Encadrement et responsabilité juridique
Est-ce que tu pourrais resumer les points clefs pour ceux qui ne sont pas abonnés ?
Je participais à cette sortie et je peux témoigner de l’injustice totale que représente ce jugement… La course est la crête du Mottin côté F !!! La main courante était tout à fait pertinente notamment dans le cadre d’un exercice et donc d’une mise en pratique d’une technique moins classique que l’encordement traditionnelle donc intéressante en soi. L’encadrant est une personne exceptionnelle humainement comme techniquement irréprochable sur les manips techniques. Si on veut un risque zéro alors il ne faut pas pratiquer l’alpinisme ni les sports de montagne en règle générale. Symptomatique d’une société où la recherche du responsable est un réflexe premier. Gâchis écoeurant.
Je me doute qu’un encadrant en club n’a rien d’un délinquant. ou d’un criminel.
Mais il doit malgré tout y avoir des « explications », bonnes ou mauvaises, à ce jugement.
Bcp ici aimeraient avoir ses explications avant d’avoir des opinions…
J’ai lu l’article mais je ne suis moi-même pas abonné et je ne pense pas qu’on puisse le mettre ici dans son intégralité sans l’accord du journal (d’autant qu’ils suivent ce fil de près vu qu’il est cité dans plusieurs fois dans l’article…)
Visiblement les CRS qui ont mené l’enquête ne sont pas du tout sur la même longueur d’onde que Rob.Bonnet à propos de l’encordement volant puisque je lis :
L’enquête menée par les CRS conclut que la main courante posée par l’encadrante stagiaire était trop courte, n’aboutissant « pas en lieu sûr » pour permettre la sécurité du groupe. Il est reproché à l’encadrant expérimenté, responsable de la sortie, deux choses : ne pas avoir supervisé l’installation de la main courante, car il n’a pas gardé en visuel l’encadrante. Et d’avoir usé de cette technique plutôt que celle, plus courante, d’un encordement classique, par cordée de deux ou trois
Visiblement le risque qu’il y en ait 2 ou 3 qui terminent en bas plutôt qu’un seule n’a pas été étudié…
Et plus loin :
Même dans le cas de la mise en place d’une main courante, la FFCAM préconise l’encordement » précise Luc Thibal - le DTN de la FFCAM - pour qui « le jugement de Grenoble est un jugement dur mais équilibré » puisqu’il y a eu des «manquements », tacle-t-il.
L’ENCORDEMENT, C’EST LA BASE DE LA SÉCURITÉ EN ALPINISME. LUC THIBAL
Suite à l’accident, les enquêteurs CRS ont examiné les photos prises ce jour-là pendant la sortie avant l’accident. Et ce qu’ils ont vu ne leur a pas plu, comme l’absence d’encordement des participants. Ce 7 janvier 2023, les cordes sont restées lovées sur les sacs ou sur les bustes, malgré l’intitulé « initiation à l’alpinisme hivernal » de la sortie. Luc Thibal le regrette : « l’hiver les gens ne s’encordent plus quand ils font des couloirs, ils cramponnent les uns au-dessus des autres sans corde, or l’encordement est la base de la sécurité en alpinisme ! » a fortiori sur une arête enneigée, même large, à la descente. Les encadrants n’auraient donc pas fait ce qu’il fallait, et c’est pourquoi la justice a condamné l’encadrant responsable, le DTN ne pouvant qu’acquiescer aux remarques des enquêteurs sur l’absence d’encadrement classique.
Dommage que ce DTN n’ai pas participé au fil sur l’encordement
NB. L’encadrant condamné n’a pas fait appel, j’imagine qu’il a préféré tourner la page.
C’est sûr. On ne peut pas généraliser le principe de l’encordement, comme évoqué, mais je me demande s’ils n’ont pas considéré que la sortie encadrée impose un surcroît de sécurité. De ce que je comprends, la pose de la main courante par l’encadrante stagiaire aurait dû être vérifiée et j’ai l’impression que c’est un élément qui a eu son importance.
Disons que dans ce cas précis (main courante), s’il y en avait eu au moins un qui avait clippé sa longe sur la main courante (le premier de cordée qui est en haut, que si celui du milieu avait été encordé en dérivation et que si celui qui est devant, premier à descendre dans la pente, a dévissé après la fin de la main courante, si en plus on avait veillé à rester corde tendue, il y aurait peut-être eu une chance pour que tout le monde ne parte pas en bas ?
J’imagine bien que le problème, c’est que psychologiquement, course facile et présence d’une main courante, avec un chouilla de pente en bas, font qu’on se dit : « c’est bon, ça va passer ».
Je réagis aux propos du DTN par rapport à l’idée qu’il semble avoir que l’encordement à 2 ou 3 dans des collectives serait la règle de sécurité de base à appliquer dans tous les cas.
Je me garderai bien de juger ce problème de main courante vu qu’on n’a pas les éléments précis et qu’on était pas sur place.
Accessoirement, la façon dont le DTN enfonce l’encadrant au lieu de le soutenir, ça augmente fortement mes doutes sur l’opportunité de continuer à encadrer.
Quand c’est un Guide qui est mis en cause, il me semble que son syndicat lui assure toujours un fort soutien ( même si c’est parfois en dépit du bon sens quand il est clair que l’accusé a fait une grosse connerie…)
J’aimerais que ce soit le cas !
Merci du partage. Ou pas parce que c’est déprimant : franchement, on pourrait comprendre si les crs ou des guides n’avaient pas défendus l’encadrant, mais le DTN du caf qui profite de l’histoire pour soutenir sa petite croisade technique personnelle en tirant une balle dans pied de l’organisation qu’il représente c’est lunaire.
Bah ca reste de l’alpinisme. C’est un peu le principe.
Un dtn n’est pas un avocat, c’est un guide mis a disposition des fédérations par le ministère, il ne peut pas dire autre chose que les bonnes pratiques ensa
en tout cas, le CAF va vite devoir réfléchir à ce qui s’annonce concernant la responsabilité de ses bénévoles.
Pour ma part, en tant que encadrant alpinisme, non professionnel mais validé par un GHM, je sais très bien que le risque zéro n’existe pas, que l’appréciation des dangers et risques sur une sortie dépend de nombreux paramètres qu’il est parfois difficile d’anticiper, et que la sécurité dépend parfois aussi de la rapidité et de choix techniques pris sur le moment.
Je sais aussi très bien que si j’encadre des sorties c’est pour permettre à des gens d’aller en montagne. Cela me fait évidemment plaisir mais je peux aussi y aller sans eux.
Risquer la prison parce qu’une de mes décisions de bénévole, amateur, prise en fonction des dangers que j’ai pensé bien évaluer sur le moment a pu entraîner malgré tout des conséquences dramatiques m’amène à penser que c’est trop risqué pour moi et qu’il faudra certainement renoncer.
En pratique encadrée, non.
C’est un choix crucial en effet dont il faut être conscient quand on entre en formation d’encadrement, peut être pas assez répété en stage de peur de perdre des clients, perso je commençais toujours par ça, ça plombait l’ambiance mais personne n’est jamais parti « faire ses courses au vieux campeur pour sauver le we » comme je le proposerai
Certe, l’alpinisme englobe une prise de risque, mais celle ci doit être mesurée pour l’ensemble du groupe. Le risque peut sembler acceptable pour une cordée de 2 expérimentés, et ne pas l’être avec 8 participants pas encore bien formés.
Toujours plein de « ? » pour moi :
- Quelles étaient les compétences des participants ? Savaient ils tous s’arrêter en cas de glissade ? Sinon, qu’est ce qui était prévu au bout de la main courante, à l’arrivée sur une pente raide ?
- Et s’il s’agissait d’un groupe de 10 personnes (ou 8 + 2 encadrants), et si les conditions n’étaient pas bonnes (passage expo, risque de glissade)… n’aurait il pas été préférable de renoncer ? Qu’est ce qui a motivé le choix de passer là malgré tout (une boucle et un itinéraire différent à la descente ?) ?
J’ai cherché à comprendre l’itinéraire, mais sur C2C l’arête en question semble très peu pratiquée en hiver…
ça m’a « surpris » (euphémisme) aussi, et c’est en effet un point hyper important.
tout cela me rappelle une discussion que j’avais eu il y a quelques années avec Erik Decamp sur le bénévolat et les risques pris pour emmener des gens en montagne et leur donner les clés pour ne pas se tuer. il avait d’ailleurs évoqué notre discussion dans son livre ensuite sans avoir vraiment rien compris à notre échange
mais pour ceux qui n’avaient pas pleine conscience de tout cela on voit déjà les conséquences avec des initiateurs qui arrêtent dans leur club (j’ai au moins 2 exemples en 2 semaines).
En passant l’init avec un guide, on avait installé une main courante (plus sûre que descendre 2 par 2, et ça l’était en effet). Si l’accident avait eu lieu en cordée de 2, la conclusion aurait-elle été « il aurait fallu mettre une main courante » ? Toujours facile de refaire le match après coup…
Visiblement il y avait une page écrite par lui « l’encordement n’est pas une option »
https://www.ffcam.fr/luc-thibal-l-encordement-n-est-pas-une-option.html
Mais la page a disparu…
Merci pour ton retour
Effectivement l’article de « Montagne Mag » n’apporte aucun élément factuel et technique qui permet de comprendre la décision de la condamnation.
Il serait vraiment intéressant d’avoir l’ensemble des informations du dossier pour comprendre et ne pas refaire les mêmes erreurs, si erreur il y a eu!
En montagne il y a toujours une zone floue où le choix n’est pas évident, et toutes les décisions ont leurs avantages et inconvénients.
Pour l’avoir vécu, lors d’un stage de certification initiateur, le guide est passé dans une zone « escarpée » sans encordement ou main courante, les formateurs (instructeurs) CAF n’étaient pas d’accord, et les avis étaient partagés entre les initiateurs en fin de formation. Qu’aurait dit la justice en cas d’accident?
Quant à affirmer que la « l’encordement n’est pas une option »…je reste perplexe
(Message modifié corde/encordement)