De l'utilité réelle de l'oxygène pour les gros 8000

Peut-être que ce sujet a été maintes fois débattu (surement ?) mais je ne trouve pas vraiment de réponses.
Attention je parle de réel bénéfice de l’O2 sur le plan des performances physiques hors toutes considérations (éthique, pollution etc…) pour des gros 8000 (genre Everest, K2 etc…)
En effet je pars d’un postulat simple : en montagne,qui plus est au-dessus de 8000m, le poids est l’ennemi du grimpeur.
Même si le poids des bouteilles d’oxygène a baissé c’est quand même une grosse artillerie.
Je me pose donc la question: est-ce que tout le bénéfice apporté par l’oxygène n’est-il pas annulé par le poids de ces mêmes bouteilles (pas lors de la marche d’approche ou ce sont les sherpas qui te la trimbalent mais bien pendant que tu l’utilises-donc que tu l’as sur toi?-)
Y a-t-il, par exemple, un témoignage d’un mec qui a fait genre l’everest avec O2 et ensuite sans O2 (dans les mêmes conditions) et qui a pu comparer ?
En plus j’ai vu qu’un mec qui avait fait l’everest avec O2 étant gêné dans sa vision par le masque (il avait du mal à voir ses pieds)
Y a-t-il des études sérieuses là-dessus (comparaison?)

Il est établi qu’avec de l’O2 (et en fonction du débit utilisé), on évolue à 8000m comme si on était à 6000m.
Pour avoir eu plusieurs expériences d’expés avec acclimatation plus ou moins réussies et plusieurs sommets de plus de 6000m dans des conditions diverses, avec réussites et échecs, quand on séjourne ou progresse au-delà de 6500m (plus haut ça doit être encore plus flagrant), 5kg de plus dans le sac pour simplement avancer, on signerait volontiers !
Je n’ai jamais utilisé d’équipement respiratoire d’O2, mais apparemment ça s’est bien « miniaturisé ».
La haute altitude, c’est merveilleux pour l’égo (avant et après, surtout quand on a réussi !), mais pendant, on en chie grave plus souvent qu’à son tour, même quand il fait beau !

Pour la plupart, le réel bénéfice, c’est juste d’éviter la mort et de nombreux summiters > 8000m sans O2 garderaient des séquelles cérébrales plus ou moins graves, sans compter les accidents mortels à la descente dus sans doute et souvent à une perte de lucidité.

[quote=« Olivier-C., id: 1772459, post:3, topic:157557 »]

Pour la plupart, le réel bénéfice, c’est juste d’éviter la mort et de nombreux summiters > 8000m sans O2 garderaient des séquelles cérébrales plus ou moins graves, sans compter les accidents mortels à la descente dus sans doute et souvent à une perte de lucidité.[/quote]

c’est sur, pour la perte de lucidité je suis totalement d’accord…
Séquelles cérébrales? tu parles du risque d’œdème cérébral?

Anatoly Boukreev (+1997 - Everest sans O2), du temps de son vivant, avait bien résumé la chose dans quelques articles et interviews dont j’ai oublié la base (MM, Vertical ?).
Je n’ai pas lu ses livres mais ce devait être un bête.
De ce que j’en ai retenu, l’O2 c’est bien mais dés que ça disfonctionne, c’est la mort.
Effectivement, on est sous O2 à 8000 et survient un problème.
Que se passe t-il ?
C’est un peu comme un parachute.
Tant qu’il s’ouvre, on peut espérer.
S’il ne peut s’ouvrir, l’issue est assez fatale.

Absolument pas.
Avec Ox, tu descend de 1000m environ (peut être 2000m quand tu ouvres à fond la vanne, mais il te faudra plus de bouteilles qu’un bon sherpa t’aura déposées).

je n’en connais pas, mais à 8000m 80% des gens avec ox (+ bouteille dans sac à dos) vont trois fois plus vite que les gens sans ox.
Avec ox tu peux tenter un 8000m avec un acclim moins longue, qui passerait difficilement sans ox.
Je reprends les phrases de Loretan « avec ox on ne fait pas le sommet, on va au sommet », ou celle de Kammerlander « avec ox, c’est l’équivalent de faire le Tour de France en solex ».

les nouveaux masques/détenteurs évitent cet inconvénient.

Je ne connais aucun summiter de 8000m sans ox « légume » ou avec séquelles moins graves. Mais si tu as des exemples? Messner dit qu’il a perdu des neurones et qu’il s’énerve plus facilement, mais il a fait 25-30 expés sur des 8000m.

Perte de lucidité oui malheureusement, mais il faut avoir comme objectif 1er de revenir vivant, pas de faire le sommet. Facile à dire quand on est pas loin du top.

Posté en tant qu’invité par Or de moi:

Or donc, hors signifie « en dehors de » et n’est donc pas synonyme de « mais »

T’as raisonmin billoute cha cher à l’oxygène, le mieux c de prendre eun’fricadelle :wink:

c’est bon je me suis corrigé… :expressionless:

ah ouais quand même! je ne pensais pas que la différence était si énorme!Pour info c’est ou que t’as vu ça?

Comme l’a justement rappelé plus haut DavidL, avec O2, non seulement tu gagnes physiologiquement jusqu’à 2000m, mais surtout tu gagnes 1 mois d’acclimatation.
Pour les plus de 5000 et plus de 6000m que j’ai pû faire, je n’ai jamais eu plus de 15 jours pour tout boucler (voyage, acclimatation, ascension) ; si j’avais eu le double, j’en aurai bien plus profité, j’aurai eu une meilleure acclimatation et je n’aurai pas « grillé des cartouches » avec des tentatives hasardeuses avec une météo plus que douteuse. Et sur l’un d’entre eux, je n’aurai pas renoncé à quelques longueurs du sommet !
Le « Pékin moyen » qui va en haute altitude avec une agence (ils sont nombreux sur les 8000 et majoritaires sur l’Everest), n’a généralement pas plus d’un mois pour réussir (et le prix est déjà conséquent !). Donc entre l’approche, les navettes vers les camps d’altitude et les aléas météo, il n’y a guère d’alternative, l’O2 s’impose (et se paye … cher).
Lecture conseillée de ce petit fascicule très bien fait et pas cher de l’ARPE.

Posté en tant qu’invité par Or de moi:

Sans rancune, j’espère

Pour en revenir au problème de base, la proportion de O2 dans l’air reste globalement aux alentours de 20% jusqu’à 80 km d’altitude.
Elle suit donc la variation de la pression avec l’altitude.
Au sommet du Mont Blanc, elle n’est plus que 50% de sa teneur au niveau de la mer.
A 6000 m, elle tombe à 45%, à 8000m, 35% et à 8848m, 30%.

Un non athlète qui fait un 800m plat sans entrainement au préalable va vite se retrouver en hypoxie et aura l’impression de ne plus pouvoir avancer… cramé! Très similaire avec en prime le froid, la durée, l’exposition… Le reste a été bien décrit par B.A. et DavidL.

Bonne fin de journée (et bon WE)

Quelqu’un m’a appelé ici ? :cool:

Ok je sors

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perte de neurones oui je pense. et perso au 2ème 8000 j’ai eu des tâches noires dans les yeux (dont une en plein centre, pénible) qui ont duré plus d’un an
et à part ça ox ou pas ox c’est le jour et la nuit, Gabarrou parlait d’une différence de 2000m

manaslu, échantillon de 70 personnes avec, et 10 sans.

Je citais de mémoire un article lu dans une revue médicale, il n’était pas question de légumes mais de lésions pas forcément invalidantes et ne me souviens pas que des noms étaient mentionnés.
A rapprocher de cet article sur l’OCHA:
Chez les personnes ayant séjourné à des altitudes extrêmes sans O2, des effets permanents sur les fonctions cognitives ont été constatés, sans pour autant qu’un OCHA ne se soit déclaré. Ces séquelles ne sont cependant pas perceptibles au quotidien.
http://www.mountainmedicine.ch/index.php/fr/medizinisches-fr/ocha

On peut également faire un parallèle avec les pilotes de chasse qui évoluent à haute altitude:

[quote=« lashemale, id: 1772722, post:14, topic:157557 »]

et perso au 2ème 8000 j’ai eu des tâches noires dans les yeux (dont une en plein centre, pénible) qui ont duré plus d’un an[/quote]

Ah ouais quand même! c’était avec ou sans oxygène?

[quote=« Olivier-C., id: 1772782, post:16, topic:157557 »][/quote]
OK. C’est vrai que tant que ce n’est pas trop perceptible au quotidien, c’est pas trop important (de mon point de vue)
Il est vrai que dans les années 80-90 des gens qui avaient un début d’œdème au sommet avaient de très bonnes chances d’y rester. Depuis que l’hélico népalais ou pakistanais arrive à 7000 voire plus haut, des gens avec de gros œdèmes peuvent être secourus, et là y’aura des lésions.

Posté en tant qu’invité par Hy Poxy:

[quote=« billoutte, id: 1772786, post:17, topic:157557 »]

[quote=« lashemale, id: 1772722, post:14, topic:157557 »]

et perso au 2ème 8000 j’ai eu des tâches noires dans les yeux (dont une en plein centre, pénible) qui ont duré plus d’un an[/quote]

Ah ouais quand même! c’était avec ou sans oxygène?[/quote]
Sans vouloir être trop inquiétant, ce qui est rapporté ici par lashemale ressemble très fort à une cécité corticale.
C’est à dire que ce n’est ni l’oeil, ni la rétine, ni le nerf optique qui déconne, c’est la cervelle derrière qui n’intégre plus les informations. Pour dire les choses simplement : y’a un trou dans le fromage blanc.
Bien sûr, pour avoir une certitude diagnostique, il eût fallu faire au moment les explorations appropriées, et examiner la personne.
La guérison dans l’année correspond à la rééducation du cerveau voisin restant.

C’est le contraire d’une chose bénigne, celà illustre les dégats cérébraux irréversibles (sur le plan anatomique, non sur le plan fonctionnel) de l’hypoxie cérébrale liée à la très haute altitude.

Je me demande à quel prix estiment ceux qui montent là-haut sans oxygène le gramme de leur propre cervelle.

Well… c’est une question intéressante.
Le cerveaux n’est que le support de l’identité, et donc de l’existence elle même.
Du coup ta question peut se résumer à « quelle est la valeur de l’existence de l’individu » ?
ou dit autrement « que donne-t-il de la valeur à l’existence » ?
Multiples réponses à cette question, chaque individu ayant la sienne.