Posté en tant qu’invité par strider:
un montagnard fait référence autant à la montagne en tant que réalité qu’en tant qu’idée…
un montagnard est un individu qui vit dans un espace au relief prononcé et dont le rapport à cet espace relève du processus identitaire…
ce n’est pas parce que tu vas en montagne que tu es un montagnard :
pour le non-montagnard, la montagne est un espace avec ses caractéristiques, investi ponctuellement . Il peut très bien apprécier cet espace et lui projette ses conceptions venus d’ailleurs.
pour le vrai montagnard, la montagne est un territoire qu’il s’est approprié (foncièrement et socialement notamment), qu’il modifie sur le temps long en restant sur place et auquel il s’identifie c’est à dire qu’il se reconnait comme appartenant à cet espace montagnard devenu son territoire dont il a la capacité à le modifier.
les alpinistes peuvent être des montagnards mais peuvent être tout simplement des homo touristicus (terme non péjoratif), qu’ils fassent des trucs sophistiqués ou pas…faut savoir que les échelles de cotations sont de pures projection d’une pensée qui ne relève pas des territoires montagnards traditionnels, mais plutôt du milieu urbain moderne et du développement des sports et de la société de loisir (ex le paysan d’autrefois en avait rien à foutre de savoir si le rocher du coin, c’était 5b- ou 6b+, pour lui c’était un rocher qui ressemblait au peigne ou à la fourche à fumier dans son étable rocher qui est situé à côté de son champs famillial et qui fait partie du territoire communal)
aujourd’hui, faut pas se voiler la face, beaucoup d’alpinistes sont des homo touristicus qui projettent leur conceptions venues d’ailleurs sur la montagne…la plupart des alpinistes aiment ressentir la territorialité chez les montagnards (ex boire un coup à la Cordée, ou encore le style refuge de la dent parrachée, espace culturellement approprié) mais ne s’impliquent au jour le jour dessus, notamment sur le domaine foncier et politique d’ usage des sols qui relève du territoire…ils ont une influence dans les décisions, mais ils n’ont pas la maîtrise foncière qui est une base de l’appropriation et de la territorialité…
donc pour résumer:
-pour l’homo touristicus, la montagne est un espace visité ponctuellement ou fréquemment, auquel il projette ses conceptions venues d’ailleurs (détente, écologie, soif du sauvage, « propre », cotations, esprit sport & loisir, besoin de défi, moyen de communication, photographie, technologie sport, site web)
-pour le montagnard, la montagne est un territoire auquel il s’identifie notamment parce qu’il est impliqué dans la maitrise foncière et les activités au jour le jour (gestion foncière, activité agricole, pastoralisme, développement local, entretien des infrastructures et des milieux et gestion des riques au quotidien, accueil, activité découverte montagne et haute montagne, monitorat, implication familliale au jour le jour sur place, intégration à la sociabilité popre au territoire concerné…)
au niveau des réprésentations et des pratiques de l’espace montagne c’est à dire le « fait montagnard », celles de l’homo touristicus et du montagnard peuvent très bien se rejoindre et s’influencent mutuellement, grace aux interactions et interelations, et donc ces représentations évoluent ensembles mais l’origine et surtout la territorialité foncière les diffèrent complètement.