Porteur (aspirant guide) dès 1963, guide de haute montagne dès 1967 (ski 1966), j’ai vécu durant près de cinquante années exclusivement de mon métier, et maintenant encore, à l’âge 75 ans (bien sûr moins haut, moins vite, moins difficile, moins souvent).
Je suis loin d’être le seul dans ce cas.
Et pourtant, alors que petit gamin j’affirmais ma volonté de devenir guide et d’en vivre, on me servait à chaque fois des propos décourageants proches de ceux exprimés ci-dessus:
" Ce n’est pas un métier, on ne peut pas en vivre…".
On peut, c’est très exigeant, en sus des qualités techniques, physiques et pédagogiques, il faut avoir un vrai amour de la profession (guider, enseigner les choses de la montagne, jour après jour quel que soit le temps météorologique, gravir plus de cent fois le même sommet par la voie normale, passer d’un client à un autre, d’un jovial à un renfermé, d’un généreux à un pingre, d’un talentueux à une luge à foin, c’est très différent de faire de belles ascensions avec des copains), trouver son créneau (guide indépendant, membre d’une compagnie, responsable de sa propre agence que l’on crée, escalade, ski, alpinisme, treks, expéditions…), mais on peut, avec de la volonté, du courage et une dose de chance quand même.
Bien sûr, il est indispensable d’avoir d’abord une autre formation aussi poussée que possible. Plus riche est la personnalité du guide, plus larges ses connaissances dans divers domaines, plus grandes sont ses chances de réussir une belle carrière. Les compétences cumulées (gestion, marketing, sciences de la nature, langues étrangères…) facilitent l’accès au marché de la montagne en l’élargissant. Et nul n’est à l’abri de l’accident invalidant qui oblige à la reconversion.