Départ de plaque jusqu'au sol?

Posté en tant qu’invité par ludwig:

Une question aux spécialistes de nivo, hier (le 22/2) j’ai vu une plaque qui c’était détachée récemment (la neige tombée ces derniers jours avait mal recouvert la terre)des crètes de la molière en versant Est (Vercors, 1660 m) sur 50 m de large et jusqu’au sol (1,5 m d’épaisseur environ). J’ai déjà vu ce type d’avalanche suite à des redoux dans les pentes raides mais visiblement pour celle çi ce n’est pas le cas. (Très froid depuis les dernières chutes de neige). La pluie tombée il y a une dizaine de jour était sensée stabiliser la couche inférieure non ? Début février j’ai déjà observé le même type de phénomène sous les pentes de la peyrouse, (vercors Versant Est aussi) mais la pente étant moindre la plaque n’avait reculé que d’une dizaine de mètres. Là encore, grosse chute de neige quelques jours avant mais pas de redoux. Les couches près du sol sont-elles pourries à ce point ? Merci à ceux qui peuvent m’éclairer sur ce type de plaques, surtout sur le fait que ça parte jusqu’au sol en fait.

Posté en tant qu’invité par bazé:

C’est tout simplement une avalanche de fond. Il s’agit de la totalité du manteau neigeux qui glisse sur une surface appropriée (hautes herbes, pentes rocheuses, surfaces lisses). Ce phénomène et fréquent, surtout en basse altitude (< 2000 m) et plus nombreuses certaines années que d’autres. Ces glissements se produisent principalement sur les pentes ensoleillées, et toujours sur les mêmes pentes, donc connues des locaux.
Il s’agit généralement d’un phénomène lent. Une fissure apparaît, puis s’élargit lentement au fil des jours (gueule de baleine). Si la pente est convexe ou s’il s’agit d’un couloir évasé par le bas, on assiste à une rupture du front et la neige part en avalanche. Dans d’autres cas, les gueules de baleine restent visibles jusqu’à la fonte, sans avalanche.
Les fissures apparaissent normalement lors des redoux, mais le déclenchement de l’avalanche peut avoir lieu n’importe quand, y compris lorsqu’il fait très froid.
A ma connaissance, ce phénomène a peu été étudié et il se pose à ce sujet des tas de questions actuellement sans réponse. Lorsqu’elles menacent des pistes de ski, c’est la hantise des services de sécurité car le comportement de ces plaques est imprévisible et on ne réussi que rarement à les déclencher au moyen d’exploisifs.

Posté en tant qu’invité par Francois:

Ca ne me semble pas tellement étonnant. Peu de neige et grand froid en début de saison donc formation d’une bonne couche de gobelets. Forte chute de neige par là-dessus et on a une situation avalancheuse classique. La plaque a entraîné la couche de gobelets et on voit la terre.
Que disait le BRA pour le 22?

Cette explication me paraît cohérente, mais peut-être y en a-t-il une autre…

Posté en tant qu’invité par J2LH:

ludwig a écrit:

Les couches près du
sol sont-elles pourries à ce point ? Merci à ceux qui peuvent
m’éclairer sur ce type de plaques, surtout sur le fait que ça
parte jusqu’au sol en fait.

Le sol peut faire un bon plan de glissement (surtout si c’est de l’herbe couchée). Il faut de plus savoir que le manteau neigeux a tendance à légèrement glisser sur la pente au cours de la saison, c’est ce qu’on appelle la reptation qui peut être favorisé par certains facteurs comme la pluie (la pluie ne stabilise pas, au contraire). Lorsque le manteau se déchire à cause de cette reptation on obtient des « gueules de baleines », ces crevasses dans le manteau neigeux que l’on observe dans les pentes et qui vont jusqu’au sol, ce phénomène semble correspondre à ce que tu décris. Il est bien sûr possible que l’ouverture d’une « gueule de baleine » ne s’arrête pas et se transforme finalement en avalanche de font.

Posté en tant qu’invité par Michel:

Je ne suis pas tres étonné, car ce versant purge naturellement dès que la neige s’alourdit. Je n’ai pas vu l’endroit exact du départ de plaque, mais il est certain que le plan de glissement le plus fragile se situe bien au sol : en effet, les chutes de neige récentes sont d’une rare cohésion (du moins ai je rarement vu autant de poudreuse tenir ausssi bien) et d’une masse qui devient importante (y a la quantité !!)…
Ceci dit, je suis loin d’etre un spécialiste es nivologie et il faudrait y envoyer quelqu’un de l’ANENA !
Coté pluie stabilisatrice, sur ce versant la pluie est allée au sol et je pense qu’il n’y avait pas de sous couche (du moins au départ de la plaque) avant les chutes de ces derniers jours.

Michel,

Posté en tant qu’invité par Francois:

Bon, les avis divergent. Je ne sais pas si quelques jours suffisent pour que des gueules de baleine se forment (il parle de « grosses chutes de neige quelques jours avant mais pas de redoux ») surtout qu’il n’y avait pas eu de redoux…

Au sujet des gueules de baleine, je suis perplexe… J’ai lu dans le bouquin d’un grand gourou (Munter, pour ne pas le nommer et le bouquin est « Le risque d’avalanche ») que les gueules de baleine indiquaient que les tensions au sein du manteau neigeux avaient disparu (ça paraît assez logique) et donc que ça indiquait que la pente était assez sûre. Mais dans d’autres auteurs, on dit que ben non, les gueules de baleine indiquent un danger.
Donc si quelqu’un (Bazé par exemple) pouvait éclairer ma lanterne afin que je ne croupisse pas dans un obscurantisme moyennageux…

Posté en tant qu’invité par Bubu:

C’est donc bien une plaque qui est partie: elle est visible depuis le grésivaudan, je me demandais si c’était bien une plaque en discernant mal à travers les brumes.

Posté en tant qu’invité par bazé:

Ton explication est aussi plausible, François. Ne connaissant pas la situation en Vercors je l’admets volontiers.
La différence entre les deux situations est facilement visible. Lors du départ en avlanche de fond, la ligne de fracture est un peu arrondie alors que dans l’autre cas on a une ligne brisée. D’autre part, lors d’un départ sur une strate faible au sol (gobelets) on a des résidus de cette strates dans le microrelief, dans les creux, entre les pierres, etc. Le dépôt est également différent.
Si Ludwig a bien observé il peut le dire. Une photo serait l’idéal.

Posté en tant qu’invité par J2LH:

Francois a écrit:

Au sujet des gueules de baleine, je suis perplexe… J’ai lu
dans le bouquin d’un grand gourou (Munter, pour ne pas le
nommer et le bouquin est « Le risque d’avalanche ») que les
gueules de baleine indiquaient que les tensions au sein du
manteau neigeux avaient disparu (ça paraît assez logique) et
donc que ça indiquait que la pente était assez sûre. Mais dans
d’autres auteurs, on dit que ben non, les gueules de baleine
indiquent un danger.

Je dirais qu’au moins une partie des tensions a disparu, d’un autre côté la pente est suffisante et le plan de glissement suffisament… glissant pour que le manteau glisse tout seul sur le sol donc prudence.

Posté en tant qu’invité par bazé:

Francois a écrit:

Bon, les avis divergent. Je ne sais pas si quelques jours
suffisent pour que des gueules de baleine se forment (il parle
de « grosses chutes de neige quelques jours avant mais pas de
redoux ») surtout qu’il n’y avait pas eu de redoux…

Au sujet des gueules de baleine, je suis perplexe… J’ai lu
dans le bouquin d’un grand gourou (Munter, pour ne pas le
nommer et le bouquin est « Le risque d’avalanche ») que les
gueules de baleine indiquaient que les tensions au sein du
manteau neigeux avaient disparu (ça paraît assez logique) et
donc que ça indiquait que la pente était assez sûre. Mais dans
d’autres auteurs, on dit que ben non, les gueules de baleine
indiquent un danger.
Donc si quelqu’un (Bazé par exemple) pouvait éclairer ma
lanterne afin que je ne croupisse pas dans un obscurantisme
moyennageux…
Entre l’apparition de la fissure et le déclenchement, il peut se passer quelques minutes, mais aussi plusieurs jours.
Il est exact que l’apparition de gueules de baleines indique que la tension au sein du manteau neigeux a plus ou moins disparu. Cela signifie que d’une manière générale le risque de plaque aura considérablement diminué. Par contre, la neige qui se trouve sous la gueule de baleine n’est tenue que par la compression sur le front (les autres ancrages ayant rompu) et peut donc parti n’importe quand, lorsque les résistances de ce front seront plus petites que les forces exercées par le poids de la neige qui glisse vers le bas. C’est pour cette raison que ces avalanches ne partent que dans des pentes caractéristiques (convexes ou s’évasant vers le bas).

Posté en tant qu’invité par Oncle Bill:

Les plaques de fond en neige sèches sont nombreuses cet hiver. Il sembleraient qu’elles soient de deux types :

  • celles qui n’emportent que de la neige récente reposant à même le sol (celui-ci ayant été auparant dégagé par une précédente avalanche ou par la fonte).
  • celles qui emportent neige récente + vieille neige. J’ai pu en observer deux il y a quelques semaines en versant SE : Le manteau neigeux avait une faible cohésion sur toute son épaisseur et reposait sur des gobelets. C’est un type d’avalanche que je ne connaissais pas ! Mais la seule chose qui m’intrigue, c’est qu’elles partent presques toutes en versant SE à SW et aucune n’a été signalée en NE à NW, alos que même en sud, la neige n’est pas humide.

Concernant la remarque de Francois, il semblerait que dans certaines pentes :

  • ça fissure mais pas d’avalanche
  • ça fissure puis ça part en avalanche
  • avalanche sans fissure préalable
    Donc la seule chose qu’on puisse dire, c’est qu’en période de formation de fissure, il y a risque de plaques de fond.

Posté en tant qu’invité par h20:

Du côté de la Mandallaz 5Aravis), sur les parties pentues à droite en au sortir de la forêt , des fissures sont apparues…se sont aggrandies pendant qqs jours…et un jour ça a laché , avalanche de fond , en gros blocs…entre l’apparition des fissures et l’avalanche il s’est écoulé 10 jours…

Posté en tant qu’invité par Robert:

Justement à la Mandallaz, le 5 février, une semaine environ après les grosses chutes de neige, j’ai observé des reptations surprenantes allant jusqu’à des plissements. Je viens de mettre 2 photos sur l’album (pas encore visibles).
C’était vers 1700m sur de l’herbe orientation ouest épaisseur de neige 50à 70 cm dans la traversée après l’aulp du fier du bas.

Posté en tant qu’invité par Robert:

ça y est les photos sont sur l’album!
mais je ne sais pas mettre le lien et j’ai pas le temps de chercher.

Posté en tant qu’invité par catherine:

jolies et intéressantes, tes photos, Robert !!!

voici les photos et le lien sur leur grand format (je ne sais plus comment rendre une photo cliquable) :

et

[Bubu - modérateur] J’ai activé les liens sur les images

Posté en tant qu’invité par mfe:

on peut observer le même phénomène au Mont d’Armenaz dans les Bauges (versant SW) en ce moment.