Posté en tant qu’invité par toyotam:
Il y a bien longtemps, jeune et pas si insouscient, je partais à l’âge de 15-16 ans faire mes premières courses en montagne avec des copains de mon âge ou plus âgés, mais toujours en leader ou coleader. Un jour, à cette époque ou un peu plus tard, ma maman, avec toutes ses qualités et ses défauts, s’est arrêté dans le repas que nous préparions ensemble et m’a dit quelque chose qui a structuré toute ma pratique : « Si un jour tu meurs en montagne, je t’en voudrais toute ma vie ».
Une pratique dangereuse alors que tant de gens vous attendent et vous espèrent ne m’a pas empêché de poursuivre une longue carrière d’alpinisme…
Pourtant je ne peux absolument pas imaginer la douleur que je causerai à ma femme ou à mes enfants si l’alpinisme m’amenait à disparaitre. Et je n’imagine pas arrêter la fréquentation de ce milieu dans lequel je me trouve si bien, si étonné, si calme, si reposé. Mais aussi, je n’imagine pas la douleur que je pourrais ressentir en cas de décès de l’un d’eux non plus. Nous en avons longuement parlé avec ma femme et mes enfants, l’attachement que nous ressontons les uns pour les autres a été formulé, on peut mourrir en montagne mais aussi en voiture, en moto, en sortant de boite, de chez des copains, etc… Et jamais on ne pourra le justifier…
Vous ne croyez pas qu’il faut dire et redire avec des mots que vous aimez ce qui vous entourent et que leur perte vous affectera dans des dimensions inimaginables… Au moment de prendre un risque, ce petit cailloux dans leur coeur, cette toute petite ficelle d’affection, ténue, les retiendra peut être dans ce monde ci ? Non ? Que faites vous ?
Une très affectueuse pensée à tout ceux qui traversent ces moments si terribles