Il y a 40 ans, l’affaire des Grandes Jorasses

Posté en tant qu’invité par Walker:

La situation était depuis longtemps inextricable et quoi qu’il aie prit comme décision tu pouvais dire que c’était « suicidaire ».

Ce que je n’aime pas dans ce ton, c’est le jugement. Des mots du genre: « Et si René Desmaison était sortit au sommet pour descendre comme il a prétendu en être capable, il n’aurait pas survécu une demi journée en plein vent sur l’arête… »

Je trouve ça un peu trop autorisé comme avis, même si cela vient d’un sauveteur… C’est tout.

Pour le reste, je suis moi aussi allé beaucoup plus loin que je ne l’aurais souhaité et je n’ai aucune envie de poursuivre cet échange.
Les inimitiés de l’époque comportent de larges zones d’ombres auquels les sauveteurs, malgré tout le respect que je leur porte, ne peuvent donner de clarté. Cette discussion n’aboutira à rien sur ce forum…

Prends soin de toi en montagne et bonnes course.

très intéressant cet échange pour ceux qui n’ont pas connu cette époque. Merci à vous.
Pourquoi d’après vous RD ne faisait pas de signe pour déclencher le sauvetage ? ego ?

Je crois me souvenir que dans son bouquin, Demaison craignait que des signes soient interprétés comme « tout va bien », alors que leur immobilisation sur la paroi devait clairement indiquer qu’ils étaient en difficulté.

Je ne sais pas si à l’époque, les signes précis à faire pour demander du secours étaient normalisés.

En tout cas suposer un hypothetique ego pour ne pas déclencher les secours me parait clairement déplacé sachant que son compagnon de cordée était au bord de la mort. Manque de lucidité en revanche c’est possible, vu les circonstances…

oui bien sûr, ça paraîtrait dingue mais on lit de ces trucs des fois ici…

[quote=« lashemale, id: 1480085, post:22, topic:130472 »]très intéressant cet échange pour ceux qui n’ont pas connu cette époque. Merci à vous.
Pourquoi d’après vous RD ne faisait pas de signe pour déclencher le sauvetage ? ego ?[/quote]

ben on sait pas, justement… Herzog et certains à Cham disaient que RD faisaient ça pour faire du buzz (comme on dit aujourd’hui) et récolter ensuite les fruits de ce buzz via photos et interview. Ca parait incroyable, ce cynisme 40 ans après quand on sait l’état de Gousseault. Mais :

  • RD était guide et connaissait les signaux
  • RD était un coutumier des « buzz », le plus célèbre étant le sauvetage des Drus ;
  • RD avait dit : en hivernale;, on ne compte que sur soi

Cependant, RD ne bougeant pas, c’était quand même bien suspect. Et on peut supposer qu’il n’était plus très lucide (10 jours + 5jours dans la paroi…) et avait oublié les signaux.

à lire un livre majeur : 342 heures dans les grandes jorasses.

Si je me rappel bien le livre 342j dans les jorasses (partial puisque ne presentant que la version de RD), le second jour ou l’helico survole, RD n’a pas bougé depuis la veille.

Les secours disent qu’il fait du buzz.

Je sais, on est 42ans et ce que je vais dire est de la science fiction, mais imaginons:
principe de précaution, les secours y vont a ce moment la: il me semble que les conditions étaient meilleurs.

  1. RD a besoins d’aide (ce qui est vrai) => ils sauvent Gousseault et RD
  2. RD n’a pas besoins d’aide => une rotation hélico pour rien et s’en suit un autre battage mediatique, mais cette fois, c’est RD qui a le mauvais role ( on lui a piqué sa première et il doit s’expliquer de pourquoi son action a pu laisser penser qu’il était en danger)

donc je sais que c’est avec des SI et que je n’étais pas sur place mais il me semble que pour des personnes dans la vallée et lucide, les secours devaient etre déclenché plus tôt.

apres, est-ce que cela aurait changé quoi que ce soit? je n’en sais rien.

Les secouristes et pilotes sont unanimes, RD n’a pas fait le moindre signe. Guide de haute, montagne et participant a l’occasion aux secours, on ne peut pas douter de sa capacité a se faire comprendre dans ce milieux familier pour lui.
Confusion mentale ?
Peut-être.
Quand RD est remonté a l’aide du câble/treuil, il était encore assez lucide pour participer en marchant à la vertical assis dans le baudrier, (témoignage) ce qui implique une bonne proprioception, je crois. Tous etaient stupéfaits du relativement bon état physique et psychique. « Une incroyable force de la nature… Pas une gelure! »
A l’hôpital, les analyses de sang révèlent un taux d’urée « record » aux dires des médecins.

Pour ce qui est de l’état d’esprit des secours, je pense qu’il est très proche de celui du milieux médical : ne pas nuire aux patients est un principe. Déclencher un secours de cette ampleur avec les moyens d’époque, en hiver a cet endroit précis, comportait d’énormes risques pour les victimes elles-mêmes. Aurait-il été justifiable de prendre cette initiative en sachant que l’entreprise pouvait tourner vinaigre pour tout le monde ?

Effectivement, ni RD, ni personne n’a pris cette décision a temps…

Ce qui est hallucinant, c’est pourquoi RD a choisi de continuer quand SG avait les mains défoncées, enflées démesurément pour bientôt ne plus pouvoir dépitonner, ni démousquetonner, ni assurer. Quand les premiers signes sont apparus, la sagesse aurait dû peut-être l’inciter à choisir une autre alternative que de sortir par le haut coûte que coûte.
Le 1er jour, SG a peut-être fait une longueur ou 2 en tête, il s’est contenté de suivre le reste du temps. Dès le début RD devait se rendre compte que son compagnon n’était pas à la hauteur du projet.
Ils n’avaient pas grimpé ensemble auparavant il me semble. Ce n’est pas parce qu’un jeunôt de 23 ans est sorti 3e de l’aspi qu’on pense à l’emmener dans le truc le plus extrême jamais envisagé.

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Posté en tant qu’invité par lire le bouquin:

Ben je crois que c’est à peu près le tableau que dresse lui-même RD dans son bouquin…

Merci, je n’invente rien, j’ai vu RD étant minot présenter son film, il m’a dédicacé ses 342h que j’ai lu de nombreuses fois et que je garde bien en mémoire. Je ne donne de leçon à personne, mais je me mets à la place de RD et je me demande ce que j’aurais fait à sa place.
Perso il m’est arrivé de partir en montagne avec des « jeunots » de 15/20 ans de moins que moi et je me sens systématiquement, humainement responsable, j’appréhende qu’il arrive quoique ce soit.
RD ne savait pas que S souffrait se décalcification, mais il a dû vite se rendre compte de sa méforme.

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Le problème que je soulève est qu’apparemment il n’y avait pas cette voie test dont tu parles.

Posté en tant qu’invité par Lecteur:

Il me semble que Patrick Berault et Philippe Magnin n’ont pas fait de voie test ensemble avant de s’encorder pour la première fois au pied d’une voie majeure - je crois même que c’était la SG/RD aux Grandes Jorasses, dasn des conditions d’enneigement délicates.

Ils ont sorti la voie sans encombres : Très bien. L’un d’eux aurait eu un problème, on leur aurait reproché de ne pas avoir fait une « voie test » avant ?

Pourquoi ne pas le leur avoir reproché même s’ils ont sorti la voie ?

Pour avoir lu le livre de RD, il pensait sortir par le haut, échappatoire plus facile quand il a vu les premiers signes de faiblesse de son compagnon. La descente aurait été certainement très délicate, avec une corde coupée en plusieurs endroits. A l’époque, on ne tirait pas des rappels de 60 m !

On peut noter qu’ils ont presque réussi, l’endroit où il se sont retrouvés bloqués n’étant qu’à 80 m des dernières difficultés du sommet.

Je me souviens que Bérault disait avoir ressenti une émotion particulière en parcourant cette voie, en voyant à quel point ils avaient été proches de sortir.

Une retraite dans ce type de voie, lorsqu’on est déjà bien haut, en hiver, n’est pas forcément la meilleure solution. Souvenons nous du drame du Freney : 4 sur 7 sont morts au cours de la descente.

Pour le déclenchement des secours, mis à part les signes, RD explique qu’il lui parait inconcevable que l’hélico vienne les survoler, après plusieurs jours dans la face, en hiver, et sachant qu’ils n’ont pas bougés depuis des heures ou des jours, sans supposer qu’ils ont besoin de secours ? Pourquoi rester des jours à 80 de la sortie, en hiver, dans une telle face, si tout va bien ?

Enfin, essayons d’imaginer l’état de lucidité d’un grimpeur, d’un homme, après plusieurs jours en hiver, à -30, bien entamé physiquement, avec un compagnon mourant ou mort à ses côtés. Qui est capable de tenir 13 jours dans ces conditions, même avec l’équipement actuel, en hiver, et d’y survivre, en gardant lucidité jusqu’au bout ?

Dernière remarque sur les rapports « guide client » évoqués plus haut : un guide doit en premier lieu s’occuper de la sécurité de son client. Les guides peuvent aussi grimper en amateurs il me semble. On ne doit pas considérer cette cordée comme un guide avec un client. Que je sache, SG n’a pas payé RD pour y aller, ni même lui a demandé de faire la course. Qu’on s’interroge sur le duo formé par quelqu’un de très expérimenté, et un « jeunot », OK.

Enfin, à 23 ans, bien des alpinistes sont au meilleur de leur capacités, voire au « sommet » de leur carrière.

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Posté en tant qu’invité par Evidence:

+1
Ca n’a pas de sens d’évoquer la profession de RD !