Ils montent sous les séracs du Gd Combin!

Posté en tant qu’invité par Sly Sauvage:

Bonjour a tous,

Je voudrais partager une experience bien interessante, mais surtout incroyable.

Ce dimanche (04/05/03), un ami et moi tentons le Grand Combin par le couloir du versant NW depuis FXB. Il fait beau, le glacier semble bouche, leve 2H45, une trentaine de personnes au depart… tout va bien.
Mais voila qu’arrives en vue du couloir tant attendu ( a 3600m: 200m en 40/45°), nous voyons clairement une barre (une muraille en fait!!) de glace, de seracs surplombant TOUT le couloir: entre 10 a 30 m de haut, bien penches en avant.
Bon pour moi et mon compagnon, c’est evident, on va rentrer se coucher… mais nous sommes presque les seuls! Les autres cordees, certaines avec des guides, continuent en cramponant dessous: au moins 1H/1H30 a l’allee, idem retour. C’est incroyable je me dis, c’est suicidaire! Un serac est le danger objectif le plus important qui soit: on sait pas quand ca tombe, rien, mais quand ca tombe ca tue comme un raz de maree et le Gd Combin est connu pour ses seracs (l’ancienne voie « normal » du Corridor est une tombe).

Pourquoi je vous ecris car j’aimerais avoir votre avis sensible et pose sur cela: pour moi c’est evident il faut renoncer, c’est trop dangereux et revenir une autre annee, voire tenter une autre voie. C’est la vie, le plaisir qui compte. Voir ces 20/30 alpinistes (que je pense confirmes) jouer avec le feu, devrais-je dire la glace, c’est dingue. Qu’en pensez-vous? Me trompe-je sur le danger des seracs, quelqu’un en connait-il plus?

Restons prudents

Sly

Posté en tant qu’invité par crabe:

topo Gd Combin

Posté en tant qu’invité par Manolito:

risqué mais beau!

Posté en tant qu’invité par jean-marc:

Chacun est libre de jouer à la roulette russe. A mes yeux tu as pris la bonne décision, mais chacun fait ce qui lui plaît.

Posté en tant qu’invité par Stéph:

Ca dépend de la gueule du sérac, mais sauf erreur la montée du couloir est rapide et sur la droite c’est pas trop menaçant. Sinon c’est clair qu’il y a un peu d’engagement et là c’est une question de choix!!

Posté en tant qu’invité par Nicolas:

Sly a écrit :

Restons prudents

Ben dans ce cas-là mieux vaut ne pas aller en montagne.

Rien qu’à progresser sur un glacier, tu prends un risque (j’ai perdu un pote sur une assez banale chute en crevasse, mais sans casque, c’est fragile une tête).

Le destin d’une montagne, c’est de faire une plaine, et à te mettre sur ses flancs tu es droit sur la trajectoire de ladite plaine.

Après, oui, le niveau de risque n’est pas le même partout…
Mais implicitement, en allant en montagne, tu acceptes un certain risque, tout comme tu acceptes un risque quand tu roules en voiture (un mec bourré à contresens sur l’autoroute, ça vaut bien un sérac croulant), risque qui est le prix à payer pour pas mal de choses comme dit Manolito.

Et ce niveau de risque que tu acceptes, il faut certes en parler pour que tu puisses le déterminer avec la plus grande lucidité possible et le plus d’informations possible, mais il faut aussi comprendre que c’est un choix éminemment personnel (les clients d’un guide lui délèguent ce choix, mais ça aussi c’est un choix de la part des clients, qui font confiance à un guide et pas à n’importe qui).

Donc, tu trouveras forcément des gens qui ont un niveau de risque accepté plus faible que le tiens, et d’autre qui en ont un plus fort. Tant qu’ils sont conscients de ce qu’ils font et qu’ils ne mettent pas en danger d’autres gens qui n’en sont pas conscients, je vois difficilement ce qu’on peut leur reprocher…

Sur les séracs, c’est vrai qu’il y a plus de trajectoires sous un sérac, et que c’est assez imprévisible.
Y’a eu une mode de l’escalade de séracs, et les gaziers disaient quand même que à force d’observation on percoit une certaine régularité das les chutes de séracs, qui leur permettait de choisir un moment un peu moins exposé. Enfin bon…

Bonnes balades, le tout c’est d’être lucide
Nicolas, qui s’est mis au parapente où il voit moins de dangers objectifs que sur un glacier, des choix personnels, encore des choix personnels…

Posté en tant qu’invité par andrea:

à propos, vu que tu etais par la, la face NW (la paroi à droite du couloir) elle a quelle gueule? est-elle en glace ou en neige?

qqn a des photos recentes de la face et du couloir?

merci
andrea

Posté en tant qu’invité par Julien:

y’a 2 semaine c’etait en glace! ca metonnerait que ca ait changer bcp de ce cote la!

Posté en tant qu’invité par Toto:

Salut Sylvain, c’est moi Toto du Balmhorn de l’année passée - je ne t’ai pas reconnu à FXB, c’est bête; bref, nous y sommes montés nous ce dimanche sous les séracs et ma foi, a posteriori c’est vrai que ce n’était pas sans risque…on a constaté au retour qu’au dessus de nos têtes au bas du Couloir du Gardien se trouvait un « feuillet » de glace bleue bien compact et qui ne demandait qu’à se détacher…gloups! Bref heureux d’avoir fait ce sommet mythique mais pas une deuxième fois par cet itninéraire, c’est sûr!
photos de la course pour ceux que ça intéresse
http://public.fotki.com/antonmuller/outdoor/

Posté en tant qu’invité par Alex:

c’est une question de rapport risque/plaisir
perso je suis passé il y a 3 jours sous le couloir Gervasutti au Mont-Blanc du Tacul, et bah ça donne pas envie de grimper là-dessous (deux tranches surplombantes et très larges)

que ceux qui aiment ça y aillent, mais pas moi ;o)

Alex

Posté en tant qu’invité par Jean Pierre:

Je comprend ta décision dictée par ton jugement et ton expérience c’était la bonne pour toi et tu n’as pas à la remettre en cause.
Je comprend ta frustration de voir que d’autres jugements et pour certains l’absence de jugement… (c’est malheureusement très courant; voir ton copain)leur ai donné aussi raison, à ce moment, ce jour la…
Contrairement à ce qui est souvent dit, la montagne n’est finalement pas une tueuse.
Ma « veille et longue » pratique me font dire qu’il y a bien plus de miracles (par rapport à des comportements à grand risque) que de fatalités.

Posté en tant qu’invité par Luc:

Une chose est sûre dans tout cela, tu as choisi de suivre ce que ton instinct te dictait à ce moment précis.
A mon avis c’était le bon choix !

Posté en tant qu’invité par Christophe:

L’accès au Grand Combin par la face NW du Combin de Valsorey constitue une alternative élégante et nettement moins dangereuse objectivement parlant. Surtout si l’on part tôt de Bourg St Pierre en passant par le col des Maisons Blanches. De là il n’y a qu’une courte portion de glacier (en principe peu crevassé à cet endroit) à traverser avant d’attaquer la face sans sérac à cet endroit. On sort au Combin de Valsorey duquel on atteint facilement le sommet du Combin de Grafeneire (point culminant). Mais malheureusement il faut attendre que la face soit en neige (si l’on veut la descendre à ski). Il y a un autre accès possible par la face S du combin de Valsorey (face de rochers délités mais en bonne partie remplie de neige et skiable au printemps).
Espérons que les averses de ces jours permettent de créer de bonnes conditions.
Bonne Course

Christophe

Posté en tant qu’invité par Sly Sauvage:

Vous pouvez voir les photos ici:

http://slysauvage.free.fr/Montagne

http://slysauvage.free.fr/Montagne

Posté en tant qu’invité par Sly Sauvage:

Bien, j’ai envie de faire une breve conclusion sur ce sujet:

Comme je l’ai dit je n’ai pas cherche a juger ou accuser, mais a comprendre ce qui pouvait pousser a prendre un tel risque important. Je me fait maintenant une idee du danger (renseignement par livres, web, personnes etc.) et des differentes categories de gens qui pratiquent la montagne.
Je crois qu’il y a aussi 2 facteurs pour comprendre les mille sources complexes de la motivation:

  • l’ignorance. C’est souvent apres un accident que l’on se remet en question, que l’on comprend. Nous sommes en quelque sorte tous ignorant dans un certain aspect de la montagne. Personnellement je ne crois pas que l’on puisse assumer jusqu’au bout la mort de x personnes apres une chute de seracs, et se dire je le savais. L’experience vecue est un tel choc que ca change la perception de l’exploit dans ces conditions de danger plus qu’evident. Pour avoir ete temoin direct d’un accident mortel, j’ai eu en face de moi la preuve du danger cache de la montagne. Avant cela, j’ete ignorant concernant ce danger objectif (les crevasses).
  • l’« ego ». Je mets des guillements parceque l’ego en montagne comme dans la vie est normal, et j’en suis le premier possesseur. Mais c’est vrai qu’on eprouve le besoin de se mettre en avant, si pas pour les autres, alors pour soi. Et donc de prendre les risques en consequence.

Voila c’est mon avis apres avoir lu ces differents messages. J’essaierai de faire ce Gr Combin par la face NW, et ca sera super de ce dire que j’ai pu gravir ce sommet en limitant au possible les risques objectifs, ne pas chercher la voie de la facilite mais apres une etude approfondie de l’itineraire, des renseignements longtemps ecoutes, un entrainement approprie pour cela, une observation prealable sur le terrain etc.
Bonne course et bon ete en montagne.