Posté en tant qu’invité par Christophe:
De la légèreté
Il y a quelques années, j’étais tombé sur le bouquin de Mark F. Twight.
http://www.amazon.com/Extreme-Alpinism-Climbing-Light-Fast/dp/0898866545
Les infos datent déjà d’une dizaine d’année et le matériel a évolué depuis. Néanmoins, ses raisonnements restent valables et peuvent s’adresser à tous les pratiquants, du presque débutant à la personne confirmée.
Pourquoi être léger. Tout bêtement parce que l’escalade/alpinisme consiste à s’opposer à une force proportionnelle à votre masse : la pesanteur. Rappelons les fondamentaux : comparer le nombre de traction que vous faites à vide et celui que vous faites avec un sac de 20kg.
Les solutions économiques pour être léger sont le régime et d’aller chier avant de grimper. - Ne rigolez pas, le caca du matin fait le bonheur de pèlerin et ce n’est pas toujours chose facile en se levant à 1h.
Question matériel :
- C’est avant tout un état d’esprit qui doit être intégré dans chaque achat.
- C’est une entreprise de longue halène qui nécessite de savoir prendre son temps. Du fait d’une méconnaissance, de contraires financières et de temps, un débutant achète généralement du matériel lourd. L’allégement de son sac s’intègre plutôt dans une optique de renouvellement du matériel.
- Ne pas croire le marketing des marques payé pour vous vendre du matériel qui ne correspond pas à vos besoins. Les gadgets et autres renforts pèsent lourd.
- Vérifiez. Beaucoup de fabricants trichent sur poids du matériel. Achetez une balance, commencez par peser votre matériel et vous comprendrez que le light est une notion marketing très relative.
Ayez une approche globale : - Evaluer globalement le poids des vêtements. Il ne s’agit pas, de prendre ou de ne pas prendre un gore-tex, mais de savoir qu’elle poids de vêtements permet de passer dans une course donnée avec une météo donnée. Une quantification du poids des vêtements permet de rationaliser son choix.
- Evaluer le poids du matériel sur l’ensemble de la cordée. Un piolet pour 2, une paire de crampon pour 2, 1 paire de chausson pour 2 etc… peuvent suffire dans certaines courses. Idem pour les vêtements (une doudoune pour 2, un sac de couchage pour 2 etc…)
- Ayez l’esprit ouvert. A quoi peut bien servir un goretex en hiver quand les précipitations sont sous forme de neige.
- Supprimez du matériel inutile ou remplacez le par autre chose nettement plus léger. Exemple : shunt, poignée jumar, poulie etc… Sauf à hisser les sacs, un prussik remplace aisément ce type de matériel, au pire un ti-bloc. La vraie question n’est jamais de prendre ou de ne pas prendre un matériel mais d’optimiser le matériel emmené pour un poids donné. Un bon sac de montagne est un sac auquel on ne peut rien enlever.
- Le matériel nécessaire est uniquement celui que vous avez besoin pour la course dans la partie difficile. C’est une évidence. Mais, nombreux sont les objets de « conforts » montés pour le refuge et l’approche. Le sac de 45l permet de porter confortablement le matériel durant l’approche mais est totalement inutile dans la plupart des voies où il sera quasiment vide. N’hésitez pas à envisager un sac pour 2. Cela peut permettre d’économiser 1kg pour la cordée. Sauf exception, un sac de 35l est suffisant pour la plupart des courses classiques, même avec bivouac.
Ne croyez pas au Père Noël. L’allégement s’effectue généralement au détriment d’une autre caractéristique technique. A vous de définir votre cahier des charges pour savoir si votre pratique est compatible avec la réduction d’une de ces caractéristiques.
- Longévité : arrêtez de penser que votre matos doit durer toute votre vie. Bien souvent la couleur de votre gore-tex sera passé de mode bien avant que vous l’ayez troué.
- Résistance : à quoi peut bien servir une veste indestructible qui reste au fond du sac ou à la maison. En France, en été et avec météo France, la grimpe sous la pluie reste le domaine de l’exceptionnel. Si pleut réellement, vous n’avez rien à faire en Montagne et il est préférable de rentrer chez soi.
- Ergonomie : c’est bien mais souvent cela conduit à des gadgets pesant lourd. En montagne, le plus simple est souvent le meilleur et le plus léger.
Pour avoir du matos légers sans exploser le budget à long terme, il est préférable de conserver le matos lourd pour les sorties ne nécessitant pas la légèreté. Vous économisez le matos léger pour les sorties ou le poids est un paramètre important de réussite. Cela concerne les vêtements, le matos dur (quincaillerie) et le matos mou (cordes, sangles).
Légèreté et sécurité.
Le premier élément de sécurité en montagne est la rapidité. Plus vous passez de temps en montagne, plus vous êtes exposé au danger. Les probabilités d’être touché par une chute de pierre, de sérac ou d’un changement de météo sont proportionnelles au temps passé en montagne. Etre léger permet d’être rapide et contribue donc à la sécurité.
Néanmoins, être léger signifie que vous n’êtes pas équipés pour bivouaquer ou pour un changement soudain de météo. Cela signifie que vous êtes dans une logique de Blitz : la sécurité provient du mouvement et de votre rapidité. Vous devez avancez et tenir votre horaire. Si ce n’est pas le cas, si la météo semble plus mauvaise que prévu, ou en cas de problème, vous redescendez immédiatement. La montre et sa consultation sont des éléments indispensables pour être light. Si vous êtes light, vous devez savoir renoncer et rebroussez chemin. Si vous avez passé le point de non-retour et que la météo bascule, il n’y a plus qu’à continuer à avancer et assumer sa légèreté.
Etre suréquipés de matériels permettant d’aller sur la lune conduit bien souvent à poursuivre alors que les conditions sont mauvaises. Ne vous faites pas d’illusion, à moins de prendre du matériel d’expédition, vous ne tiendriez pas beaucoup plus longtemps en étant lourd. Par ailleurs, ce matériel ne réduira jamais les chutes de pierres et autres objets se produisant durant le mauvais temps. Soyez light, avancer et rester exposé un minimum de temps au danger.