Il est des sites d'escalade

Il est des sites d’escalade où vous retournez avec plaisir, par plaisir, pour une voie, une ambiance, un clin d’œil, un petit rien accroché au milieu de nulle part et d’autres sites où la moindre évocation du nom, le moindre souvenir vous fait venir les larmes aux yeux.

Souvenir d’échecs mémorables, de blessures visibles ou invisibles.

Souvenir d’une histoire gâchée par trop de non-dits, souvenir d’une femme aujourd’hui enveloppée dans sa robe de passé que l’on s’efforce d’oublier, souvenir d’une femme unique de par son sourire, ses yeux, ses formes au soleil couchant, l’écho de ses rires répercuté sur les faces grises du calcaire.

Souvenir d’une femme prise dans le carcan de sa vie et affublée de chaînes trop lourdes pour elle, souvenir d’une femme qui se disait libre comme le vent, mais qui était en fait pieds et mains liés.

Souvenir d’une femme intelligente dont le regard bleuté restera à jamais gravé en moi.

Ce soir, sur un site d’escalade dont je tairais le nom tellement il m’est inaudible, je me suis confronté à mes souvenirs et croyez-moi, ce ne fut pas simple d’en faire abstraction, de se concentrer sur le rocher et de se hisser vers le ciel.

Seule la chaleur accablante de cette fin d’après-midi, la corde qui me retenait en cas de chute et le cliquetis des mousquetons me ramenaient à l’escalade.

Il est de ces sites effectivement, où, en plus des prises de m…, beaucoup de souvenirs nous pêtent à la tronche …

De ces voies où les larmes coulent quand un rire se fait entendre, CE rire …, non, elle n’est plus …

De ces sites magnifiques, qui abritèrent des mots doux, où les étoiles nous contemplaient à refaire le monde, comme deux ados …

Mais ces voies, intemporelles, bravant les éléments, insouciantes du temps qui passe, nous rapellent qu’il faut avancer, que la route est longue, souvent sinueuse, mais si belle …

Qu’il y a tellement de sommets à gravir, d’étoiles à toucher, pour toujours se rapprocher un peu plus d’elle …

Allons bon, v’là que Chateaubriand s’est inscrit sur C2C.

Chateaubriand et son frangin …

Du Chateaubriand comme ça, j’en remangerai bien.

yy

Posté en tant qu’invité par Marcoz:

Tout comme toi, certaines voies, certains lieux sont parfois dures à supporter. La falaise peut parfois se transformer en une simple place de village, en un souvenir de sourire qui nous fait plus de mal que de bien.
Et ces jours là, le combat n’est plus seulement d’arriver en haut de cette voie mais tout simplement d’avoir envie d’y aller… pour qui ? pour quoi ?.. pour pouvoir faire abstraction de ses démons rongeurs pendant quelques dizaines de minutes et se sentir vivre sereinement…

… et retomber dans cette vie morose et grise, ne plus voir la beauté de nos montagnes, de ces lignes rocheuses aux formes attirantes,

aveuglé par la peine et les souvenirs, une fois la voie achevée …

Merci à elle, de chaque jour pourir mon paradis par son image, d’enlever la beauté de ces quelques instants magiques …

Posté en tant qu’invité par tralala:

comment ne pas voir,ne plus voir la beauté de nos montagnes,c’est grâce à notre regard posé sur elle que notre coeur se réchauffe,que nos pas se déplacent vers elle,que nos doigts s’agrippent à elle…alors on ne peut que dans ces moments la oublier ces peines,avoir une nostalgie oui, un petit pincement ,quand on à finie une voie on en a que du plaisir même si on en a souffert…l’envie et le plaisir est toujours la…

Posté en tant qu’invité par FilLe De L’air:

c’est pas ce qui s’appelle un oxymore ?

(désolé, je —>)

Ton texte est très beau, désolé pour cet humour décalé peut-être
:slight_smile:

xx

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Je reprends ce qui a été posé :