Expés, cordes fixes, porteurs et éthique de l'alpinisme

[quote=« Ange1ique, id: 979596, post:18, topic:94237 »]

[quote=« FabienenCordoba, id: 979560, post:17, topic:94237 »]

[quote=« Paulo Grobel, id: 975901, post:16, topic:94237 »]Pour essayer d’illustrer ce propos, prenons un exemple précis : la partie technique de l’ascension de l’Island Peak est une pente de neige et de glace de 180 à 200 m de hauteur et d’une inclinaison moyenne de 50 à 55 °. Il me semble que ce passage peut être côté AD dans les Alpes. Sauf que pour l’Island Peak, il se situe entre 5500 et 6000 m, ce qui change tout, puisque l’hypoxie diminue de manière dramatique nos capacités physique (et donc technique). Et ce même passage situé 1000 m plus haut sera encore plus difficile à franchir puisque nos capacités auront encore diminué. Pourtant, c’est le même passage !
Ce qui veut dire que pour envisager l’ascension de l’Island Peak, il faut que le leader de la cordée soit à l’aise dans un niveau D dans les Alpes. Ce qui laisse rêveur quand on voit la réalité ![/quote]
Est-ce que ce décalage ne vient pas d’une sous-estimation du temps d’acclimatation nécessaire? Je ne connais pas l’Island Peak. Quel est le profil d’acclimatation habituel?[/quote]

C’est ce que je pense aussi. L’acclimatation joue un role enorme sur le succes d’une ascension. A titre d’exemple, et malgre ma modeste experience de la haute altitude:

  • Montee au Stok Kangri (6153m) en 4h30 pour 1200 m de denivellee, apres un trek de 3 semaines au Ladakh. A titre de comparaison, des alpinistes Francais qui ont gravi le sommet quelques jours avant moi, apres seulement 3 jours d’acclimatation a Leh, ont mis 9h pour l’atteindre. Je suis partie a 5h du matin, ils ont du partir a 1h!
  • Mera Peak au Nepal: montee du camp de base a 5380m au sommet a 6460m en 5h, suite a un trek ou nous avions deja traverse 2 cols a plus de 6000 m (Sherpani col et west col); alors que les alpinistes arrives depuis Lukla en quelques jours seulement, et donc avec une nettement moins bonne aclimatation, sont partis du camp avance a 5800m (ou ils n’ont pas dormi de la nuit) pour au final arriver plus tard que nous au sommet (voire pas du tout).

Bien sur, meme acclimates, on ressent malgre tout les effets de l’altitude, on va donc s’epuiser beaucoup plus vite dans une pente raide, alors quand on est pas acclimates (ou pas suffisamment), sans la corde fixe, on ne monte pas.[/quote]

c’est marrant moi aussi jai ete au stok kangri et au mera peak. Qu’est ce que ta prefere toi?? moi le stok; le trek est infiniment plus beau je trouve… plus varié!!

Bonsoir,

Pour m’être fait "passer un savon"pour ne pas dire plus par des français parce que je n’utilisais pas de porteurs (Népal ou Tanzanie) , je me dis que cette réaction doit être particulière à mes concitoyens. Aucun anglais ou américain ne m’a jamais fait de réflexion.
Le métier de porteur est louable et dur (impossible avec mes 60Kg de porter leur charge, encore moins une cage à poulets vivants) mais c’est à nous si nous payons leurs services de les respecter comme on respecte ceux qui travaillent (avec) pour nous ici.
Respectons au moins la déclaration de Katmandou

Posté en tant qu’invité par Alpi mediocre:

[quote=« Francois, id: 980749, post:20, topic:94237 »]

Pourquoi est-ce que ça te gêne ?
C’est un travail contre rétribution. Evidemment, on peut discuter des conditions de travail et du niveau de rétribution. Mais le principe en lui-même ?
C’est exactement la même chose avec les guides qui emmènent en montagne des gens qui, pour la plupart, n’ont pas le niveau (sinon, ils n’auraient pa besoin de guide) et personne ne trouve ça choquant.[/quote]

Je trouve que c’est justement très différent, car le guide qui prend un client qui n’a pas le niveau s’y adapte facilement, quitte à changer d’itinéraire, et sa part de risque est très faible. Ils ne vont pas jusqu’au bout, redescendent. Sur une course « normale » j’entends.

Je comparerais plutôt cela à un guide qui prendrait pour une très grande course un client qui n’a pas du tout le niveau. Disons, face nord de l’Eiger. Ca me parait peu concevable dans les Alpes, car j’imagine - peut être à tord - qu’aucun guide ne part dans ce genre de course avec un client qu’il ne connait absolument pas et qui s’est inscrit sur catalogue.

Et pour un 8000, c’est pourtant ce qui se passe : tu t’inscris sur catalogue ou via une agence, tu te pointes, tu n’as pas le niveau, mais on te monte tout de même car il n’y a pas d’objectif de rechange. Et les sherpas sont là pour t’aider, te faire la trace, etc.

Y a t il des guides qui partent dans les Alpes dans des courses sérieuses dans ces conditions ? Des aspirants guides ou sherpas suisses qui vont installer des cordes fixes dans la face nord de l’Eiger ou du Cervin pour que n’importe quel « client » incapable de la gravir puisse tout de même y monter en se hissant au jumar ? Propose t on ce type d’ascension, avec ces moyens, sur catalogue pour les Alpes ?

Pourquoi l’argument « travail contre rétribution » ne s’applique pas à la face nord de l’Eiger en traine-couillons ?

Pourquoi des guides ou sherpas n’iraient ils pas s’exposer longtemps en installant des cordes fixes dans les passages craignos sur l’Eiger, justement les passages où il faut aller vite, du moment qu’ils sont rétribués ?

C’est pas tout à fait vrai. Il me semble que la majorité des candidats aux 8000 n’arrivent pas au sommet. Par contre, ils ont tous payé… :confused:

Posté en tant qu’invité par lolo le free rider:

Petite histoire d’Himalaya « léger »
Octobre 2007, une heure du mat, 5250m, nous nous engageons dans ce couloir raide repéré la veille,
qui, nous l’espérons nous permettra de rejoindre, 400m plus haut le glacier suspendu de la face Est.
Nous sommes 2, un homme, une femme, notre équipement se resume à une paire de piolet traction chacun,
3 pitons (en titane), 3 friends, 3 broches, une corde 60 m de 7.7 et quelques sangles. Nous sommes à 10 000 km
de chez nous, au fin fond du Kumbhu, 10 jours après quitté KTM. 850 m plus bas, dans la vallée, nous attends notre Sirdar,
Gelzen Sherpa resté au lodge qui nous à servi de CB. Notre progression est rapide dans ce couloir rectiligne, mi -cailloutis, mi -neige/glace. Il fait encore nuit noire lorsque nous rejoignons l’arête, bordant le glacier, après une longueur de neige raide à peine regelée. Ne voyant pas la suite dans cette immense paroi rocheuse, nous décidons d’attendre le jour. Puis c’est l’embrassement, une aube de commencement du monde, entre mer de nuage et voiles élevés annonciateurs de tempête,
nous sommes juste en face de l’Everest . C’est là ! Un petit mur rocheux lisse de quelque métres, juste sous le sérac, défend l’accès à la rampe neigeuse que l’on devine à peine et qui nous permettra l’accès au sommet, 400 m plus haut. Je plante un piton de relais (le seul de la voie). Quelques gratouillis et une goulotte à 65° plus tard nous voici sur la rampe, étroit balcon aérien déversé sur le vide.
Le soleil est bien là, ça brasse ! Nous tirons des longueurs, en plaçant par ci par là quelques points, heureusement de bonne qualité. On enchaine, quelques raides pas de mixte viennent rompe la monotonie de la progression. Il fait de plus en plus chaud, et la neige est de plus en plus pourrie. Une petite traversée expo et gazeuse impressionne ma compagne, ça passe. Fin de la rampe.
Maintenant la progression est directe dans un triangle de neige mélée de rocher. C’est long. Toujours pas de visu sur le sommet.
Les nuages montent et nous enveloppent. Que fait-on? L’alti marque 5850, on devrait pas être loin bord…! On continue, 1, 2, 3 longueurs s’enchainent… je passe la tête… c’est là ! on y est ! On y est mais on voit rien, enfin pas grand chose. C’est pas grave parce que de toute façon, on redescend par le même endroit, sans rappel. Allez on y va! Chouette, il neige…
Quelques longueurs plus tard (beaucoup), nous revoici sur le glacier. Il neige toujours. Reste à trouver la suite de la descente.
C’est là, un couloir rectiligne à 55°. Petite pose, petit dolipranne 1000. Et hop à 4 pattes à reculons, corde tendue, nous plongeons dans le brouillard. Longtemps plus tard, nous arrivons (enfin) sur le cône du bas qui nous permettra de rejoindre l’attaque ou nous avons laissé nos batons, puis le camp, de nuit dans ce pierrier infame ou on se casse la gueu… tous les 2 pas.
Gelzen est monté puis redescendu. Il a laissé son sac. On se couche aussi sec. Ouaf, la belle nuit sous les étoiles…
Le lendemain réveil matinal, arrivée du soleil, et de Gelzen, tout heureux de nous voir là, pas mort.
Il nous dira qu’il avait eu très peur, la veille, de ne pas nous voir rentré au camp. Il était donc descendu prévenir les secours (par téléphone à KTM…), merci à lui…

Moralité:
Seuls c’est bien, mais que se serait-il passé si…
…en Himalaya on meurt beaucoup,
Les secours, y en a pas ou alors ils sont très loin,
les expés y en a très peu, ou toutes aux même endroits,
de toute façon y viendrait pas (ça pourrait leur faire rater leur sommet),
du coup les grosses expés avec cordes fixes et tout le bordel, c’est pas mon truc mais j’ai rien contre,
l’engagement, c’est comme on veut, quand on veut, si on veut, le suicide est facultatif.

[quote=« lolo le free rider, id: 981038, post:25, topic:94237 »]Moralité:
Seuls c’est bien, mais que se serait-il passé si…[/quote]
Avec des « mais », des « si » et des « peut-être » on met Paris en bouteille.

Posté en tant qu’invité par lolo le free rider:

Comme dirais ma grand mère:-)

Non, je ne crois pas qu’une via ferrata est prévue ! :lol: