Edito de Montagnes Mag 377 et 378

bonsoir à tous.

En ces périodes de débats présidentiels , que je suivais en lisant mon dernier montagnes mag reçu ce matin, je me sens l’âme au débat…

Je lis dans mon MM#377 du mois passé, un édito sur l’arrivée du printemps qui fait état du côté un peu rude par lequel le rédacteur semble s’est fait mettre hors sélection au probatoire de Guide mouture 2012 (entendue comme ayant été vraiment difficile). Certes la pilule est dure à avaler, surtout quand on est hors délais à la montée.

Je lis dans mon dernier MM#378, reçu ce matin, un édito par rapport au ski de montagne… là, phrase choc en gras au centre: " tellement pris par la mode et cette notion de ski facile, les montagnards un peu feignants s’équipent et partent en rando sans avoir jamais vraiment appris…à skier"

C’est moi qui comprend pas? C’est moi qui fait des liens trop rapides?

Les deux textes sont signés de Manu Rivaud…

Je suis pas un dieu vivant, encore moins Guide, mais ce jugement de valeur m’interpelle… C’est quoi un bon skieur? Quand est-ce-qu’on sait skier? Et puis,quand est ce qu’on est montagnard, après la Verte d’après Gaston Rébuffat…mais bon, il y a plein de bon skieurs et alpinistes qui n’ont jamais mis les pieds sur la Verte…

J’ai juste du mal à faire le lien sur ces deux éditos. Je veux bien que le hors délai est sur une épreuve de mulage d’environ 900m et l’autre sur la descente. Mais la montée ne conditionne-t-elle pas la descente, enfin si l’on est un vrai skieur de montagne selon MM378?

Je trouve intéressant le jugement de valeur fait par un tiers ayant une connaissance de la montagne relativement vaste, lui-même considéré comme mauvais par un Jury d’une école prestigieuse et dont la renommée va bien plus loin que l’arc Alpin…

Manu Rivaud, si tu es dans le coin, je suis curieux de connaître le message que tu veux faire passer, car même si c’est une question comptoir que je pose, je lis MM depuis 7ans maintenant, ben j’aimerai comprendre…

commentaires libres, mais Manu, j’adorerai ta réponse!

y’a une différence entre être un bon skieur pour un guide et être un bon skieur au milieu du commun des mortels, non ?
j’ai l’impression que tu cherches la petite bête non ? :expressionless:

mouais peut-être…
Mais bon un guide c’est un commun des mortels aussi je pense, sauf qu’il pratique la montagne pour gagner sa vie et faire découvrir la montagne aux gens…Et bien sûr qu’il a un niveau global physique et technique bien plus haut que la moyenne, mais après ce ne sont pas non plus tous des mutants, non?

Posté en tant qu’invité par Manu Rivaud:

Bonjour à tous les deux,

Je réponds.

Ces éditos n’ont pas de liens entre eux.

En ce qui concerne le proba, il faut comprendre que l’examen est abrupt mais bien fait, et que si personnellement je peux suggérer plus de moyens à la sélection, ce n’est pas pour autant qu’une telle épreuve, pour l’avoir vécue, n’est pas adaptée à cette sélection, au contraire.
Il faut toujours un très bon niveau de ski pour avoir une bonne note (14) à la descente. Qu’est-ce qu’un très bon niveau? Un skieur qui ressemble à un fort skieur dans toutes les neiges ou presque, qui va vite, qui est stable, qui a « l’allure ESF en slalom » mais hors piste, qui dégage une impression de sécurité manifeste dans son évolution, qui ne dérape pas, qui reste dans la pente et qui propose une trajectoire adaptée, un ensemble de virages variés.
Ils sont peu nombreux. Et ce n’est pas parce que on a accroché un 5.2 à sa liste qu’on est un bon skieur en ce sens, loin de là.
Cette notion est subjective. Mais j’entends beaucoup de gens dirent qu’ils sont bons skieurs alors qu’ils ne savent pas skier (j’exagère, exprès), au moins au sens Guide ou Moniteur de ski.
Pour illustrer ce repère de niveau de ski, des guides en exercice parcourent le proba le jour de l’épreuve et sont notés par les jurys comme références d’évaluation pour les candidats. Certains sont notés sous la moyenne, comme repère du 8 ou du 9 sur 20, alors qu’ils donnent le meilleur d’eux-mêmes et sont guides. D’autres, des guides très forts skieurs de montagne, représentent le 20/20. D’autres le 12, le 14, le 16.
Cette épreuve, telle qu’elle est organisée, telle qu’on la vit, ne demande pas qu’un fort niveau de ski et une grosse caisse physique : il faut choisir son matos idoine selon le profil de la course, l’altitude, son état physique (ski + chaussure, j’avais personnellement 5 kg à chaque pied, ski+chaussure+peaux… bien trop lourd et inutiles pour la neige à descendre ensuite, des skis fins plus légers et mordants suffisaient) , savoir faire un sac pile poil de 7 kg sans la bouffe et sans la flotte et sans le casque, être motivé même si on va passer l’épreuve sur « un rebord d’évier », ou sur un site qui ne donne vraiment pas envie, ne pas rechigner aux neiges difficiles (9 chances sur 10 pour que ce soit le cas à l’examen), être là au moment T, ni avant ni après.
Dans l’ensemble, c’est donc bien fait pour le métier que représente le guide.

En ce qui concerne l’édito suivant, et la remarque en exergue, c’est un constat partagé par de nombreux professionnels. On achète des skis en se disant qu’on va progresser grâce au matos ou que ce sera plus facile, ce n’est vrai que dans une certaine mesure. Le « savoir skier » ici n’est pas la même chose que le ski requis au proba du guide. Moins exigeant.
Il s’agit juste de savoir tourner correctement des deux côtés en toute neige, être capable de descendre 2 à 300 mètres de dénivelé sans s’arrêter hors piste, ne pas appeler sa maman quand on évolue en terrain glaciaire. Rien que ça, tous les clients de guide ou prétendants n’en sont pas capables, selon des témoignages.

Il n’y a pas de jugement de valeur dans ces éditos, l’essentiel du message est d’être lucide sur ce que l’on est vraiment.
Si un professeur de l’ensa ou un guide veut me corriger, ou renchérir, welcome! :smiley:

Bon ski à tous! :cool:
S

Bel éclairage, merci. J’avais lu le dernier édito par hasard et je me demandais ou cette discussion allait nous mener.

Alexis.

[quote=« Manu Rivaud, id: 1379756, post:4, topic:122353 »][/quote]

Salut Manu,

Merci pour cet éclaircissement.
Je ne l’avais pas vu sous cet angle, Un grand merci pour cette précision.

Tu as pas mal raison, face à ce que tu dis de façon globale, mais je n’avais pas pensé à cette approche.

Merci de ta réponse.
je retourne skier!