Posté en tant qu’invité par Michel:
emmanuel a écrit:
Assurer deux seconds dans ces voies, c’est pas facile voire
même dangereux. Un guide peut se le permettre, moi je ne le
ferai en aucun cas, c’est trop con d’embarquer toute une cordée
parce que quelqu’un a trébuché.
Tu poses là la question essentielle : « à quoi sert-il d’être encordés, si c’est pour que toute la cordée se retrouve sur le glacier ». Si on ne peut s’assurer correctement, il vaut largement mieux se décorder et cheminer chacun pour soi. Admettons donc que l’encordement sert à retenir l’un des membres de la cordée qui chute.
Je ne pense pas que les techniques des guides soient transposables directement au montagnard moyen comme moi, notamment lors de la progression dynamique :
- le guide assure le client moins adroit que lui ; l’assurage exclut le cas de figure du guide qui tombe.
- le guide « accepte » un risque professionnel assumé pour progresser vite (il est arrivé que des cordées avec guide dévissent).
C’est pourquoi je n’utilise jamais (ou exceptionnellement) l’assurage à corde tendue à 4 metres en rocher, méthode que tous les guides utilisent au début de l’ascension du Gd Pic de la Meije, au Cervin… Cette méthode ne pardonne pas la chute du leader.
Alors comment concilier rapidité et sécurité dans du terrain « facile ». La technique consiste à évaluer la distance probable des points d’assurage et à fixer l’encordement au double de cette distance : on peut ainsi avoir toujours entre 1 et 2 points entre les membres de la cordée. La progression a alors lieu à corde tendue avec 15, 20 ou 30 m de corde. Sur une arete, il en va de meme mais on fait passer la corde d’un coté et de l’autre en sorte que si l’un tombe d’un coté, l’autre puisse l’assurer à partir de l’autre coté : ceci nécessite d’avoir pas mal de corde sortie, soit 25m par exemple.
Quand on arrive sur un glacier plat crevassé (col du Dome), il va alors falloir raccourcir l’encordement pour disposer de 15m environ entre membres de la cordée.
Dans ces conditions, on ne va pas moins vite à 3 qu’à 2. Le seul cas où la cordée de 3 est pénalisée c’est la descente en rappel où le temps est multiplié par… disons 1,2.
Avez vous d’autres techniques ?
Michel,
[%sig%]