Salut negblan,
Je comprends très bien ta question et tente d’y répondre.
J’ai été moi-même réparé d’une telle fracture au fémur gauche comme toi, il y a 7 ans maintenant. Première chose pour te rassurer : aujourd’hui (et depuis des années), aucune séquelle, c’est comme si rien n’était arrivé (sauf dans la tête… c’était suite à une chute en montagne, j’y pense encore parfois quand même (pas pour avoir peur, mais plutôt pour m’inviter à la tempérance).
Le clou gamma est très intéressant car il permet très vite (quasiment dès la sortie de l’hôpital, avec des béquilles) d’avoir l’appui du pied, c’est super pour ne pas tout perdre en muscle et pompe/retour sanguin notamment. J’ai cru comprendre que ce n’est pas le cas pour les autres fractures de la jambe (type tibia, péroné par exemple).
Toutefois pour moi, c’était encore douloureux après l’opération, et il me fallait patienter et bien faire toute la rééducation. Ce qui était compliqué pour ma part, c’était la sidération cérébrale et musculaire pendant 1 à 2 mois environ après l’opération : cela a été pleinement réglé avec les séances de proprioception du kiné. Séances encore douloureuses et donc limitées au début, mais tellement prometteuses car je voyais les progrès séances après séances.
Tout ça pour dire, qu’en 3 mois environ après l’opération et la pose du clou gamma, j’ai retrouvé l’usage plein de ma jambe (et une grosse joie de vivre
!) : je pouvais refaire toutes les activités de montagne, dont la grimpe (je ne suis pas un grimpeur athlétique, donc pour l’escalade en niveau > V, je n’ai pas d’avis).
MAIS…
Malgré ces satisfactions, je conservais toujours une sensation désagréable ou une faible douleur (du genre 1 à 2/10) tout le remps, à chaque pas ou appui sur la jambe concernée, comme une douleur que je qualifierais « d’électrique ». Cette douleur permanente ne partait jamais. Elle me gênait dans mon quotidien, et au niveau sportif, ne me permettait pas d’être au mieux de mes capacités sans parler de vouloir faire des exploits : c’était toujours là, dans la jambe et dans la tête, j’avais des appréhensions.
C’est ce qui m’a décidé, un an environ après l’opération, à retirer ce clou gamma (AMO ablation de matériel orthopédique dans le jargon médical). Il s’agit évidemment d’une nouvelle opération complète, mais dont la rééducation s’est mieux et plus rapidement passée pour moi car il n’y avait pas le traumatisme ni les hématomes de l’accident initial, pas de sidération non plus.
La gêne évoquée a complètement disparu : environ 1 à 2 mois après cette AMO, plus rien de gênant, une jambe et un fémur comme si rien n’avait jamais été blessé. J’ai loué et je loue encore toute la chaîne médicale à l’origine et à l’oeuvre de ces opérations : quelle chance avons-nous à notre lieu et époque !
J’ai compris que l’AMO, comme toute opération comporte des risques (risque anésthésique, risque opératoire), mais chez les sujets jeunes (< 60 ans le jargon) et en bonne santé, le compris bénéfice-risque était très favorable pour moi (j’avais environ 43 ans à l’époque).
Mes conseils, personnels et indicatifs, sont donc les suivants :
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Suivre la réeducation avec courage et abnégation en ne cherchant pas à sauter les étapes. Prendre le temps. Laisser la nature de ton corps et ton esprit et volonté faire.
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Marcher, marcher et encore marcher, un peu chaque jour. Avec les béquilles si tu les as encore, et sans quand tu pourras les ranger
Ca a été pour moi le meilleur moyen de retrouver toutes les sensations et capacités de la jambe.
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Reprendre progressivement les activités sportives, en admettant que tu es en mode « Steve Austin » dans ta jambe gauche.
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Plus tard, après ta réeducation complète, si le clou te gêne, discuter avec un médecin et chirurgien de la pertinence de l’AMO quand il sera temps (je crois me souvenir que l’AMO s’envisage après 1 an au moins de clou, afin d’être sûr que tout ce qu’il y a autour a bien repris sa place, la cicatrisation, la peau, les muscles, les facias, tout ça. Il faut aussi du temps pour prendre rendez-vous, consulter, faire les radios, etc.), puis faire retirer le clou et reprendre la rééducation qui va avec.
Pour conclure.
J’ai 50 piges aujourd’hui, je ne sais pas quel âge tu as, mais mon autre conseil, c’est un conseil de vieux
: vraiment prendre le temps de la réparation, tranquille, dans ta tête et dans ton corps. Je ne connais pas les circonstances de ton fémur cassé, mais pour ma part, toute cette expérience m’a conduit à voir et accepter (accueillir comme disent certains) ce qui m’est arrivé dans son ensemble : moi, l’accident, le sauvetage, l’opération, la rééducation, les douleurs, la reprise, l’AMO, la rééducation à nouveau, la résurrection, les services médicaux, la vocation des professionnels de secours et de santé, la société, ses difficultés, les autres, ceux qui sont en forme, ceux qui souffrent, les pauves, les riches, les chanceux, les malchanceux, l’avenir, etc.
Prends le temps de vie et d’esprit pour tout ça !
Avec mes sincères voeux de récupération et en te souhaitant courage et chance aussi
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Guillaume