemin : pentes raides et gendarmes acérés, talus et reste de moraines. Dans le Karamanyok la description de moins d’une dizaine de col est disponible (en russe) sur la vingtaine répertorié officiellement. Mais les informations sont très mal structurées, et ne sont pas du tout précises notamment sur l’emplacement (hormis 4 dont les coordonnées GPS sont signalées). Si la plupart des cols connus n’excèdent la cotation 2B (soit PD+) cela en dit long sur le peu d’exploration alpine dont a fait l’objet ce petit massif.
Vie pastorale
Sur le versant nord du massif du Karamanyok il y a de nombreux pâturages d’été avec leur « village de yourtes ». Sur l’axe de la piste Kochkor-Suusamyr s’installent de nombreuses familles d’éleveurs pour l’été. Le trafic de la piste est de 1-5 voitures par jour, notamment pour venir prendre le lait (jument ou vache). La fréquentation du week-end est plus importante. Sur les estives, le Karamanyok offre des prairies pittoresques sur fond de crête couronnée de neige éternelles. C’est également un paysage plus ouvert que l’Ala-Too kirghize qui s’ouvrent à l’est sur la petite dépression de Suusamyr.
Les populations locales, les bergers et leurs familles seront toujours curieuses de voir quelques touristes. Votre passage ne restera pas longtemps inconnu à des kilomètres à la ronde. Beaucoup de gens parlent le russe, mais pas tous, aussi quelques mots de turc savamment modifié pourront également aidé. Héla l’anglais n’est pas vraiment de mise. Pour les campements dans les zones d’élevage, il vaut mieux choisir un lieu plus élevé dans la montagne qui se rapproche des bouches glaciaires où l’eau est réputé moins pollué par l’activité animale, ou une source d’eau résurgente.
Accès au massif
Avant d’évoquer l’accès au Karamanyok, rappelons que la crête de l’Ala-Too kirghize juste en face est située à une courte distance de Bichkek et son accès est assez pratique. Les vallées des rivières principales sont bien pourvues en service public de transport collectif depuis Bichkek jusqu’à l’entrée des vallées. Elles sont donc facilement accessibles et notamment la vallée du Kegety qui possède une piste routière menant au col Kegety, qui donne accès à la vallée de la rivière Karakol-Est situé au devant du massif du Karamanyok.
Les vallées de Karakol-Ouest et Karakol-Est sont connectées par une piste routière qui passe au col Karakol. Cette route permet de relier les bourgs de Kochkor et Suusamyr, qui à leur tour sont accessibles depuis Bichkek. Les vallées du Suyek-Ouest et Suyek-Est sont également reliés par le col de Suyek où passe une piste routière de Susamyr à Kochkor, mais la piste est beaucoup moins fréquenté que la piste du col de Karakol.
Au col de Karakol le réseau kirghize des télécommunications mobiles est actif.
Schéma orographique