Posté en tant qu’invité par Lecteur:
Il me semble que Patrick Berault et Philippe Magnin n’ont pas fait de voie test ensemble avant de s’encorder pour la première fois au pied d’une voie majeure - je crois même que c’était la SG/RD aux Grandes Jorasses, dasn des conditions d’enneigement délicates.
Ils ont sorti la voie sans encombres : Très bien. L’un d’eux aurait eu un problème, on leur aurait reproché de ne pas avoir fait une « voie test » avant ?
Pourquoi ne pas le leur avoir reproché même s’ils ont sorti la voie ?
Pour avoir lu le livre de RD, il pensait sortir par le haut, échappatoire plus facile quand il a vu les premiers signes de faiblesse de son compagnon. La descente aurait été certainement très délicate, avec une corde coupée en plusieurs endroits. A l’époque, on ne tirait pas des rappels de 60 m !
On peut noter qu’ils ont presque réussi, l’endroit où il se sont retrouvés bloqués n’étant qu’à 80 m des dernières difficultés du sommet.
Je me souviens que Bérault disait avoir ressenti une émotion particulière en parcourant cette voie, en voyant à quel point ils avaient été proches de sortir.
Une retraite dans ce type de voie, lorsqu’on est déjà bien haut, en hiver, n’est pas forcément la meilleure solution. Souvenons nous du drame du Freney : 4 sur 7 sont morts au cours de la descente.
Pour le déclenchement des secours, mis à part les signes, RD explique qu’il lui parait inconcevable que l’hélico vienne les survoler, après plusieurs jours dans la face, en hiver, et sachant qu’ils n’ont pas bougés depuis des heures ou des jours, sans supposer qu’ils ont besoin de secours ? Pourquoi rester des jours à 80 de la sortie, en hiver, dans une telle face, si tout va bien ?
Enfin, essayons d’imaginer l’état de lucidité d’un grimpeur, d’un homme, après plusieurs jours en hiver, à -30, bien entamé physiquement, avec un compagnon mourant ou mort à ses côtés. Qui est capable de tenir 13 jours dans ces conditions, même avec l’équipement actuel, en hiver, et d’y survivre, en gardant lucidité jusqu’au bout ?
Dernière remarque sur les rapports « guide client » évoqués plus haut : un guide doit en premier lieu s’occuper de la sécurité de son client. Les guides peuvent aussi grimper en amateurs il me semble. On ne doit pas considérer cette cordée comme un guide avec un client. Que je sache, SG n’a pas payé RD pour y aller, ni même lui a demandé de faire la course. Qu’on s’interroge sur le duo formé par quelqu’un de très expérimenté, et un « jeunot », OK.
Enfin, à 23 ans, bien des alpinistes sont au meilleur de leur capacités, voire au « sommet » de leur carrière.