Durée de vie d'une plaque à vent?

Posté en tant qu’invité par mathieu:

Quelle est la durée de vie d’une plaque à vent? En général,on dit qu’après 2,3 jours de beau (sans vent) les couches ont tendance à se solidifier. Mais on dit aussi qu’une plaque peut rester intacte durant des semaines. Qu’en est-il vraiment? Quels sont les facteurs qui favorisent la grande longévité d’une plaque? température? Emplacement (orientation)?
Merci pour vos précisions!
Mathieu

Posté en tant qu’invité par Tintin:

si il y a un rechauffement sensible et que de l’eau liquide (fonte ou pluie) pénètre dans le manteau (assez profondement), les couches fragiles qui constituent le plan de glissement de ta plaque à vent (gobelets, grésils,grains à faces planes) se métamorphoseront en grain rond. Un coup de regel la dessus et le manteau retrouve une bonne cohésion globale (les grains vont former des ponts de glace entre eux).
Ainsi, en plein hiver et en versant N, cette humidification à peu de chance de se produire et les plaques persistent…
Enfin c’est quand même un peu schématique ce que je raconte…

Posté en tant qu’invité par fredo74:

y’a aussi l’épaisseur qui est retombé dessus: ça consolide sous la pression (ou bien ça craque…) et ça répartit les charges. Mais elle peut rester là, tapie dans l’ombre… Moralité: en cas de doute, tu sondes (sans poser le sac si tu as des bâtons de fond, en les retournant)

Posté en tant qu’invité par Tintin:

si ta couche fragile ne fait que quelques mm d’épaisseur, tu peux toujours essayer de la repérer…
pareil si elle est enfouie à 3 m de profondeur (ou faut des batons vachement telescopiques :wink:

Posté en tant qu’invité par Oncle Bill:

1 – Plaques glissant sur de la neige fraîche :

Il y a plusieurs processus de formation :

  • Une chute de neige légère, peu ventée et froide, est suivie d’une chute de neige ventée à température plus douce (C’est possible lors d’une succession de plusieurs perturbations ou pendant une même chute de neige dans des conditions météorologiques différentes). La neige légère joue le rôle de couche fragile, la neige ventée à température douce a une cohésion suffisante pour partir en plaque. Dans ce cas, on obtient souvent une très grande instabilité de durée courte (quelques heures à la fin du printemps à quelques jours en hiver). Les plaques sont friables.
  • La plaque à vent : Pendant ou après une chute de neige, le vent arrache de la neige dans les zones exposées pour le déposer dans des zones abritées. La neige transportée par le vent prend rapidement de la cohésion de frittage typique d’une plaque (les cristaux de neige fraîche, traînés au sol par le vent, sont brisés en toutes petites particules qui se soudent les unes aux autres). Elle se dépose sur la neige fraîche et légère car peu ou pas ventée. Par ce processus de formation, les plaques sont assez localisées. Elles se forment souvent à proximité d’une nette rupture de pente : crête sommitale ou secondaire, bosse, combe, etc. Il est assez illusoire d’espérer prévoir à l’avance dans quels versants on va trouver des plaques à vent en fonction de la direction dans laquelle il a soufflé. Seule l’observation sur le terrain peut donner une indication pertinente. La durée de « vie » d’une plaque à vent est identique au cas précédent : Contrairement à certaines croyances, une plaque à vent ne persiste pas tout un hiver !
  • Au printemps (Environ à partir du mois de mars), des plaques généralisées peuvent se former de manière très temporaire et sans vent : A cause du fort rayonnement solaire, souvent même à travers des nuages, la partie supérieure d’une couche de neige fraîche de densifie plus rapidement (et prend de la cohésion) que la partie sous-jacente. On obtient donc un profil de plaque (neige compacte sur neige très molle). Ce type d’instabilité disparaît très rapidement (quelques heures en général).

2 – Plaques glissant sur des grains à faces planes ou gobelets.

En hiver, les périodes de beau temps, surtout quand elles sont longues, ont tendance à déstructurer la surface du manteau neigeux. Si la neige n’est pas trop dense et n’est pas trop ensoleillée en cours de journée, elle perd progressivement de sa cohésion, se transforme en grains à faces planes puis en gobelets. La couche fragile alors formée peut être généralisée. En cas de chute de neige, un profil de plaque se forme alors dans toutes les pentes dans lesquelles on trouve la couche fragile. L’instabilité peut être très durable : Plusieurs jours à plusieurs semaines. Les hivers peu enneigés sont très favorables à ce type de structure, à cause des périodes de beau temps et de la faible épaisseur du manteau neigeux qui accentue la déstructuration de la couche fragile. C’est souvent pendant ces hivers où l’on dénombre le plus d’accidents d’avalanches.

3 – Diminution du danger après la formation de plaques.

Cinq facteurs peuvent contribuer à la diminution du danger :

  • Consolidation de la couche fragile : Si elle est composée de neige fraîche celle-ci va prendre de la cohésion en l’espace de quelques jours (hiver) ou quelques heures (printemps). Si elle est composée de grains à faces planes, la prise de cohésion dépendra du degré d’évolution : Quelques jours s’ils sont petits et peu développés, plusieurs semaines dans le cas contraire. En l’absence d’humidification, les gobelets n’arrivent pas à reprendre de la cohésion.
  • Augmentation de l’épaisseur de neige poudreuse : En cas d’importante couche de neige poudreuse sur la plaque (plus de 80 cm à 1 m), le passage d’un skieur est amorti, d’autant plus que la couche est épaisse. Le problème est que le manteau neigeux est d’épaisseur variable à cause du vent. Avec une chute de neige d’un mètre, on peut donc avoir par exemple une couche de neige fraîche qui varie de 60 cm à 1 m 40. Un skieur traversant une zone où la neige fraîche est plutôt mince peu déclencher une plaque se propageant dans des secteurs où elle est très épaisse.
  • Consolidation de la plaque : Après une très grosse chute de neige ou en cas de ciel couvert avec des températures douces, le manteau neigeux se consolide au fil des jours. Même s’il y a une couche fragile persistante (gobelets ou gros grains à faces planes), la plaque résiste alors de plus en plus au passage de randonneurs.
  • Déstructuration de la plaque : La couche de neige constituant une plaque soumise à une période de beau temps, en hiver dans une pente peu ou pas ensoleillée, voit sa cohésion diminuer. Elle se transforme lentement en grains à faces planes et perd donc sa qualité de plaque. Une plaque peu se désagréger en une journée si elle est peu dense et peu épaisse, ne pas se désagréger si elle est très épaisse et dense (Mais elle est alors assez voire très résistante).
  • Humidification importante : Si l’humidification, due à la pluie ou à la fonte, concerne une couche suffisamment épaisse (au moins quelques centimètres) et est suivie d’un regel, la solide croûte de regel qui se forme alors au sommet de la plaque la rend très résistante, donc peu ou pas sensible au passage de randonneurs. Mais une croûte peu épaisse soumise à une période de beau temps, en hiver dans une pente peu ou pas ensoleillée, peu voir sa solidité diminuer au fil des jours.

Posté en tant qu’invité par âlex:

Avec tout ce qu’il fait pour nous notre tonton billou, faut qu’on lui demande la légion d’honneur (ou autre décoration plus skirando : « la banane du mérite » ??)…

Posté en tant qu’invité par Loulou:

Dit tonton Bill, si on connait tout ça par coeur, on peut sortir en rando sans risque ?

Posté en tant qu’invité par S@m:

« 2 – Plaques glissant sur des grains à faces planes ou gobelets »

Pour apporter un peu d’eau au moulin et à ce résumé complet(merci Oncle Bill), est-ce que ce complément est valable :

J’avais cru comprendre que les grains à face plane se formait à la surface (givre) alors que les gobelets se formait dans la couche de neige poudreuse (appelé givre « de profonfeur »).

Ces 2 cas existent lors d’une tranformation de fort gradient (dT/e<-20°C/m) (dT est la différence de température entre les 2 surfaces de la couche considérée et e son épaisseur)
ce qui montre bien les risques pour une faible épaisseur de neige et un grand froid
mais bon je vous rassure je sors pas avec ma calculette tous les jours…

PS : le gradient et les transformation de la neige…tout un programme

bon ski, S@m

Posté en tant qu’invité par fred:

si elle est à 3 m de fond, il y a peu de chance que tu la sollicite (répartition de la charge). Et elle ne fait de toute façon que quelques mm d’épaisseur, mais elle n’est dangereuse que sur une couche plus dure qui fait plan de glissement, et celle-là tu la sens… Mais bon, tout ça c’est des mots, ça empêche pas de passer dessous si c’est ton tour…

Posté en tant qu’invité par l’indigène:

moi je propose la vache milka d’or pour oncle bill, quoique la banane d’or…
;-))

Posté en tant qu’invité par catherine:

S@m a écrit:

J’avais cru comprendre que les grains à face plane se formait
à la surface (givre) alors que les gobelets se formait dans
la couche de neige poudreuse (appelé givre « de profonfeur »).

ben alors, il est passé où Tonton Bill ?
le givre de surface, ça n’a rien à voir avec les faces planes.
http://www.photomont.com/page21.html

Le givre de profondeur (ou gobelets) se retrouve enfoui sous les couches de neige (d’où son nom), mais il se forme pas très loin de la surface en général : il faut une circulation d’air.

et c’est reparti pour la nivologie :slight_smile:
http://skirando.camptocamp.com/forums/read.php?f=2&i=1616&t=1616

http://www.skirando.net/nivologie/cadremetamorphose.htm

Posté en tant qu’invité par S@m:

merci pour la correction !!!
et les liens associés.
Sam

Posté en tant qu’invité par Oncle Bill:

J’enfonce le clou :

Les gobelets ne sont qu’un stade très avancé des grains à faces planes. Ces grains se forment en surface puis se font enfouir par les nouvelles chutes de neige. Les gobelets étaient autrefois (en France) appelés « givre de profondeur » pour deux raisons :
1 - Une couche de givre comme une couche de gobelets n’a aucune cohésion.
2 - Si les grains à faces planes, une fois enfouis, reprennent de la cohésion, se transforment en général en grains fins (sauf en cas d’humidification), les gobelets restent en l’état pendant des semaines ou des mois et on les retrouve donc enfouis en profondeur sous les chutes de neige de l’hiver puisqu’ils se forment plutot en début de saison, donc près du sol (puisqu’à cette époque le manteau neigeux est très peu épais).

Et attention, c’est TRES IMPORTANT : Il n’est pas nécessaire qu’il fasse froid pour avoir formation de faces planes puis gobelets, il suffit qu’il fasse beau en début d’hiver (grosso modo novembre à février). Garder aussi en mémoire que dans certaines configurations, c’est aussi possible avec un fort enneigement, notamment si une petite chute de neige suit une bonne pluie sur le manteau neigeux.

Posté en tant qu’invité par Mot:

En fait? soit le manteau et pas lié du tout ( poudreuse) et c’est la monstre fête ( mach 10 dans un mètre de peuf), soit le manteau est très lié ( printemps) là aussi c’est la monstre fête.neige béton et donc mach 10 encore une fois, soit la neige et liée un peu( plaque) et c’est la fête… à la baraque.

En gros c’est juste?
Merci…