Posté en tant qu’invité par strider:
Choquotte a écrit:
Bonjour
J’ai commencé l’année dernière quelques courses d’alpinisme.
Est-ce normal d’avoir peur? J’ai été terrorisé par les passages
de crevasses, par l’idée de glisser notamment dans les
expériences en pointes avants ou encore la peur de tomber en
courses d’arrêtes peu équipées. Ce n’était pas des courses
dures pourtant.
il y a peur de la difficulté et peur du risque qui peuvent aller ensembles parfois mais qui sont différentes : la difficulté concerne l’orgueil qui peut en prendre un coup, la peur du risque se produit quelque soit la course (facile ou pas) dès que t’as un danger…
pour ce qui de s’en prendre un coup, à choisir entre l’orgueil et la vie, vaut mieux l’orgueil, ça tue pas.
après ce qui vient chambouler la donne c’est l’engagement : une course isolé et longue te confronte plus longtemps à ce genre de problème.
sur la question de l’orgueil beaucoup de gars s’abstiendront de dire dans les commentaires sur leur sortie rentrée sur le topo-guide qu’ils ont balisé à fond certains moments, qu’ils ont pas toujours été à l’aise, qu’ils ont été au taquet, qu’ils ont passés la course à raler à cause de leur fatigue du jour etc…pourquoi? parce que l’orgueil est caché derrière, c’est pas gratifiant de dire qu’on en a chié…en bref c’est dur d’être sincère sur ce que l’on vécu et en général on ment pas omission…et pourtant c’est tout à fait honorable et gratifiant de savoir être sincère de dire nos faiblesses…mais l’orgueil des hommes reste l’orgueil des hommes.
Le pire, c’est que dès que je suis au refuge,
je n’ai qu’une envie: remonter! C’est du masochisme.
le dilemme du débutant, penses-tu? pas propre au débutant, simplement on a envie d’y retourner parce qu’on a été frustré par un élément qui nous dérengeait (la peur ou bien les mauvaises conditions etc…) , qui a gaché un peu ou totalement le bonheur de la course et on a envie d’y retourner pour vivre pour ce qu’elle a nous offrir…
Je me demande si ça fait cela a d’autres personnes. Certains disent
resentir du bien être, de l’appaisement, mais moi c’est le
stress qui domine! Est-il possible de le maîtriser? Est-ce que
je devrais plutôt simplement arrêter? Ce n’est peut-être pas
fait pour moi après tout et j’ai bien d’autres hobbies moins
flippants. Que me conseillez-vous?
la montagne c’est un peu l’école de la vie…t’as des projets qui exigent de ta personne (dans la vie hors-montagne, la société t’y contraint ou tu l’acceptes de plein gré) et c’est normal de stresser
après ça t’as plein de réactions possibles:
-la vie te stresse déjà assez comme ça alors basta les projets de montagne qui exigent de ta personne alors que la société t’en exige déjà assez comme ça
-oui mais les instants uniques et les découvertes que tu fais en montagne (sur la montagne et sur toi-même) te procurent un bonheur que tu estimes supérieur au stress exigé et qui l’efface au bout du compte = tu continues
-tu as déjà accepter que le stress est inhérent à la pratique, le stress est relativisé
t’as même des gars qui aiment en chier et souffrir en montagne, un espèce de défi qu’ils imposent à eux-mêmes pour se prouver qu’ils sont capables ou bien pour se prouver qu’ils sont moins cons mais c’est illusoire car l’obstination dans le fastidieux, le stress, la fatigue, la douleur relève de la connerie pur et simple…mais ça existe, faut le savoir…
un alpiniste équilibré au fond de lui n’a rien à se prouver et ne se compare pas aux autres question niveau, potentiel santé, choix de course… il essaie au mieux de faire les courses qu’il a envie de faire en choississant les meilleures conditions physiques, psychologiques perso et les meilleures conditions de la montagne pour que la course reste un bonheur…
=en bref il ne fait pas de la montagne a tout prix
faut pas oublier que la montagne c’est qu’un loisir, un loisir noble certe, grandissant si on fait pas le con, enrichissant si on est ouvert d’esprit, mais ça reste un loisir et c’est pas ça qui fera revolutionner la société et changer le monde. donc faut relativiser
la montagne c’est une part de rêve en soit, elle ne doit pas relever de la normalité du quotidien (je parle de la montagne des alpinistes pas celle des hautes vallées, quoique parfois la limite est floue!!)
en tout cas, on balise tous un peu en montagne…perso j’ai pas encore réussi à projeter une course dans laquelle je ne ressent pas le moindre souci, ni la moindre appréhension…je préfère faire le chien dominé que le dominant qui va se prendre une raclé.