CR, alpinisme et histoire

bonjour,
petit sujet pour avoir vos retours sur des patterns que je lis très fréquemment sur des posts (réseaux sociaux & Camp2camp) de sortie en montagne, en particulier sur les voies historiques et les grandes classiques, une référence à son passé. Par exemple, on retrouve très souvent les mentions du type, « chapeau aux anciens !! » ou encore « quelle audace cette première en telle année alors qu’ils grimpaient en chaussure à clous et sans coinceurs… » etc…

Je me demande ainsi, qu’est ce que cela signifie pour vous, contributeurs partageant (ou non) vos sorties, ce lien à l’histoire d’une voie ? est ce que cela vous permet-il de vous intégrer dans l’historique de cette voie, de vous situer par rapports aux ouvreurs ( qui la plupart du temps faisaient parties de l’élite de l’époque) ou alors simplement une volonté de partager une anecdote historique?

C’est curieux comment la montagne (dans l’ensemble de ses activités) est imprégnée par une culture historique (on est attentifs à la date d’ouverture d’une voie, à ses ouvreurs, à l’évolution des techniques, du matériels, aux récits des « grands alpinistes ») mais que bien trop souvent ces allusions sont erronées, anachroniques voire fantasques.

Je ne vois pas en quoi les mentions (patterns… :innocent:) du type «chapeau aux anciens !! » ou encore «quelle audace cette première en telle année alors qu’ils grimpaient en chaussure à clous et sans coinceurs… » sont « erronées, anachroniques voire fantasques »…

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c’est pas vraiment ça;
je me demande surtout pourquoi alors qu’on fait souvent références au caractère historique des voies sans pour autant s’intéresser de plus près à son histoire ( en exemple les erreurs souvent commises)

Je pense qu’effectivement, une fois arrivés en haut, ou sortie des difficultés, les grimpeurs moderne regardent ses friends, ses cordes longues et souples et dynamiques, ses chaussons adhérents et ses vêtements chauds et se rendent compte que ça change un peu la donne. Et en plus, ils sont des repetiteurs, avec moultes informations sur la voie en question, et ils ont accès à une belle salle tout près de la maison, etc. etc.

Ce n’est qu’une simple prise de conscience de l’impacte du matos et des techniques moderne sur la difficulté ressentie. Je ne sais pas à quel point le grimpeur lambda est « vraiment » intéréssé à l’histoire d’une voie d’escalade.

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Je ne comprends pas ce que tu veux dire

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Sur quoi par exemple ? Parce que sinon je suis comme @Francois je ne comprends pas ce que tu veux dire.

L’alpiniste baigne dans une ambiance historique. Une répétition est … une répétition, renvoie forcément au passé et à l’histoire. Sans parler de la dimension épique des explorations montagnardes. Donc chacun possède une connaissance plus ou moins vague et fragmentée de l’histoire de l’alpinisme, au travers des anecdotes, des récits ou des topos, sans pour autant ne s’y être jamais intéressé sérieusement. Ce qui entraine obligatoirement des erreurs et des confusions.
Ce n’est pas une tare ! Au contraire, ça montre bien que, même sans le chercher, cette dimension historique est présente dans tout alpiniste.

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Sans vouloir chercher la petite bête, c’est le cas de n’importe quelle activité.

Prétérition ?

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Non je ne trouve pas. Le lien est bien plus fort en montagne, car se laisse guider par les pionniers. S’il est allé à droite, on y va. Même si depuis il y a un autre grimpeur qui est allé tout droit… on fait la voie de X , et pas celle de Y.
On choisit même certaines voies en fonction des ouvreurs. Ce n’est clairement pas le cas dans les sports co, tu joues avec les copains sans suivre les pas de Zidane.
En vélo, si je fais l’alpe d’huez ce n’est pas grâce à hinault ( meme si je peux penser à lui).

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Même quand on est spectateur assidu (je ne le suis pas) on garde souvent une connaissance des joueurs qui étaient actifs depuis qu’on était petit, ou depuis qu’on s’intéresse à tel ou tel sport. On a assez peu de connaissances de ce qu’il se passait avant qu’on était né, par exemple, alors que j’ai lu l’autobiography de Terray, Destivelle et tout un tas d’autres qui avaient fini leurs carrières avant que j’étais né.

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Tout pareil que @rufus97.
Je pratique encore le rugby, et si je ne me suis jamais pris pour les grands anciens de ce jeu, leurs carrières, matchs et hauts faits constituent une grande histoire dont je suis une infime et minuscule partie.
Pareil en montagne; sans même penser aux grandes ascensions, parcourir des arêtes un peu paumées sur les traces d’historiques devanciers à la fin du XIXème siècle, avec une montagne quasi-identique, c’est assurer une très modeste continuité (au début des années 80, les Ravier sont ainsi tombés sur une carte laissée par Henri Brulle sur une pointe du massif des Posets; la matérialisation d’une filiation, même lointaine, mais avec ô combien de résonance et de symbolique…)

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Une raison au caractère important de l’historique en l’alpinisme qui me semble évidente, est que, contrairement à la majorité des autres sports, c’est une discipline qui implique une dimension de vie et non seulement de loisir ou de performance.
Même en pratique amateur de niveau modeste, l’activité oblige à consacrer du temps ( deux jours en général pour une course ), aussi bien au niveau de la pratique en elle-même que de la préparation. Et ça impacte la vie du pratiquant ( ne serait-ce qu’au niveau de la gestion familiale ).
Il y a aussi la dimension de la cordée, qui implique ( souvent ) un lien fort et durable, à mon avis plus fort que le lien d’équipe en sports collectifs ( même au rugby où les liens sont également forts, je le sais pour avoir pratiqué ).
Et il y a bien entendu la notion d’engagement, si on y risque sa vie ( sans entrer dans le sensationnalisme ), la pratique n’est pas un simple loisir ou entretien physique, elle revêt un caractère existentiel.

Tout ceci participe à faire de l’alpinisme une activité à part ( mais la voile doit être un peu du même type, avec ses différences ), avec une relation forte aux précurseurs, pour les raisons évoquées plus haut.
Donc une envie de connaitre son histoire, comme on a envie de connaitre l’histoire de son pays, de sa région, ou de sa famille. C’est particulièrement vrai pour moi qui ne suis absolument pas intéressée par l’histoire, quelle qu’elle soit, mais néanmoins curieuse de celle de quelques grandes figures montagnardes ou ascensions.

Il y a surtout une notion de première.

Oui, c’est clair que la première est un fait marquant dans l’historique d’une voie ou d’un sommet.
Et c’est en effet souvent le seul qui est retenu.

Il s’agit principalement de respecter l’héritage selon moi.
Ces voies ont été ouvertes avec du matériel bien moins sophistiqué qu’aujourd’hui, en prenant souvent beaucoup de risques. Et au delà du fait que c’était l’élite de l’époque, c’était des ascensions extrêmement osées qui montraient un engagement total. Peu d’ascensions modernes ont des niveaux d’engagement similaires aux ascensions du siècle dernier. Et bien qu’ouvrir des voies de libre en 8 aux Drus soit impressionnant et honorable, en faire la première ascension avec une corde en chanvre n’a strictement rien à voir et mérite d’être rappelé.

Ca me semble donc être un minimum de leur tirer notre chapeau, même à titre posthume, d’avoir eu le courage de se lancer dans ses ascensions et surtout, surtout, de nous avoir ouvert la voie. Cette notion d’ouverture est extrêmement importante, car si ce n’est pas ouvert, 90% des pratiquants n’y vont pas. Donc si aujourd’hui on accepte de se lancer dans la Ula avec deux racks de camalots (ou totem c’est quand même vachement mieux) c’est en partie grâce aux anciens, qui ont ouvert la voie, et participé au développement de l’escalade jusqu’à la forme qu’elle a aujourd’hui : l’escalade moderne.

L’histoire de l’escalade et les premières ascensions ont façonné ce qu’est l’escalade aujourd’hui, donc oui penser aux anciens et leur tirer notre chapeau est normal et permet de se rappeler pourquoi maintenant on a deux jeux de camalots.
Cela permet de se rendre compte des valeurs de ces anciens alpinistes/grimpeurs et de penser à un concept très important de nos activités : l’engagement. Et il doit être salué car sans cet engagement, l’escalade ne serait pas ce qu’elle est maintenant.

Pour ce qui est de l’anachronisme ou du fantasque, même si certaines anecdotes ont quelques erreurs, tu exagères un peu sur ce point. Et quand on fait écho à une ascension on prêtant attention à la date, quand bien même celle ci serait fausse de quelques années, le message reste le même.

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Tout à fait d’accord c’est ce que je voulais dire. Si je vais dans cette voie, c’est grâce à l’ouvreur donc forcément je pense à lui.
Quand je joue au foot ou que je fais du vélo, c’est pas grâce à Zidane ou hinault. Plutôt grâce aux ouvriers qui ont construit le stade où la route…

Évidemment il y’a des aspects historiques dans les autres sports : on se souviens de hinault dans la neige à Liège par exemple, mais c’est anecdotique. La seule comparaison dans les autres sports que je percois c’est quand un sportif à créé un geste technique que l’on reproduit.
On fait une panenka, une madjer, on saute à la fosbury. Mais c’est tout…

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