Posté en tant qu’invité par Christian BEYLER:
L’affrontement quasi homérique entre les skieurs randonneurs contemplatifs que j’appellerai affectueusement les « traines-lattes » pour être un de leurs représentants et les extra-terrestres souvent surnommés tout aussi affectueusement « collants pipette » vient d’accoucher de son énième post sur ce forum.
Premier constat : Les sujets sont presque toujours lancés par un traine-lattes.
Second constat ; Les collants-pipette se sentent régulièrement agressés, puisqu’ils réagissent toujours en nombre, souvent indignés, parfois offusqués, et exceptionnellement agressifs et triviaux dans leurs propos.
Le sujet peut, bien entendu, prêter à sourire, tant il y a des choses bien plus importantes dans nos vies, mais force est de constater que l’arrivée assez récente de cette nouvelle catégorie de randonneurs qui mettent 3 à 4 fois moins de temps que les autres à gravir les montagnes et à les dévaler nous interpelle.
Bien plus que la jalousie de ne pas pouvoir rivaliser avec eux, je pense que nous autres traines-lattes, qui souvent, sommes sur le circuit depuis plusieurs décennies, nous avons grand mal avec ce qui peut s’apparenter à une perte de repères.
En effet, l’âge d’or de la montagne, que nous avons connus pour certains d’entre nous, est bel et bien derrière nous, et le réchauffement, la disparition progressive des glaciers, le chamboulement des saisons, le faible enneigement nous laisse un peu déboussolés. Paradoxalement, les générations montantes ont totalement chamboulé les règles de la pratique montagnarde, en squizzant allègrement les passages en refuge et en enfilant sans coup férir plusieurs milliers de mêtres de dénivelé dans la même journée.
La controverse, à mon avis, semble provenir de ce profond décalage entre 2 clans qui pratiquent le même sport mais pas à la même vitesse, ni avec la même finalité. Tout en se croisant régulièrement sur un terrain de jeu suffisamment vaste pour que tout le monde puisse s’y exprimer sans déranger l’autre, les traine-lattes et les collants-pipette n’ont certainement pas fini d’en découdre par claviers interposés.