Posté en tant qu’invité par Lionel Tassan:
Je lance un débat sur les cotations ski.
Nous utilisons de manière générale et dans ce site, les cotations habituelles avec les mêmes sigles que pour l’alpinisme.
En rocher et en neige, A PIED, il me semble qu’il est normal de garder le même système. On se déplace avec nos membres (certes parfois additionnés à des engins metalliques) mais les mouvements se ressemblent.
En ski, c’est notablement différent. Il faut tenir sur des planches. Des skieurs de compétition sont nuls en escalade et se doivent un gros apprentissage pour la pratiquer. De même, de forts grimpeurs ne tiennent pas sur des skis.
Enfin, à skis, la corde est dans le sac à la descente (si elle existe).
Il me semble donc qu’un système universel de cotations propre au ski devrait être mis en place. D’autre part, cela éviterait également des confusions car, avec le système actuel à de rares exceptions près, on est à deux degrés au-dessus pour une même pente à skier par rapport à la cotation de montée. En effet, on commence à côter une pente en alpinisme à partir de 35° en moyenne (sauf glaciers qui le sont automatiquement car des compétences de simples randonneurs ne suffisent pas). Hors à ski, c’est à partir de 35° que l’on attaque des choses un peu sérieuses. En dessous, il existe déjà deux niveaux dont un niveau initiation.
Récemment sur skirando, le couloir est du Grand Sorbier en Belledonne a été côté PD. Hors, ceci est la cotation de sa REMONTEE. A ski, sa descente est déja dans la catégorie D, pentes raides. L’auteur le sait bien puisqu’il affine sa cotation par une inclinaison de 45° pour ce couloir. Pourtant la cotation est fausse et peut y entraîner des personnes n’ayant pas le niveau requis, même si, ici, le parcours en boucle va tout de suite permettre au néophyte de renoncer une fois au sommet du couloir.
Alors, quelles cotations ?
Dans sa collection Toponeige, V. Shahshahani propose un système pour le ski. (Je n’ai pas de droits sur les recettes de ces ouvrages, si j’en parle, c’est parce qu’il me semble que les cotations proposées sont actuellement les meilleures que l’on ait trouvé).
Volodia Shahshahani propose une cotation en cinq degrés … et demi. Je m’explique :
Niveau 1 (1.1, 1.2, 1.3) : sorties d’initiation (avec en plus un dénivelé <800m). Exemple classique : Les Vans depuis Chamrousse (1.2)
Niveau 2 (2.1, 2.2, 2.3) : sorties « relativement faciles », pentes dépassant rarement les 35° sauf sur une (très) courte portion. Exemple : Croix de Belledonne normale (2.3)
Niveau 3 (3.1, 3.2, 3.3) : pentes plus raides (35-40°) avec passages courts jusqu’à 45° : c’est le ski alpinisme. Exemple : Dôme des Ecrins voie normale (3.2)
Niveau 4 (4.1, 4.2, 4.3) : pentes raides (40-45° soutenus, passages jusqu’à 50° voire un peu plus mais très courts). Exemple : Calotte des Agneaux (4.3)
Niveau 5, première partie (5.1, 5.2, 5.3) : porte d’entrée du ski extrème. Pentes longues soutenues à 45-50°, passages à 55°. Exemple : NE des Courtes (5.2)
Niveau 5, deuxième partie (5.4, 5.5, 5.6) : ski extrème. 50-55° soutenus. Passages extrèmes. Exemple : les Corridors à la Meije (5.4)
De plus, on skie normalement sans corde (c’est pas le but), ce qui fait que l’exposition d’un passage est à prendre en considération. Volodia propose un système en quatre divisions, allant de E1 (faible exposition) à E4, exposition extrême, sachant que l’inclinaison de la pente n’entre pas en compte. C’est le risque d’envol au-dessus de barres et de percussion de rochers qui dicte la cotation. Il est évident qu’une chute dans une pente à 35° en E4 pourra avoir les mêmes (très graves) conséquences qu’une chute dans du 55° expo E1.
Enfin, il semble intéressant d’affiner tout ça par la cotation classique alpinisme à la montée. C’est essentiel dans le cas d’un circuit en boucle.
Pour résumer, tout itinéraire pourrait être côté comme suit :
cotation ski/exposition/cotation montée
Exemple : le Dôme des Ecrins classique depuis la Vallouise : 3.2/E2/F.
Pour clore le tout, une rubrique “pente”, en DEGRES D’INCLINAISON donnerait des indications supplémentaires. Cela est préférable aux habituels S3, S4… Quarante degrés, c’est pour tout le monde. La cotation en S, je ne suis pas sur qu’elle soit claire pour tous. Dans différents ouvrages spécialisés, on trouve des incohérences là-dessus.
On a inové en glace, pourquoi pas en ski, surtout que ça s’impose !
Qu’en pensez-vous ?
Ce système pourrait par ailleurs être mis en place sur skirando, la principale difficulté consistant à mettre tout le monde au clair sur celui-ci.
Bonne saison à tous.
A+