Créer des cairns virtuels pour s'orienter: les POI

La navigation par gps peut se révéler très pratique en montagne, surtout en terrain compliqué. Il suffit d’enregistrer une trace gpx sur son portable (quand elle existe) dans un logiciel de navigation, et la suivre. C’est pratique mais est-ce bien si sûr que ça ?

Suivre une trace gpx consomme énormément de batterie, et il peut bien arriver que son portable s’éteigne brutalement. Que faire alors ?

C’est là qu’entre en jeu une petite astuce: combiner portable et boussole, en créant des cairns virtuels, les POI.

L’avantage est qu’ils sont sûrs et consomment une quantité infime de batterie.

J’ai commencé ma dernière course avec une batterie à 100% et l’ai terminée à 90%.

Pré-requis: un portable avec logiciel de navigation (j’utilise Viewranger), et une boussole (et savoir s’en servir). Altimètre accessoire.

Le fond de cartes est indifférent, la navigation se fait essentiellement par azimuths.

L’utilité est évidente en cas de montée brusque de brouillard, mais même par beau temps on peut, au moment de redescendre, se poser la question: mais par où je suis monté ? Cette question est cruciale quand on se trouve dans un système de barres rocheuses complexes, entrecoupées de couloirs praticables.

Je prends comme exemple la montée sur un sommet secondaire sur le versant espagnol du col de Pourtalet (Pyrénées). Voir capture d’écran. Le terrain alterne pentes d’herbe accueillantes et falaises de calcaire très inclinées voire infranchissables. Par beau temps il est facile de zigzaguer entre ces barres, à la montée. Mais à la descente ? Le terrain a complètement changé d’aspect. Ca peut être très compliqué et le risque de se perdre est élevé.

Procédure:

Faire un fix gps et poser un 1er poi au départ. Monter à vue. Au premier couloir rencontré, qui semble praticable mais implique un changement de direction faire un second fix gps et poser un second poi: c’est un cairn. Sélectionner le 1er poi et demander à le rejoindre (ou le viser à la boussole). Une information primordiale s’affiche: le cap boussole.

Le retenir. Viser à la boussole le cap à suivre pour la suite de la montée. Le retenir aussi. Editer les informations du poi en indiquant les 2 caps boussole, en ayant en tête le sens de la descente.Par exemple: virage gauche 150º>20º. Ce premier cairn vous indique alors qu’arrivé à lui (à la descente) il faut changer de cap, de 150º à 20º, cap que l’on suivra ensuite à la boussole. On peut compléter ces infos par des indications du type: arbre, source, gros rocher, etc.

On procède ainsi en posant ses cairns au fur et à mesure, à chaque changement de cap: fix gps, pose de poi, notation des 2 caps.

A la descente on ira ainsi de cairn en cairn (de poi en poi), en lisant les informations de changement de cap qu’on aura notées à la montée, et que l’on suivra à la boussole. Le gps est alors inutile, sinon de temps en temps pour vérifier sa position (fix).

Ca a l’air compliqué mais ça ne l’est pas. On s’y retrouve vite sur le terrain pour peu qu’on aie l’habitude de la boussole.

Vérifié hier. Infaillible. Batterie à l’arrivée à 90%. Pas de trace gpx à suivre.

C’est intéressant. Mais de ce que j’ai compris c’est juste pour sauvegarder un peu de batterie du téléphone ?
Pas mal de téléphones ont maintenant une batterie qui dure très longtemps. Avec mon dernier (enfin celui de ma femme) pas de soucis pour enregistrer la trace même sur 16 heures. Egalement les powerbanks coûtent pas bien cher .

Bonsoir,

Pour avoir tenté de passer dans le brouillard par un itinéraire dont j’avais enregistré la trace dans mon Gps, j’ai dû renoncer : la précision n’est pas suffisante à proximité des barres rocheuses, je n’ai pas pu retrouver le passage que j’avais utilisé la fois précédente. Et pourtant, j’avais la trace complète et la batterie chargée, pas juste des POI et le stress d’une batterie presque vide.

Bernard

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Bonsoir,
Ce n’est pas trop long en pratique ? Si j’ai bien compris, cette méthode ne nécessite pas de GPS, non ? On peut tout faire avec une boussole et un carnet pour noter les azimuts.

Avec un peu de pratique c’est très rapide. Ça combine le meilleur des 2 mondes: savoir où on est avec un fix gps (sans avoir à faire une laborieuse triangulation), et tirer parti de la supériorité de la boussole sur le gps: elle ne touche pas à la batterie. En cas de doute on peut aussi (quand on est proche) savoir à quelle distance on est de ce cairn virtuel et le rejoindre via son portable. Le tout avec une consommation minime, surtout quand la batterie est au bout de ses forces (et qu’on ne s’est pas surchargé d’une power bank). J’ai une confiance limitée dans les portables en montagne, mais absolue dans ma boussole, qui m’a plus d’une fois tiré d’une situation critique. En cas de doute on peut aussi employer la technique de l’erreur volontaire (mais là il faut aussi un altimètre): viser un cap un peu à droite ou à gauche de ce cairn virtuel, puis, arrivé à son altitude, suivre son niveau à l’altimètre jusqu’à l’atteindre. Utilisé maintes fois, ça marche à tout les coups (brouillard, tempête de neige, etc). Le tout est de garder son sang-froid et faire confiance aux instruments plutôt qu’au portable. Observation et expérience sont la clef ici. Encore une fois suivre une trace gpx consomme beaucoup d’énergie, mieux utilisée à faire des photos par exemple.

On constate qu’en quelques années les gens ont bien progressé en suivi de trace GPX, ils s’aventurent de plus en plus loin même sans expérience montagne. Cependant en terrain compliqué le virtuel n’explique soudainement plus rien et la trace échappe à la plupart des randonneurs_suiveurs ! A cet instant de doute « l’expérience de lecture du terrain », la « capacité à s’orienter », l’esprit critique et d’analyse, en bref la jugeotte prennent le relais, doivent impérativement prendre le relais !

PS : dans le doute pas de doute

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Je n’ai tellement rien compris que j’ai l’impression que ça ne nécessite pas de gps. Tu ne serais pas en train e réinventé la technique classique de la marche à l’azimut (pas possible sur tous les terrains). C’est quoi un POI ? J’utilise très rarement le GPS, jamais je n’enregistre de trace et je me contente d’allumer le mode position du portable au moment où j’en ai vraiment besoin pour l’éteindre juste après.

@pasOcalp.
Ce qui épuise la batterie d’un smartphone, c’est d’allumer l’écran.
Créer des POI (ce qu’on appelle plutôt des waypoints ou points navigables ou de cheminement ) peut se faire à la maison ou sur le terrain. Si on les relie, on obtient une trace simplifiée (une route) avec à tout moment distance et cap à suivre vers le point suivant. Oui, suivre un cap à la boussole dans le brouillard permet de moins regarder l’écran. Encore faut-il que les points aient été judicieusement placés, c’est à dire que tu dois pouvoir aller de l’un à l’autre en ligne droite.

@lipsum.
Ce que propose @pasOcalp, n’est pas de se passer du GPS mais de regarder moins souvent son écran en se servant de sa boussole. Ce que devrait savoir faire un randonneur autonome. Rien à noter dans un carnet. Toutes les applications permettent d’obtenir cap et distance (navigate to…) vers un « POI ».

@anon11618315
Tout à fait d’accord.

POI = point of interest : marqueur de position isolée

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Ok, ce que tu appelles POI ce sont les waypoints. Après tout dépend de quels wp tu parles, il en existe au moins 3 sortes sur ViewRanger mais c’est une autre histoire.

Ce dont tu parles c’est d’aller d’un wp à l’autre à l’aide d’une boussole en marchant à l’azimut mais ça c’est une méthode banale, quasi indispensable en milieu avalancheux quand le gps ou le téléphone doivent rester éteints ou du moins dans le sac, éloigné du DVA

Tout à fait d’accord avec ça et c’est probablement le défaut majeur de l’utilisation courante du GPS pour s’orienter : ça réduit clairement son sens de l’orientation et de lecture du terrain, et c’est un accro de la nav électronique qui vous le dit :slight_smile:
J’ai le souvenir de m’être fait guider à ski vers un « trou de souris » que je ne trouvais pas au GPS par quelqu’un qui n’en utilise presque jamais : il n’y avait rien de sorcier il avait plus de facilité que moi à deviner le sentier (qui était sous 30cm de neige)
Mais il faut beaucoup de temps de pratique pour acquérir ce sens de la lecture du terrain et ça n’est pas donné à tout le monde… A mon idée, plus de gens se perdaient en montagne ou en rando avant l’arrivée du GPS. Pour moi les avantages sont quand même nettement supérieurs aux inconvénients.

L’autre risque majeur c’est de trop faire confiance à son GPS sans intégrer que la position peut être décalée de 30-50m, il faut en permanence vérifier la cohérence de la position, et ne pas hésiter à renoncer comme on le faisait probablement plus facilement avant les GPS.

Pour la terminologie, un peu de précision ne nuit pas :

  • Point Of Interest = point « remarquable » = une croix, un sommet, un col,… qui figure sur la carte (en général)
  • Waypoint = point de passage : point arbitraire qu’on se fixe et par lequel on a convenu de passer (qui peut être juste une position sans rien de « remarquable »)
    Un waypoint peut être un POI… ou pas
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Et à l’inverse pour bien utiliser son GPS il faut l’utiliser régulièrement d’où le problème pour maitriser les 2 méthodes (tradi et gps). Surtout que finalement on n’a pas l’occasion de faire un peu d’orientation à chaque sortie, souvent c’est évident, ou c’est bien balisé, ou on connait…

Sinon je suis un peu dubitatif sur la « méthode » exposée.
Ca n’a d’intérêt que si on a besoin d’économiser de la batterie ( donc en itinérance sans possibilité de charger tous les jours ou tous les deux jours) ET qu’on manque de visibilité.

Perso dans les passages tendus; si je n’arrive pas à m’orienter à vue (ce qui est quand même le plus simple et le plus sûr !), je préfère me repérer par rapport à une trace : soit ma trace de montée si on est sur le retour, soit une trace préparée avant.
Et en ayant bien repéré les passages critiques.
Et tant pis si ça bouffe un peu de batterie, ces passages tendus sont quand même relativement courts sur une rando, il y aura vraisemblablement de longs passages dans la journée où le GPS sera inutile et pourra être coupé.

Le suivi à l’azimut c’est bien en terrain à peu près dégagé et plutôt plat, si le parcours est tortueux et accidenté on a vite fait de se trouver décalé et ça n’offre plus aucune garantie.

Ce que j’utilise souvent sur Oruxmaps c’est l’outil de visée qui donne instantanément le cap et la distance d’un point qu’on vise, et qu’on peut visualiser sur le terrain en orientant le smartphone comme une boussole (à l’aide d’un petit « cône » jaune qui s’affiche sur l’écran) Ca permet de s’assurer qu’on part bien dans la bonne direction sans avoir besoin de sortir la boussole.

je suis d’accord que des fois, il peut y avoir 15m de décalage. Vers des barres rocheuses ça peut être trop…

À noter que sur les téléphones, il y a également une boussole :wink:

Ce qui me gène avec ta méthode est qu’il me semble qu’elle augmente potentiellement la prise de risque.
La méthode semble complexe à utiliser donc en cas de beau temps tu vas pas t’emmerder à le faire. Par contre tu vas le faire en cas de risque de brouillard. Mais dans ce cas, y serais-tu allé sans ton téléphone ?
Est-ce que tu ne te dis pas « Y’a du brouillard, ça crains, mais avec ma méthode téléphone/boussole/POI ça devrait passer crème ».
Ça reviendrait au même que d’utiliser par exemple un sac airbag en cas de risque d’avalanche alors que tu n’y serais pas allé sans. Une sécurité supplémentaire qui augmente la prise de risque.

J’ai regardé sur Outdooractive, qui remplace viewranger, je ne vois pas de cap boussole…

C’est ce que je disais plus haut, la marche à l’azimut n’est pas souvent possible.

Ca c’est bien
https://www.decathlon.fr/p/boussole-plaquette-de-randonnee-et-course-d-orientation-explorer-500-orange/_/R-p-303520?mc=8518776&gclid=CjwKCAjwx8iIBhBwEiwA2quaqxbcfTWzYRq_tB-b7DWQ5wA38l_bejDmG-yVIEbaDacjssBsptDlchoCUCAQAvD_BwE

Je ne pensais pas que ce post puisse susciter autant de réactions. C’est une bonne chose, si ça peut contribuer à améliorer la sécurité en montagne, et à informer sur les différents moyens de s’orienter .

Ce que j’ai proposé n’est pas LA méthode, mais un moyen, parmi d’autres, de s’orienter. Il en existe sans doute de meilleurs, mais c’est un truc que j’ai trouvé, à l’usage, et qui me convient.

Il m’est venu à l’esprit après la mésaventure suivante: après avoir fait 2-3 photos et remis mon portable dans ma poche, je l’ai ressorti pour faire un fix gps et, horreur, la batterie était à 5%. C’est que l’appareil s’était mis en mode video et filmait ma poche depuis plusieurs heures.

Ca m’a donné à réfléchir…

Je pense que que l’orientation par gps vs altimètre/boussole ne constitue pas une évolution du 1er par rapport au second, mais sont complémentaires, avec avantage au second par rapport au 1er en cas de défaillance de celui-ci (cf ma récente mésaventure).

Je précise que j’ai eu recours à cette méthode par beau temps. En me retournant pour la descente, toutes les perspectives avaient complètement changé: je ne voyais plus que des pentes herbeuses uniformément tentantes, mais dont certaines se terminaient par des falaises abruptes. Heureusement que j’avais placé mes POI/cairns.

En tout cas rien ne remplace l’expérience et l’observation du terrain (en levant le nez de son portable), ainsi que le réflexe acquis au fil des années de faire en quelque sorte des “photographies mentales” des environnements traversés.

Sur le chapitre de la sécurité il existe une initiative espagnole, qui date de plusieurs années déjà et commence à faire son chemin en France (le sujet a dû être traité ailleurs sur le forum). Il s’agit d’utiliser un talkie-walkie réglé sur le canal 7-7. S’il y a du monde à proximité, et équipé aussi, ça peut être bien utile, voire vital.

Plus d’information ici (en espagnol): http://www.canal77pmr.com.

Un autre site précieux (en espagnol aussi), montaña segura: https://montanasegura.com

Tous les commentaires, contestations, apport d’informations, etc, sont les bienvenus.

:wink:
quelques euros, +/- 120 g
Charge le portable, l’appareil photo, et le talky sur le canal 7-7

Pour le talky, je le prends maintenant systématiquement. À noter qu’il existe un mode surveillance sur les talky (tu as ton canal de discussion habituel, et tu surveilles le canal 7-7)

Merci, ma remarque concernant l’interface du logiciel…