Débat sur l'aspect psychologique de " la mort suspendue "

Bonjour à tous,

Peut-être éprouvez vous vous aussi une infinie tristesse durant ces (longs) mois d’hiver où, durant les (trop longues) journées de bureau, vous consultez camptocamp dans l’espoir de trouver quelques minutes où votre esprit s’évadera, et où vous ne trouvez qu’une faible activité sur notre bon forum Alpinisme.

Et oui, en hiver, pas de posts sur telle ou telle course déjà fait et où, en répondant, on se revoit déjà sur telle arête et passant tel ou tel col, pas de post jaugeant la possibilité de relier tel refuge a tel refuge…

Résultat, on est obligés de travailler plus au lieu de lire C2C, et c 'est quand même bien dommage.

Je me suis donc dit à l’aune de cette reflexion que vous ne m’en voudriez pas de lancer un débat un peu décalé sur La Mort suspendue, que j’ai vu pour la première fois ce week-end avec quelques années de retard.

Ce qui a attiré mon attention, c’est surtout le bonus fourni par le DVD, dans lequel on peut voir un petit film sur le tournage, qui se passe sur place, au lieu du camp de base, sur lequel nos deux alpinistes reviennent pour la première fois après 15 ans.

Ce reportage, je l’ai trouvé particulièrement choquant.

On y voit parrallement Joe ( celui qui a eu l’accident ) dans un état qui se dégrade au fur et à mesure que les jours avance, jusqu’à devenir quasiment fou. On se rend d’ailleurs compte que ce que lui fait faire la production est particulièrement horrible. En effet, toutes les scènes où il rame depuis sa crevasse jsuq’au camp de base, la prod les lui fait mimer, durant des heures, avec une jambe attachée avec un matelas (comme dans le film). A partir de ces scènes, ils feront ensuite jouer l’acteur pour que ca soit plus réaliste. Sauf que l’effet sur Joe, qui revit son calvaire en direct live sous des caméras, durant des heures, est terriblement dévastateur…

Pire encore, on s’aperçoit que les deux grimpeurs ne s’aiment en réalité pas du tout, et qu’ils ne se sont quasiment plus reparlé depuis 15 ans. Le second grimpeur dont le nom m’échappe (celui qui n’a pas eu l’accidente t qui a coupé la corde), répond à la question " pourquoi avez vous décidé de venir ici 15 ans apres? " par : " d’abord parce que la production m’a donné un cachet et que ca me fait de l’argent ".

Au fur et a mesure des jours, il n’adresse quasiment plus la parole à son collègue, et repète a la caméra que le drame du Siula grande n’a pas vraiment compté dans sa vie, qu’il a fait plein d autre chjose après, et qu’il n’y prête pas grande attention. Assez inhumain en fait.

Je dois dire que tout cela m’a fait beaucoup réfléchir. Est-ce que ce film valait le coup, alors que son tournage a eu probablement des conséquences importantes sur les deux acteurs, probablement attirés par l’argent? Ca fait un peu " business sur le drame ".

Surtout, que penser du comportement des deux : contrairement à l’histoire officielle, on a l’impression que le drame ne les a absolument pas rapproché mais bien déchirés.

Le grand paradoxe de toute cela, c’est que c’est parce que l’un coupe la corde, l’acte de mort par excellence, que finalement les deux s’en sortent. Pourtant, ce geste aura des conséquences irrémédiables, au delà du calvaire quasi christique en lui même, vécu par Joe.

Voilà, je voulais vous livrer ces quelques réflexions et appréciations, en vous conseillant en tout cas l’achat en DVD de ce film si ce n’est que pour le visionnage de ce bonus, assez déstabilisant mais vraiment intéressant.

Quelqu’un sait, au passage, si cette voie et ce sommet ont été couramment répété par la suite?

Voilà, je m’arrête ici… le boulot m’attend :slight_smile:

Il me semble Simpson parle d’une répétition dans l’un de ses livres (This game of ghosts ou The beckoning silence?). J’ai le vague souvenir que c’était quelqu’un de connu. Lowe peut être (c’est loin, je confonds peut être avec autre chose)?

Il y a eu d’autres ascensions par des voies différentes.

Posté en tant qu’invité par Troll:

j’ai lu « encordé avec des ombres » de Joe simpson et le moins qu’on puisse dire, c’est que sa santé mentale ( avant même l’accident ) ne m’a pas paru flamboyante. Mal dans sa peau, recherche du risque, etc etc

carlos buhler a repris en partie cette voie en 99
simon yates est connu par beaucoup comme « celui qui a coupé la corde », ça n’a pas du être facile à vivre; dans ce bonus j’ai l’impression qu’il reste sur sa réserve et que son discours est plus un blindage qu’autre chose (son bouquin"le dénouement" n’est pas majeur mais vaut le coup d’être lu)
ils étaient plus compagnons de cordée qu’amis avant l’accident et ont eus de vies différentes après
j’aime beaucoup les livres de jo simpson, qui livre ses peurs et ses doutes, parle de la vie, de la mort, on peut s’y retrouver par certains cotés, ça change de la littérature classique ou les auteurs cachent leurs émotions à coups d’envolées lyriques ou viriles
le film est encore mieux si on a lu le livre avant !
Troll, tu vas te faire des copains avec ton commentaire, la santé mentale des alpinistes est un vaste sujet…

Mais c’est glauque cette histoire!

C’est pour ça que j’ai changé d’avis : fini les premières engagées à l’autre bout du monde avec des inconnus…je vais plutôt continuer à faire des bonnes voies Cambon dans les écrins, sans rechercher à faire trop de fric :slight_smile:

Je ne comprend pas, ce n’est pas un acteur qui a tourné la totalité des scènes de montagne ? je croyais que Joe n’apparaissait que dans les séquences interview.

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J’avais vu ce film sur Arte (« Touching the void ») … et dire qu’il finit après plusieurs jours presque à ramper dans les laterines du camps … ce qui le réveille … et lui permet de survivre …

@tdauge : haha… Les calanques, ca compte pas comme « l’étranger », on peut donc toujours envisager d’y aller :wink:

Et sinon, oui, je confirme, ils ont fait tourner des scènes à Joe simpson pour montrer à l’acteur qui jouait son rôle comment ca s était passé et rendre le film plus réaliste.

perso, je trouve ca horrible de lui faire revivre physiquement le calvaire.

J’imagine que Joe n’était pas obligé d’accepter ! S’il l’a fait, c’est bien parce qu’il n’était pas contre.
As-tu des infos prouvant que ça a été horrible pour lui de revivre physiquement le calvaire ?
J’ai l’impression que tu te fais des films…

Posté en tant qu’invité par Troll:

les alpinistes de haut niveau sont tous plus ou moins mégalo, drogués, suicidaires… Mais lui cumule tout, et pas qu’un peu.

Dans son livre, il est

  • alcoolique
  • cocainomane
  • suicidaire ( il a envie de se jeter d’un pont )
  • exposé à plein de dangers plus ou moins recherchés ( chute dans un couloir en Ecosse, avalanche aux Courtes, pendu à un piton dans les Drus, l’histoire du film au Pérou… )

Franchement, ce mec n’a ( n’avait ) pas l’air bien, j’ai rarement ressenti un tel malaise en lisant un bouquin.

Ce qui m’a le plus choqué dans les interviews, c’est l’insistance des interviewers visiblement en quête de parts de marché pour que Yates fasse part de sa culpabilisation, genre ‹ quelle sensation ça fait d’être l’enfoiré qui a coupé la corde ›.
Déjà que ça n’a pas dû être facile à assumer, je comprends qu’il soit resté ‹ sur sa réserve ›.
Finalement, que l’un et l’autre des protagonistes, chacun pour leurs raisons, aient pris leurs distances vis à vis de la ‹ production › me semble normal.

Posté en tant qu’invité par Troll:

un joli article ( en anglais ) sur Yates.

http://www.smh.com.au/articles/2005/02/27/1109439456306.html

Il confirme qu’il n’est pas ami avec Simpson, mais cela ne semble pas spécialement en rapport avec leur aventure.