La conférence était très intéressante. Raphaël Arlettaz a essentiellement parlé de l’impact des sports d’hiver et donc du dérangement des tétras lyre en hiver.
En hiver, le tétra lyre passe ses nuits dans un igloo creusé dans la neige et sort se nourrir au petit matin. Il creuse ensuite un nouvel igloo où il passe la journée, avant d’en ressortir au crépuscule pour se nourrir de nouveau. Il creuse un nouvel igloo quand vient l’heure de se coucher. Le tétra passe environs 20h par jour sous la neige, ce qui lui permet de considérables économies d’énergie du fait de l’isolation thermique que procure la neige (la dépense énergétique est 50% plus élevée hors de l’igloo quand il fait -15°C). Notez aussi qu’il creuse deux igloos par jour… Le dérangement a lieu quand on force le tétra a sortir de son igloo. Il s’expose alors au froid et doit creuser un igloo supplémentaire. Ceci induit une dépense énergétique supplémentaire qui peut dépasser l’énergie disponible dans l’environnement. Les tétras n’accumulent pas de graisse et sont donc très dépendant des ressources auxquelles ils peuvent accéder pendant l’hiver… et elles sont maigres.
R. Arlettaz et son équipe ont étudié le stress que subissent les tétras dans différentes régions du Valais suisse, en fonction de la fréquentation par les skieurs. Ils ont mesuré le stress en dosant, dans les crottes des tétras, les métabolites issus de la dégradation des hormones de stress. Leurs donnés montrent que les tétras sont plus stressés là où passent les skieurs que dans des secteurs non fréquentés. Par contre, il n’ont pas trouvé de différence entre les stations et les descentes hors-piste. ils ont aussi vu que le niveau de stress se maintient pendant plusieurs jours après un dérangement.
Au delà du stress, l’équipe de R. Arlettaz a aussi regardé l’effet des remontées mécaniques et des skieurs/surfeurs/raquetteurs sur l’abondance et la survie des tétras. L’effet est important puisqu’en Valais, la densité de coqs est réduite de 50% sur 24% de l’habitat potentiel des tétras à cause des grands domaines skiables et elle est réduite de 18% sur 20% de l’habitat potentiel à cause des petites stations familiales. Il ne reste donc aux tétras que 56% de leur habitat potentiel.
Notez que les chercheurs ne se sont pas intéressé aux randonneurs à ski et en raquette de façon spécifique. Ils ont regardé indistinctement les traces de passage et leurs conclusions montrent donc que l’essentiel du dérangement se fait au départ des remontées mécaniques (car c’est là où se concentre la grande majorité des skieurs hors-piste). L’effet des randonneurs par rapport aux skieurs hors-piste descendant des remontées mécaniques n’a donc pas pu être évalué.