Posté en tant qu’invité par claudio:
Goudurix affirme dans son très élégant message : « tout danger est subjectif ». La notion de danger objectif n’a aucun sens puisque le danger implique nécessairement un sujet, et contingentement un sérac, une chute de pierres, une prise qui casse. Un autre philosophe, Berkeley, dit aussi qu’« être, c’est être perçu » et à tous ceux qui jugent cela absurde il peut être répondu que personne n’a jamais perçu un arbre (ou un danger, une chute de pierre, un sérac menaçant, que sais-je…) qui ne soit pas un arbre (ou un danger, etc.) perçu… De même, le manque d’oxygène, ou ce qu’on désigne comme tel, n’existe pas « en soi », c’est un phénomène qui n’a de sens que rapporté aux humains qui en ont besoin pour respirer.
Cependant, cette position philosophique - le nominalisme - a une conséquence fâcheuse, qui est de prétendre à une parfaite adéquation entre réalité et langage et d’aboutir à une indifférenciation généralisée des phénomènes : s’il n’y a de risques en montagne que pour un sujet qui les prend, chacun sent bien pourtant que les dangers auxquels il s’expose sont de nature différente. Certes, la distinction objectif/subjectif est tout a fait grossière et ne suffit pas à les qualifier. Mais c’est le propre du langage que de distinguer les choses d’abord grossièrement, puis de plus en plus finement. Il me semble à moi que la distinction objectif/subjectif pour qualifier les dangers, pour insatisfaisante qu’elle soit, n’est pas un mauvais départ et qu’elle peut s’avérer opérante. On peut lui préférer « dangers dûs aux chutes de pierres » ou « dangers dûs au manque d’entraînement du grimpeur », etc. qui, même s’ils n’ont pas le même parfum de vérité que « la montagne n’est dangeureuse que pour ceux qui s’y risquent », disent quand même quelque chose de plus, non pas de la montagne en soi, mais au grimpeur qui s’y rend. A charge pour lui de ne pas plier la réalité aux représentations que véhicule le langage : là est le danger, pas seulement en montagne, d’ailleurs…
bien cordialement,
claudio
PS : hormis ce détail, le reste du laius de Goudirix est limpide, son style tellement plus léger que ce que vous venez de subir, et je souscris pleinement à ses conclusions. Ceci dit, il me reste à prendre connaissance des réponses à la question initiale portant sur l’utilisation des coinceurs, où j’ai tout à apprendre.