Décès et guides de haute montagne

Posté en tant qu’invité par Phil:

Dans mon post, je ne vous parlais pas d’accidents en montagne « en général », mais bien d’accidents au cours desquels des guides avaient perdu la vie. Accidents, qui semblaient, selon les dires d’un ami guide, en augmentation constante depuis ces dernières années (je parle du massif du Mont-Blanc). Nuance…

D’où ma question, les guides ne prennent-ils pas de plus en plus de risques ?

Posté en tant qu’invité par Julien R:

En parlant avec certains guides (pas les meilleurs) de l’Oisans, leur activité avait l’air de se dépacer vers les via ferrata ou randonnées glaciaire qui constituaient une grande partie de leur revenu et que l’accompagnement vers des courses engagées était de plus en plus rare. Je sais pas si c’est vrai mais c’est compréhensible. Il faut dire qu’il faut des sacrés moyens pour partir en course avec un guide. Et la montagne est beaucoup plus accessible aujourd’hui (spits, topo, materiel) qu’il y a 10 ou 20 ans.

Ensuite, il est vrai que l’on est de plus en plus dans une société de consommation où les clients veulent en avoir pour leur argent: « j’ai payé, je le ferais ». Les guides, même si ils font moins de grandes courses, sont peut être plus sous pression (économique). Ce qui les entraine a accepté des courses qu’ils n’auraient peut être pas fait il y a qq années.

Posté en tant qu’invité par J.Marc:

Dans « Premier de Cordée », Frison Roche relate la mort d’un guide expérimenté, qui cédera aux caprices de son riche client américain, lequel veut à tout prix finir son ascension du Petit Dru malgré l’orage qui menace. Certes, c’est une fiction, mais Frison aimait bien peindre les moeurs de son époque.

Est-ce que ça ne veut pas dire que le « risque économique » existait déjà dans les années 40 ? que ce ne serait pas un mal moderne ?

Posté en tant qu’invité par Francois:

Si ce qui est dit est avéré, j’y verrais une autre explication. La montagne se pratique de plus en plus tout au long de l’année et sous différentes formes (ski de rando, canyoning, cascade, vie ferrate etc.etc.). Il y a une quinzaine d’année, par exemple, la pratique de l’alpinisme hivernal n’était plus exceptionnel mais encore marginal, ce qui n’est plus le cas actuellement; la cascade en était à ses premiers balbutiement; le canyoning n’existait pratiquement pas.
Les guides sont donc de plus en plus exposés aux dangers et risques de la montagne.

Posté en tant qu’invité par tophe:

mais faut aussi se dire que c’est le plus métier du monde
on peu voyager de partout tout en bossan
c’est vrai que l’on a une grande responsabilité mais je pense que sa en vaut le cout
A+

Posté en tant qu’invité par Dédé le guidos:

Il y a eu un article sur un bulletin du SNGM (2004 ou 2005 ???), écrit par Alain Duclos (Guide lui-même et grand spécialiste des avalanches) sur l’accidentologie des avalanches. Les statistiques sont claires : la proportion des accidents mortels avec un accompagnement « guide » est en constante augmentation et dépasse la proportion des accidents mortels sans accompagnement « guide » …

Posté en tant qu’invité par Phil:

Quand je posais cette question, j’avais une petite arrière pensée.

J’ai fait une course au début de cet hiver avec un guide (je n’avais pas de partenaire de dispo à ce moment là). Cette course était très technique avec des passages en glace déversants. Sur 2 longueurs (les plus difficiles) mon guide est passé en tête, et il a été taquet tout du long de ces 2 passages. Si il avait chuté, il y aurait eu de la casse (pour lui, moi j’étais confort…).

Ne s’était-il pas trop engagé ?

Posté en tant qu’invité par Lucio:

Pour prendre l’exemple du Haut-Giffre, il est clair qu’on ne voit plus un guide dans les courses péteuses comme Ruan-Tenneverge, alors que les activités type via ferrata, canyoning et surtout école d’escalade ont beaucoup de succès (recherche de rentabilité ou alors baisse du niveau technique de la clientelle ?).

En revanche, mais là je ne saurai donner de tendance, je suis surpris de voir des guides s’engager dans des courses en mauvaises conditions (typiquement de grandes courses de neige avec un isotherme très haut) ou avec un client à peine dans le niveau. Est-ce qu’ils comptent sur leur marge technique ? Sur l’hélico ? Bien sûr, je ne tirerai pas de généralités sur les quelques cas que j’ai pu rencontrer.

Enfin, il est probablement illusoire de compter donner une tendance car d’une part, il faudrait comptabiliser les sorties, distinguer les activités, etc., ce qui est à mon sens bien compliqué et d’autre part disposer d’une plus longue série temporelle pour plus de significativité dans les résultats…

Posté en tant qu’invité par Hugues:

Je ne pense pas qu’on puisse généraliser à partir d’un cas particulier, mais comme dit Dédé, il y a sans doute plus d’accident qu’avant en ski de rando.
D’abord, cette pratique s’est beaucoup développée depuis 15 ans, ensuite je suis persuadé qu’en cas de mauvaises conditions, un guide n’a pas la même facilité à renoncer que des skieurs autonomes. Soit il se sent en devoir vis à vis de son client de tenter quand même quelquechose, soit c’est le client qui met la pression directement.
Ensuite les plaques à vent et avalanches ne distinguent pas les guides des autres skieurs…

Posté en tant qu’invité par Phil:

OK hugues, nous sommes bien d’accord (moi je parle d’alpinisme)…

Posté en tant qu’invité par Hugues:

En alpi, je ne sais pas…

Posté en tant qu’invité par Phil:

En ski de rando (discipline que je ne connais pas !) je « suppose » que le problème est identique à l’alpi…

Nouvelle discipline (si on peut dire…), la cascade de glace (fortement accidentogène, 2 accidents à quelques jours d’intervalles à ma connaissance en février 2005 dans le coin du Mont-Blanc, à Argentière, et en suisse, une cordée en flèche qui dévisse à cause du glissement d’une plaque, 2 morts et 1 blessé dans un état gravissime) la prise de risque devient de plus en plus importante…

Les impératifs économiques pour les guides sont là, mais est-ce que le jeu en vaut la chandelle ?..

Je compte parmi mes amis, des guides de haute montagne (qui m’ont formé et je n’ai pas honte à l’écrire…) et cela me ferait quelque part « c… » pour ne pas écrire plus, de les voir disparaître et, ce, pour de vulgaires questions matériels… Et vous allez me dire : faut bien que tout le monde bouffe…

Posté en tant qu’invité par Hugues:

Il y a effectivement la cascade de glace, activité nouvelle qui engendre fatalement quelques accidents y compris avec des guides.
Je me rappelle en 2001 année très enneigée, j’avais fait le ravin de mouzéou (briançonnais) fin février par un temps plutôt neigeux. L’approche se faisait sur des grosses accumulations de neige dégringolée des raides pentes au-dessus de la cascade. Le lendemain un guide et son client se sont fait ensevelir sous une nouvelle avalanche (les chutes de neige de la veille n’avaient pas été anodines)…
Depuis j’ai compris qu’il faut bien choisir ses cascades quand il y a de grosses accumulations de neige, mais j’étais effectivement un peu surpris qu’un guide n’ait pas été plus conscient de ce fait.
Ceci dit, les accidents en cascade restent heureusement assez peu nombreux comparés à la fréquentation.

Posté en tant qu’invité par Alex:

la cascade est effectivement une activité assez accidentogène, comme le parapente

mais difficile d’en évaluer la dangerosité…

Alex

Hugues a écrit:

Ceci dit, les accidents en cascade restent heureusement assez
peu nombreux comparés à la fréquentation.