Interrogations suite au JT de France 2

Le sujet de ce post n’est pas l’accident qui à couté la vie aux 2 jeunes savoyards aujourd’hui,
mais un questionnement à partir du constat d’un secouriste CRS (voir JT de France 2 édition de dimanche 13 janvier 20h) :

http://jt.france2.fr/20h/

Ces 2 jeunes ont pris un itinéraire classique, à mon avis, bien moins dangereux que beaucoup d’itinéraires qui ont été tracés aujourd’hui, par risque 4 !
Le secouriste Crs, un peu dépité, dit dans le JT que presque tout a été tracé aujourd’hui dans Belledonne. Et pour ma part, résidant à Freydières, j’ai été surpris de voir certaines traces ce matin, par exemple sur la face ouest du grand colon ou le col du Loup. Bien sur, ceux qui ont fait ces traces et ont eu la chance de revenir, doivent être content, j’imagine.
Par risque 4, après tous les derniers épisodes météo, cela ne relève t-il pas de la roulette russe ???

Je sais bien que des accidents peuvent arriver à tout le monde en montagne, mais là n’y a t-il pas des risques démesurés ou mal mesurés.

Bien sûr, on pourra me dire, chacun prend ses responsabilités, mais j’ai trouvé très instructif des articles sur la méthode dite " de réduction des risques" (méthode Munter).
cf montagnes magazine de décembre 2007.
Il semblerait qu’en suisse, cette méthode soit utilisé par pas mal de monde (guides, club alpin…) et qu’en quelques années le nombre de morts ait été divisé par 2. Pour autant il me semble que nos amis suisses continuent à prendre du plaisir dans la neige vierge en montagne.

En me référent à cette méthode aujourd’hui il m’a semblé qu’il valait mieux faire de la luge avec les mômes et s’entrainer avec des arvas dans les 40 cm de fraiche.

Peut-être serait-il utile que s’instaure un échange sur cette méthode et notre rapport aux risques liés à la neige ?

Ca dépend. Si les gars y sont allé le nez dans les spatules, oui c’est de la roulette russes. Si ils ont jugé les conditions au fur et à mesure qu’ils avançaient, en n’hésitant pas à renoncer si ça n’était pas assez stable, mais que coup de bol (ou pas de bol :slight_smile: ça passe, ben non, ce n’est pas de la roulette russe.

Cette méthode n’a pour moi jamais fonctionné par le résultat qu’elle donne, surtout si il te faut combiner des informations que tu peux avoir chez toi et des informations que tu ne peux avoir sur le terrain pour choisir ton objectif. Et choisir un itinéraire adapté aux conditions reste pour moi le principal.
Si elle fonctionne ce n’est pas par le résultat qu’elle donne mais parce qu’à partir du moment où tu te poses systématiquement des questions pour choisir ton itinéraire tu vas bien sur avoir un comportement plus prudent. Mais pour ça toute méthode correctement elaborée peut faire l’affaire, comme par exemple le Nivotest.
Si déjà on se disait que par risque 4 (ou 5) il ne faut pas aller ni sur ni sous les pentes suffisantes pour être avalancheuses (disons 25°) et que par risque 3 il fallait se limiter dans les pentes (moins de 35°), comprendre qu’on est en situation douteuse dès qu’on est dans une pente ou sous un pente de plus 25°, et mettre face à face la carte et l’itinéraire qu’on envisage et le BRA pour choisir un autre itinéraire si on a un doute je pense qu’on éviterait bien des accidents.

Si j’ai bien compris la situation de l’accident du Crozet la situation n’était pas celle où tu te demandes la veille ce que tu vas faire le lendemain. Ils on passé la nuit au refuge de la Pra mais se sont fait surprendre par de très mauvaises conditions de visibilité et de neige pour redescendre. Je connais mal le coin mais quelle solution de descente avaient ils d’autre que celle là ?

Bien sûr, mais tu choisis un itinéraire chez toi avec les infos que tu as, donc tu ne peux pas appliqué la méthode 3x3 entièrement, mais un peu quand même.
Puis une fois sur place, tu a accès aux infos locale, et tu réévalues ton itinéraire avec la méthode. Et là, tu décides si tu continues, si tu modifies ton itinéraire, si tu changes d’objectif, ou si tu renonces complètement.
Ah bien sûr tu aimerais bien ne pas avoir à renoncer, en décidant de chez toi un itinéraire sûr. C’est possible, en se limitant drastiquement, comme tu le dis (pas plus de 25° par risque 4, …). Mais avec ça, on en vient vite à faire toujours la même chose.
Si on veux faire plus de choses, ben faut accepter de prendre des buts. Mais avec l’expérience et la connaissance du terrain, il est possible d’avoir une meilleure estimation du risque que ce que donne la méthode 3x3 ou le nivotest : on peut arriver à diminuer pas mal le taux de but, tout en faisant des choses qui seraient interdite avec tes critères simples. Mais bien sûr, ça demande de réfléchir (toujours se remettre en cause, toujours observer le maximum durant les sorties, … il y en a à qui ça ne plait pas car la rando est un loisir, et pour eux durant un loisir, on laisse son cerveau chez soi, c’est leur définition des loisirs).

Ca dépend où tu habites et des km que tu acceptes de faire mais je ne pense pas que ce soit si drastique que ça.
Il faut prendre en compte que les risques 4 et 5 ne sont pas les plus courants et il suffit de se réserver des randos sures pour ces jours où les risques sont importants.

Ne dites pas ça bo…el (même si vous le pensez)

3-4 randonneurs à ski qui remontaient le long d’une piste interviewés sur France 2 qui disent que la montagne n’est pas en condition pour sortir des itinéraires sécurisés. C’est remettre en cause tous ceux qui sont sortis sans prendre de risque sur des itinéraires sûrs et c’est apporter de l’eau au moulin de ceux qui pensent que les stations représentent la sécurité et qu’il faudrait interdire la pratique hors station.

Ca se rapporte à quoi ?

Ca se rapporte à quoi ?[/quote]
Aux propos des randonneurs interviewés.

Peut être qu’ils parlaient seulement de la montagne où se trouvait la piste qu’ils remontaient ?
Attention, les journalistes sont les rois de l’extraction d’une phrase de son contexte. Tu as raison, faut d’autant plus ne pas être ambigü dans ce qu’on dit aux journalistes.

Oui, sans aucun doute, mais dans le contexte de l’accident et le reportage étant bien orienté les non-pratiquants ne le comprendront pas dans ce sens. Prudence donc quand on parle aux journalistes pour qui il est si simple de tirer à vue sur ceux qui sortent des clous (ou plus exactement n’y entrent pas) en oubliant que l’accidentologie dans les stations-parcs-d’attraction est très importante.

A mon avis, la meilleure solution était de ne pas descendre.

Ca me semble une situation assez courante dans les raids à ski : on se fait surprendre par une évolution météo (était-elle imprévisible ?), donc on ne bouge plus en attendant que ca se stabilise un peu, ou que les secours viennent (d’où l’intérêt de laisser son itinéraire à qq un…).

[quote=Paul G]A mon avis, la meilleure solution était de ne pas descendre.

Ca me semble une situation assez courante dans les raids à ski : on se fait surprendre par une évolution météo (était-elle imprévisible ?), donc on ne bouge plus en attendant que ca se stabilise un peu, ou que les secours viennent (d’où l’intérêt de laisser son itinéraire à qq un…).[/quote]
Oui, après coup c’est ce qu’on se dit.

J’ai connu une situation similaire, un week-end en raquettes que je co-encadrais avec un guide. Itinéraire peu expo (montée au refuge du Ruitor pour ceux qui connaissent). Météo correcte dans la montée mais la tempête est arrivée dans l’après-midi alors qu’on était déjà au refuge et ça s’est agravé la nuit. Visibilité très faible le matin, couche de neige abondante et vent, c’est le guide qui a décidé de redescendre mais si j’avais été seul à encadrer je restais pour attendre qu’au moins la visibilité s’améliore (on est rentré au GPS). On entendait les avalanches partir autour de nous mais on ne voyait rien. Sous la Chapelle St-Pierre il a fallu sortir la corde et descendre un par un (on a du mal à y croire quand on a vu l’endroit par beau temps).

[quote=Bubu]Bien sûr, mais tu choisis un itinéraire chez toi avec les infos que tu as, donc tu ne peux pas appliqué la méthode 3x3 entièrement, mais un peu quand même.
Puis une fois sur place, tu a accès aux infos locale, et tu réévalues ton itinéraire avec la méthode. Et là, tu décides si tu continues, si tu modifies ton itinéraire, si tu changes d’objectif, ou si tu renonces complètement.
Ah bien sûr tu aimerais bien ne pas avoir à renoncer, en décidant de chez toi un itinéraire sûr. C’est possible, en se limitant drastiquement, comme tu le dis (pas plus de 25° par risque 4, …). Mais avec ça, on en vient vite à faire toujours la même chose.[/quote]
Disons qu’on ne raisonne pas de la même manière, quand on habite au pied des montagnes comme toi, ou à 3 heures de route comme moi…

Apparement, même en en habitant également au pied des montagnes, on peut raisonner de façon différente que Bubu.

C’est sur qu’à raquettes on voit les choses différement, quand il y a un risque élevé après une grosse chute de neige on n’a aucun mal à trouver des itinéraires magnifiques et à l’abri de tout risque d’avalanche. La solution est peut être là : sortir les raquettes dès que le risque est de 4 ou 5, ça vaut largement une rando pédestre l’été. Mais j’imagine très bien que les skieurs qui passent la semaine à la fenêtre en rêvant du prochain week-end peuvent difficilement se contenter des raquettes si la météo n’est pas bonne.

T’es fou, toi? :smiley:
Plus sérieusement, on peut aussi faire des itinéraires en ski dans ces conditions.
Ce WE j’étais à Jagène, et avec une altitude modérée et des pentes itou on ne s’est pas fait peur.
Je me souviens aussi d’une très belle sortie au Connest pendant le risque 5 de février 99, avec une ambiance très particulière vu l’enneigement hors normes…
C’est vrai que ce sont des endroits où on croise plus de raquetteurs, mais ce n’est pas une raison pour s’y mettre, quand même! :stuck_out_tongue: